Les réponses à l’appel des États-Unis en faveur de la démocratie au Moyen-Orient ont été au mieux tiède. Les gouvernements arabes l’ont vu comme une provocation et l’Égypte a décidé de couper l’herbe sous le pied de Washington en faisant une contre-proposition : la déclaration d’Alexandrie au sommet de mai de la Ligue arabe. Moubarak a ensuite affirmé qu’il accorderait à l’opposition le droit de se présenter contre lui à la présidentielle. Est-ce juste une tactique ou bien est-ce une vraie proposition de réforme ?
Ce qui est clair en tout cas, c’est que les élections en Irak, en Palestine et les manifestations contre la présence syrienne au Liban ont renforcé les débats sur la réforme politique en Égypte. Il va désormais être difficile de passer sous silence les abus commis par les gouvernements arabes. Pendant trop longtemps, les régimes arabes autoritaires ont engendré la pauvreté, la corruption et la frustration des populations, entraînant un développement de l’islamisme. Aujourd’hui, il y a une grande nostalgie parmi la population pour la période d’expérimentation libérale qui dura des années 20 à la révolution de 1952. Les aspirations de cette époque ont inspiré la naissance d’un nouveau parti, Hizb al-Ghad, le parti de demain.
Ce parti vient de produire une proposition de nouvelle constitution. Elle devrait permettre de revigorer la vie politique égyptienne. Ce texte commence par " Nous, le peuple d’Égypte ". Par ce texte, nous voulons remettre en cause l’ordre politique d’Égypte. Nous proposons la fin de l’état d’urgence, la réduction des pouvoirs du président et l’introduction d’une élection présidentielle pluraliste et directe. Le parti national démocratique au pouvoir n’est pas d’accord avec cette réforme et souhaite une évolution des institutions sans remettre en cause la constitution. Cette différence de point de vue ne doit cependant pas nous détourner de la vraie question : la réforme de l’Égypte. Les voix libérales en Égypte ne sont pas une conséquence des initiatives US, elle sont le fait d’un courant national.

Source
Daily Star (Liban)
Taipei Times (Taïwan)

« Reform in Egypt is always ’tomorrow’ », par Mona Makram-Ebeid, Daily Star, 25 avril 2005.
« Egypt poised to set Middle East’s democratic pace », Taipei Times, 25 avril 2005.