L’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri à Beyrouth va avoir un grand impact dans trois domaines : la politique intérieure libanaise, la relation syriano-libanaise et la relation entre la Syrie et les puissances extérieures. La rapidité avec laquelle l’opposition a accusé la Syrie et le gouvernement de cet assassinat montre que la relation entre la Syrie et le Liban sera l’axe autour duquel toute cette affaire doit être analysée. C’est ce que montrent également les réactions des gouvernements syriens, de l’opposition libanaise et du gouvernement états-unien.
Les événements de lundi ont libéré des forces politiques qui pourraient transformer le Liban et la Syrie. Le choc de l’assassinat pourrait mener à une accélération du retrait syrien du Liban et accélérer le mouvement de réformes à Damas et à Beyrouth. Le fait qu’en quelques heures cinq groupes différents aient été désignés comme de possibles coupables (Israël, la Syrie, les partisans du régime libanais, les gangs mafieux, les islamistes anti-états-uniens et anti-saoudiens) démontre que la violence est un moyen couramment employé dans la vie politique de la région.
Les forces d’opposition au Liban ont rapidement désigné la Syrie et le gouvernement libanais car ce meurtre intervient à un moment où l’opposition se rassemble contre la présence syrienne de façon bien plus forte qu’auparavant. Après ce crime, l’opposition libanaise va mener bataille contre les gouvernements libanais et syriens à un nouveau niveau aux conséquences imprévisibles. La Syrie a rapidement rejeté ces accusations et a dénoncé une action israélienne tandis que le département d’État pointait un lien entre l’assassinat d’Hariri et la présence syrienne au Liban.
L’enquête permettra de déterminer, ou non, qui a tué Hariri. Ce qui est sûr en revanche, c’est que quel que soit la vérité, cet attentat a accéléré les efforts des forces politiques libanaise qui demandent le départ des troupes syriennes.

Source
Daily Star (Liban)

« The ramifications of Hariri’s assassination », par Rami G. Khouri, Daily Star, 16 février 2005.