Pour Fidel Castro, le président Obama ne parviendra probablement pas à mener à son terme sa tentative de refaçonner l’image des États-unis. En premier lieu parce qu’il a hérité du mensonge du 11-Septembre et des crimes de l’administration Bush. En second lieu parce qu’il rencontre une violente opposition intérieure de la part d’une extrême droite incapable de la moindre concession au risque de mettre l’Empire en danger. En définitive, cette tension pourrait n’avoir d’autre solution que l’éviction prématurée de Barack Obama.
J’ai lu avec étonnement ce week-end les dépêches de presse concernant la politique intérieure des États-Unis : elles reflètent de toute évidence l’usure systématique de l’influence du président Barack Obama, dont la surprenante victoire électorale n’aurait pas été possible sans la profonde crise politique et économique de son pays : les soldats morts ou blessés en Irak, le scandale des tortures et des prisons secrètes, les pertes de logements et d’emploi, tout ceci avait ébranlé la société états-unienne. Tandis que la crise économique s’étendait dans le monde, aggravant la pauvreté et la faim dans les pays du Tiers-monde.
Ce sont ces circonstances qui ont permis la postulation, puis l’élection d’Obama dans une société aux traditions racistes : non moins de 90 % de la population noire, discriminée et pauvre, la majorité des électeurs d’origine latino-américaine et une vaste minorité des classes moyenne et ouvrière, essentiellement les jeunes, votèrent pour lui.
Il était logique que de nombreux espoirs se soient éveillés chez les États-uniens qui l’ont appuyé. Après huit années d’aventurisme, de démagogie et de mensonges, durant lesquelles des milliers de soldats étasuniens et presque un million d’Irakiens moururent dans le cadre d’une guerre de conquête pour le pétrole de ce pays musulman qui n’avait rien à voir avec l’atroce attentat contre les tours jumelles, le peuple étasunien était las et écœuré.
Bien des gens en Afrique et ailleurs dans le monde s’enthousiasmèrent à l’idée de voir des changements dans la politique extérieure des États-Unis.
Il suffisait néanmoins d’une connaissance élémentaire de la réalité pour ne pas se bercer d’illusions quant à un éventuel changement politique aux États-Unis à partir de l’élection du nouveau président.
Obama, certes, s’était opposé à la guerre de Bush en Irak bien avant de nombreux autres membres du Congrès des États-Unis. Il avait connu dès l’adolescence les humiliations de la discrimination raciale et, à l’instar de nombreux Étasuniens, il admirait le grand militant des droits civils, Martin Luther King.
Obama est né, s’est formé, a fait de la politique et a réussi au sein même du système capitaliste impérial des États-Unis. Il ne souhaitait pas changer le système, ni ne pouvait le faire. Le plus curieux, c’est que l’extrême droite le hait pourtant parce qu’afro-américain et qu’elle combat ce que fait le président pour redorer l’image détériorée de son pays.
Il a été capable de comprendre que les États-Unis, tout en ne comptant que 4 % de la population mondiale, consomment environ 25 % de l’énergie fossile et sont les plus gros émetteurs de gaz polluants au monde.
Bush, dans ses extravagances, n’avait même pas signé le Protocole de Kyoto.
Obama se propose aussi d’appliquer des normes plus rigides face à l’évasion fiscale. On vient d’apprendre par exemple que les banques suisses fourniront les coordonnées d’environ 4 500 suspects d’évasion fiscale sur les 52 000 comptes de ressortissants étasuniens ouverts dans ce pays.
En Europe, voilà quelques semaines, Obama s’est engagé devant les pays du G-8, en particulier la France et l’Allemagne, à mettre fin au fait que son pays recourt à des paradis fiscaux pour injecter d’énormes quantité de dollars dans l’économie mondiale.
Il a offert des services de santé à presque 50 millions de citoyens dépourvus d’assurance-maladie.
Il a promis au peuple états-unien d’huiler l’appareil productif, de freiner le chômage croissant et de relancer la croissance.
Il a offert aux douze millions d’immigrants illégaux d’origine latino-américaine de mettre fin aux rafles cruelles et au traitement inhumain qu’ils subissent.
Il a fait d’autres promesses que je n’énumère pas, dont aucune ne remet en cause le système de domination du capitalisme impérialiste.
Mais la puissante extrême droite refuse la moindre mesure qui diminuerait un tant soit peu ses prérogatives.
