Nous avons accumulé beaucoup de problèmes en Abkhazie dans les secteurs agraires et industriels, mais il est vrai que depuis six mois nous nous occupons des élections. Le vice-président doit être une figure politique forte, Raoul Khadjimba en est une. Il a déjà dirigé les services de sécurité, il a déjà été Premier ministre, mais c’est au président que revient le commandement en chef.
Nous suivons de prêt tout ce que peut faire le gouvernement géorgien. J’ai déjà répondu à Mikhail Saakashvili qui disait que les négociations pacifiques sont impossibles avec l’Abkhazie. Nous comprenons que l’opération militaire est la suite logique des évènements, mais pensons que le président géorgien est suffisamment intelligent pour comprendre qu’une guerre serait terrible pour tous. Nous sommes prêts depuis douze ans et sommes déjà de facto en guerre avec la Géorgie. Le défunt Jvania [1] disait qu’il fallait une Géorgie économiquement attractive pour que tous veuillent nouer des contacts avec elle. Avec les vautours on ne peut pas passer d’accord. Les paroles de Jvania, que je tenais pour exemplaires, appartiennent au passé, c’est désormais le parti de la guerre qui est en place à Tbilissi. C’est déjà ce parti qui jouait les premiers rôles en 1992 et tout le monde sait comment cela s’est terminé. Le peuple abkhaze s’est prononcé en 1999. Nous sommes prêts à la négociation, mais l’usage de la force échouera.
J’ai rencontré Edouard Kokoïta il y a peu à Moscou et il m’a fait une très bonne impression, comme personne et comme président. Les accords d’assistance en cas d’agression signés par les républiques non-reconnues doivent perdurer. Si quelqu’un veut faire la guerre, alors ce sera la guerre avec tous et pas seulement avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Le chiffre de 300 000 réfugiés géorgiens ayant fuit l’Abkhazie dans les années 90, avancé par Tbilissi, est faux. Ils étaient 240 000 à y vivre avant 1992 et ils sont toujours 72 000 aujourd’hui.
La Russie nous a toujours soutenus. C’est elle qui a réussi à empêcher la reprise des hostilités depuis 1993, nous lui en seront toujours reconnaissants. Les soldats russes vont rester. J’ai entendu parler de casques bleus turcs ou ukrainiens, mais nous sommes opposes à la modification du mandat. En cas de guerre, nous pourrons compter sur les républiques du Nord-Caucase, nos forces armées sont prêtes, l’armée de réserve est fonctionnelle et toute la population est armée. Nous allons continuer à favoriser le processus d’intégration à la Fédération de Russie sur les plans politiques et économiques. Nous attendons une réponse officielle de la Douma concernant cette demande d’intégration.
De l’Abkhazie pourrait se propager une déstabilisation de tout le Caucase. J’ai toujours dit, après la guerre, que l’influence russe devait demeurer, chez nous tout particulièrement, pour contrebalancer celle de la Turquie qui a des intérêts dans la région depuis l’Empire Ottoman.
« Мы будем не править, а управлять », par Sergeï Bagapch, Outra.Ru, 14 Février 2005.
[1] Premier ministre décédé il y a peu
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