Au lieu de renforcer un vrai processus de paix, la conférence de Londres d’aujourd’hui pourrait faire empirer les choses. Les « donateurs » internationaux qui vont se rassembler ont une expression pour résumer les causes du désastre qu’a été la tentative de création d’un État palestinien lors du processus d’Oslo : les « faits du terrain ». C’est un euphémisme pour désigner l’occupation israélienne qui a détruit toute possibilité d’une solution des deux États. Les donateurs européens ont vu les faits sur le terrain transformer leurs dons pour l’indépendance palestinienne en une contribution à l’occupation. Ils en ont conscience, mais ne savent pas comment s’en sortir ou bien, comme la Grande-Bretagne, ils ont fini par s’aligner sur les positions états-uniennes et israéliennes.
Faute de s’attaquer aux « faits du terrain », les donateurs perpétuent le désastre politique. La conférence de Londres est pourtant fondée sur le principe que c’est le manque de culture démocratique palestinienne qui entrave le processus de paix et que l’Occident doit mettre en place un système de contrôle de l’Autorité palestinienne, jugé entièrement responsable de la violence.
On pourrait conclure qu’il vaudrait mieux ne rien faire plutôt que d’aider la politique israélienne lors de cette conférence, mais en réalité, les leçons de bonne gouvernance peuvent être les bienvenues car cela finira par démontrer qu’il y a bien une absence de partenaire pour la paix, mais que le siège vide est celui d’Israël. Rappelons qu’Israël a affirmé que l’Autorité palestinienne avait violé le cessez-le-feu avec l’attentat de vendredi à Tel-Aviv alors que depuis la signature de cet accord, Israël a tué 25 Palestiniens. Les règles de bonne gouvernance devront être appliquées à Israël. Pour restaurer la « bonne gouvernance » dans la région, les donateurs internationaux doivent écouter les propositions palestiniennes.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Face up to the facts on the ground », par Karma Nabulsi, The Guardian, 1er mars 2005.