Je me bornerai à citer des informations de ces derniers jours émises des États-Unis par des agences de presse et par la presse.
21 août :
« La confiance des États-uniens dans le leadership du président Barack Obama a chuté sensiblement, selon un sondage publié aujourd’hui dans The Washington Post.
Alors que l’opposition à la réforme du système de santé s’accroît, le sondage téléphonique, réalisé de concert avec la chaîne de télévision ABC du 13 au 17 août auprès de 1 001 adultes, indique que …49 % des personnes interrogées sont d’avis qu’Obama sera capable d’introduire des améliorations significatives dans le système d’assistance médicale des États-Unis, soit 20 % de moins qu’avant son entrée à la Maison-Blanche.
55 % des interviewés croient que la situation générale des États-Unis va mal, contre 48 % en avril.
Le débat acharné sur la réforme de santé traduit un extrémisme qui inquiète les experts, alarmés par la présence d’hommes armés aux réunions populaires, par l’apparition de croix gammées et par les photos d’Hitler.
Les experts en crimes motivés par la haine recommandent de surveiller de près ces extrémistes et, même si de nombreux démocrates ont été écrasés par les protestations, d’autres ont décidé de faire face directement à leurs concitoyens.
Une jeune femme qui portait un photo retouchée d’Obama arborant une moustache à la Hitler alimente la théorie que le président créera des "tribunaux de mort" favorables à l’euthanasie de vieillards sans soutien…
…certains font la sourde oreille et ont décidé d’adresser des messages de haine et extrémistes, ce que Brad Garrett, ex-agent du FBI, observe avec alarme.
"Nous vivons assurément des temps qui font peur", a affirmé Garrett la semaine dernière à la chaîne ABC, tout en ajoutant que les services secrets "redoutaient qu’il arrive quelque chose à Obama".
Lundi, sans remonter plus loin, une douzaine de personnes brandissaient des armes à l’extérieur du centre de congrès de Phoenix (Arizona), où le président prononçait devant des anciens combattants un discours où il a défendu, entre autres, sa réforme médicale.
Un autre homme portait un pistolet portant l’inscription : "Il est temps d’arroser l’arbre de la liberté", allusion à la phrase du président Thomas Jefferson (1801‑1809) selon qui "le sang des patriotes et des tyrans" devrait arroser l’arbre de la liberté.
Certains messages ont été encore plus explicites, puisque leurs auteurs souhaitaient "la mort d’Obama, de Michelle et de leurs deux fillettes".
Ces incidents prouvent que la haine a fait irruption dans la politique états-unienne avec plus de force que jamais.
"Nous parlons de gens qui vocifèrent, qui portent des photos d’Obama en nazi… et qui utilisent avec mépris le mot socialiste", a dit à EFE Larry Berman (de l’Université de Californie, auteur de douze ouvrages sur la présidence des États-Unis), qui attribue en partie ce qu’il se passe à l’héritage latent du racisme. »
« Après avoir informé hier que la CIA avait engagé Blackwater en 2004 pour des tâches de planification, d’entraînement et de vigilance, le New York Times apporte aujourd’hui plus de détails sur les activités confiées à cette société de sécurité privée si controversée, dont le nom actuel est Xe. »
Le journal signale que la CIA a recruté des agents de Blackwater pour poser des bombes dans des avions téléguidés en vue de tuer des dirigeants d’Al Qaeda.
Selon une information fournie par des fonctionnaires du gouvernement au New York Times, les opérations se sont déroulées dans des bases du Pakistan et d’Afghanistan, où la société privée montait et plaçait dans les avions des missiles Hellfire et des bombes guidées par laser.
Leon Panetta, le directeur de la CIA, a décidé à un moment donné de suspendre le programme et de révéler au Congrès cette coopération de Blackwater.
La collaboration de Blackwater a pris fin des années avant que Panetta ne devienne chef de la CIA, quand les fonctionnaires de celle-ci contestèrent que des agents extérieurs participent à un programme d’assassinats sélectifs.
Blackwater a été la seule société de sécurité privée chargée de protéger le personnel étasunien en Irak sous l’administration George W. Bush.
