Alors que l’Agence internationale à l’énergie atomique était en mesure de prouver la dénucléarisation de l’Irak, elle a préféré demander plus de temps parce qu’elle n’a pas contesté certains rapports incorrects ou purement mensongers faits par des politiciens états-uniens. Nous déplorons toutes ces balivernes, comme le soit disant achat d’uranium au Niger, qui mériteraient l’ouverture d’enquêtes. Au début nous avons menti, nous avions un programme secret avant 1991, mais ensuite, ce sont les États-uniens et les Britanniques qui ont menti car ils voulaient la guerre. Nous avons menti et nous avons payé, à leur tour maintenant.
Le gouvernement anglais avait fait voter au Parlement, quelques jours avant le début de la guerre, son dossier sur l’Irak qui datait de 2002 et qui s’est révélé complètement infondé après les 700 inspections. Je me demande ce qui manquait encore aux inspecteurs pour se forger une opinion. En 1991, nous les scientifiques n’avons pas été consultés. Je savais alors qu’avec ce type d’inspection il était naïf et simpliste de vouloir cacher la vérité. C’est Hussein Kamel (le gendre de Saddam et responsable de l’armement) qui s’est énervé et a donné l’ordre de cacher le matériel, sûrement sur injonction de Saddam. Devant mon refus, j’ai reçu l’ordre de transférer tout le matériel à la Garde républicaine. En Juillet 1991, quand les inspecteurs se sont rapprochés du camp militaire, Saddam a ordonné de tout détruire.
Même si nous avions réussi à cacher les armes, il aurait été impossible de réactiver le programme à cause des inspections et des surveillances. Ces armes étaient dissuasives dans un contexte régional, mais Saddam savait que dans un contexte de guerre ouverte avec les États-Unis elles devenaient absurdes. C’est aussi pour cette raison qu’aucune arme chimique ou biologique n’a été conservée, Saddam avait vraiment peur d’être renversé.
Après la destruction par les Israéliens de notre réacteur en 1981, j’ai accepté la mission car j’étais persuadé qu’il s’agissait de dissuasion. Saddam voulait survivre et rester au pouvoir, et pour cela, on n’utilise pas de bombe atomique.

« Zuerst haben wir gelogen, später die Amerikaner », par Jafar Dhia Jafar, Der Standart, 17 février 2005. Ce texte est adapté d’une interview.