La nomination par George W. Bush de Paul Wolfowitz à la tête de la Banque mondiale rend furieux les opposants à la guerre d’Irak comme on pouvait s’y attendre. Déjà, New Republic compare le secrétaire adjoint à la Défense à Robert McNamara, architecte de la guerre du Vietnam qui géra la Banque mondiale de façon catastrophique et entraîna le Tiers-monde dans une spirale de dette. C’est une mauvaise appréciation de la situation. Wolfowitz devrait en effet renverser l’héritage de McNamara.
La Banque mondiale a été créée après la Seconde Guerre mondiale pour développer le capitalisme d’État. Toutefois elle a évolué et est devenue très différente. Dans les années 50, les experts estimèrent que le modèle socialiste était le plus pertinent pour développer les pays du Tiers-monde. Par la suite, la Banque, sous l’impulsion de McNamara, fut prise d’une frénésie de prêts, accordés sans distinction entre démocraties et dictatures, et sans suivi.
La gauche a multiplié les attaques contre cet organisme en le dépeignant comme un instrument du capitalisme. Les néo-conservateurs l’ont eux critiqué en expliquant qu’il ne l’était pas suffisamment. P. T Bauer, qui influença beaucoup le Cato Institute, affirma que le marché, la propriété privé et l’État de droit étaient les vrais facteurs de développement. Il prouva que les pays qui ne recevaient pas d’aides se portaient mieux que ceux qui en avaient reçu. Récemment, Nicholas Eberstadt de l’American Entreprise Institute a été plus loin en demandant que cette banque soit privatisée.
Wolfowitz va rompre avec l’orthodoxie de cet organisme moribond et lui donner une nouvelle vie. Il est clair, après la nomination de John Bolton à l’ONU, que nous entrons dans une phase de renouvellement des institutions internationales. Wolfowitz devrait commencer par convaincre l’abandon des dettes. Toutefois, sa première épreuve sera d’être acceptée par le vieux monde.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Exactly What the World Bank Needs », par Jacob Heilbrunn, Los Angeles Times, 17 mars 2005.