Ses tactiques agressives ont fait de critiques à diverses reprises. Le cas le plus grave est survenu en septembre 2007 quand des agents de cette société tuèrent dix-sept civils irakiens. »
« Devant les chiffres de suicides record et la vague de dépression parmi les soldats, l’armée étasunienne met peu à peu au point des formations spécialisées afin de rendre ses militaires "plus résistants" au stress émotionnel causé par des situations de guerre. »
22 août :
« Le président des États-Unis, Barack Obama, a durement critiqué aujourd’hui ceux qui s’opposent à son plan de réforme du système de santé du pays et les a accusés de divulguer des vues erronées et dénaturées.
Comme il l’a signalé dans ses discours, l’objectif de la réforme du système de soins médicaux est d’en freiner les coûts vertigineux et de garantir une couverture médicale à presque cinquante millions d’États-uniens sans assurance-maladie.
"…il devrait y avoir un débat honnête, non dominé par les vues sciemment erronées et dénaturées de ceux qui tireraient le plus de profit si les choses restaient en l’état". »
« Le département d’Etat continue de financer Blackwater, la société privée de mercenaires impliquée dans l’assassinat de dirigeants d’Al Qaeda, qui s’appelle maintenant Xe Services, a écrit aujourd’hui The New York Times. »
« Le gouverneur de New York, David Paterson, a affirmé vendredi que les médias avaient utilisé des stéréotypes raciaux en parlant de fonctionnaires noirs comme lui-même, le président Barack Obama et le gouverneur du Massachusetts, Deval Patrick. »
« La Maison-Blanche calcule que le déficit budgétaire sera, tout au long de la prochaine décennie, supérieur de deux billions de dollars aux prévisions les plus récentes, un coup dévastateur pour le président Barack Obama et pour son projet de créer un système de santé publique financé en grande partie par l’État.
Les prévisions pour la décennie sont très incertaines et peuvent varier au fil du temps. Néanmoins, les nouveaux chiffres en rouge des finances publiques poseront de lourds problèmes à Obama au Congrès, et soulèveront une énorme anxiété chez les pays étrangers qui financent la dette publique des USA, surtout la Chine. Presque tous les économistes les jugent insoutenables, même après une dévaluation massive du dollar. »
23 août :
« Le chef d’état-major de l’armée états-unienne a exprimé dimanche son inquiétude devant la perte d’appui populaire aux USA à la guerre en Afghanistan, tout en indiquant que son pays restait vulnérable aux attaques d’extrémistes.
"Je crois que la situation en Afghanistan est grave et qu’elle se dégrade ; ces deux dernières années, l’insurrection taliban s’est améliorée, s’est davantage spécialisée", a affirmé Mike Mullen, chef de l’état-major interarmes.
Dans une interview à la chaîne NBC, Mullen n’a pas voulu spécifier s’il faudrait dépêcher de nouveaux soldats.
Un peu plus de la moitié des personnes sondées par le Washington Post et la chaîne ABC, sondage publié tout récemment, ont dit que la guerre en Afghanistan ne valait pas le coup.
Fin 2009, les États-Unis auront trois fois plus de soldats en Afghanistan que voilà trois ans, quand ils n’étaient que 20 000. »
La confusion règne dans la société étasunienne.
Le 11 septembre prochain marquera le huitième anniversaire de l’attentat fatidique. Ce même jour, j’avais averti à un meeting à la Cité des sports que la guerre ne permettrait pas de mettre fin au terrorisme.
La stratégie consistant à retirer des troupes d’Irak pour les envoyer se battre en Afghanistan contre les talibans est une erreur. L’Union soviétique s’y était enlisée. Les alliés européens des USA renâcleront toujours plus à l’idée d’y verser le sang de leurs soldats.
L’inquiétude de Mullen au sujet de la popularité de cette guerre est tout à fait fondée. Ceux qui ont peaufiné l’attentat du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles ont été entraînés par les États-Unis.
Les talibans sont un mouvement nationaliste afghan qui n’a rien eu à voir avec cet attentat. C’est l’organisation Al Qaeda, financée par la CIA depuis 1979 et utilisée contre l’URSS pendant la Guerre froide, qui a ourdi cette attaque vingt-deux ans après.
Il existe des faits obscurs qui n’ont pas encore été suffisamment éclaircis devant l’opinion publique internationale.
Obama a hérité ces problèmes de Bush.
La droite raciste des USA fera l’impossible —je n’en ai pas le moindre doute— pour l’user en entravant son programme, et pour le mettre hors-jeu d’une manière ou d’une autre, au moindre coût possible.
Puissé-je me tromper !
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