Non seulement rien n’a changé avec Barack Obama, mais les Etats-Unis poursuivent leur lente dérive : la militarisation de l’Etat a atteint le quart du budget fédéral, tandis que la dette atteint les deux tiers du PIB. A Washinghton, « que vous soyez puissants ou misérables », Noël n’a pas le même sens.
Il y a Noël et Noël. Pendant que dans son message télévisé de la Maison-Blanche le président Obama et la First Lady, dans une chaude atmosphère familiale autour de leur cheminée, souhaitent Merry Christmas et « encouragent chacun à soutenir les troupes et leurs familles », à New Orleans, huit SDF meurent dans un immeuble abandonné où ils avaient allumé un feu pour se réchauffer. Le problème des SDF, d’après le témoignage d’un militant d’une mission, a empiré depuis que la ville a été ravagée par l’ouragan Katrina en 2005. Et pourtant, dans le budget 2011, les fonds du Département fédéral pour le développement immobilier et urbain sont tombés à 47 milliards de dollars par rapport aux 59 d’il y a deux ans.
C’est par contre un heureux Noël pour le Pentagone, qui a trouvé au pied du sapin le budget tout juste approuvé par le Congrès : 725 milliards de dollars pour l’année fiscale 2011. Une augmentation de 37 milliards de dollars, plus que ce qu’il avait demandé. Le budget comprend 159 milliards pour « poursuivre la nouvelle stratégie du Président en Afghanistan et au Pakistan » et pour d’autres « opérations outre-mer ». Quasiment un demi milliard de dollars par jour, qui certainement ne seront pas suffisants. Au budget de base du Pentagone s’ajoutent d’autres dépenses de caractère militaire : 124 milliards pour les militaires à la retraite ; 12 pour les armes nucléaires, inscrits au département de l’Energie ; 54 pour le département de la Sécurité de la patrie. Si l’on inclut d’autres programmes à finalités militaires, dont certains de la Nasa, la dépense militaire états-unienne dépasse les 900 milliards de dollars, environ un quart du budget fédéral.
On n’oubliera pas en outre la dépense du Programme national de renseignement qui, spécifie-t-on dans le budget, est « classée », c’est-à-dire secrète. On annonce cependant qu’elle sera augmentée pour potentialiser les capacités de la CIA et des autres agences et pour soutenir la stratégie du président en Afghanistan et au Pakistan. Selon une enquête du Washington Post, le monde des services secrets est devenu aux USA tellement vaste et impénétrable que personne ne sait combien il coûte. Il existe « une géographie alternative des Etats-Unis : une Amérique top secret cachée aux yeux des gens » : y travaillent dans des programmes secrets environ 1 270 organisation gouvernementales et 1 930 privées, pour un total de 850 000 personnes.
On ne sait pas quelles sont spécifiquement leurs tâches. On en voit par contre les résultats : maintenir les gens dans un état de tension constante, en les persuadant qu’ils sont menacés par le terrorisme international, de façon à justifier un état de guerre permanent et une augmentation continue de la dépense militaire. Avec comme conséquence une dette publique états-unienne qui dépassera en 2011 les 10 000 milliards de dollars (deux tiers du PIB).
La raison de tout cela, le président Obama l’explique dans la présentation du budget fédéral. Notre avenir, écrit-il, ne dépend pas seulement du maintien de la « sécurité dans la patrie ». Il « dépend du maintien du leadership américain (états-unien, ndt) à l’étranger ».
Article publié dans l’édition datée du 30 décembre 2010 d’Il Manifesto.
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