La tendance

Le jour de la renaissance de la Syrie forte, pluraliste et indépendante
par Ghaleb Kandil

Le 7 mai est le jour de la prestation de serment du président-élu en Russie, Vladimir Poutine, symbole de la renaissance nationale russe, qui inquiète l’alliance impériale occidentale. Ce même jour, les Syriens sont appelés aux urnes dans le cadre d’élections législatives. Cette consultation populaire illustre la détermination du président Bachar al-Assad à poursuivre le processus de réforme en parallèle à la lutte contre le terrorisme interne et la guerre mondiale menée contre la Syrie, avec la complicité des agents de l’Occident dans le Golfe, en Turquie et au Liban. Le 7 mai est, en quelque sorte, la date de la renaissance de la Syrie forte, indépendante et résistante.

Les élections législatives couronnent un vaste processus de changements constitutionnels et juridiques initiés par le président Bachar al-Assad pour jeter les fondements d’un régime politique pluraliste, garanti par la nouvelle Constitution adoptée par une majorité de Syriens par référendum. La détermination à organiser les élections à la date prévue illustre une forte volonté nationale de mener à terme l’évolution politique du pays et ne pas céder ou se soumettre au plan terroriste conduit par les ennemis de la Syrie.

Il est apparu, ces derniers mois, que les vagues d’escalade sur le terrain coïncidaient avec les principales réformes politiques, afin de tenter de les faire avorter. En intensifiant leurs attaques, les groupes armés ont essayé de saboter le dialogue national auquel le pouvoir est resté attaché ; puis les attaques suicides à Damas, Alep et Idleb, ainsi que les assassinats, avaient pour but d’empêcher la tenue des échéances électorales. Le terrorisme a atteint un tel point que des candidats ont été menacés de mort et certains ont été effectivement assassinés. Mais la détermination et le patriotisme ont été plus forts que le terrorisme et le nombre de candidats a atteint 7000 pour 250 sièges, soit 28 candidats pour chaque siège. Une moyenne plus que satisfaisante.

Après les élections, la Syrie entre dans une nouvelle phase de la refondation de ses institutions avec un nouveau Parlement pluraliste. Un nouveau gouvernement de partenariat national, élargi, sera formé. Les gagnants et les perdants des élections feront tous partie du paysage politique interne.

Le 7 mai constitue une date charnière dans la convalescence de la Syrie et dans la réussite à fixer de nouvelles règles dans la vie politique nationale. La prochaine étape sera consacrée au traitement des dégâts infligés par la guerre mondiale lancée contre la Syrie, en déployant tous les efforts nécessaires pour rebâtir et renforcer l’unité nationale.

Soigner et développer la force de la Syrie fera l’objet d’une unanimité nationale. L’État se chargera de liquider les poches terroristes et de démanteler les réseaux de la mort et de la terreur qui ont semé la désolation. Le peuple et la classe politique issue des élections resserreront les rangs autour de l’armée et du président.

Déclarations et prises de positions

 Najib Mikati, Premier ministre du Liban

« Il faudrait régler la question des réfugiés syriens au Liban mais il ne faut pas traiter cette affaire au détriment de la sécurité du pays. Les responsables que j’ai rencontrés en Belgique comprennent la position du Liban vis-à-vis de la Syrie. Avec le retour de la stabilité en Syrie, nous devrons régler la question des réfugiés syriens au Liban. Les législatives de 2013 auront lieu à temps, conformément à la loi que décrètera le Parlement. Nous veillerons sur les élections pour qu’elles aient lieu en toute démocratie et liberté. »

 Wu Zexian, ambassadeur de Chine au Liban

« Le Hezbollah a utilisé en 2006 une technologie militaire très avancée, qui aurait été importée de Chine, pour viser un navire israélien. Je ne sais pas comment cette technologie est tombée entre les mains du Hezbollah. Je ne suis pas un expert militaire. La Chine a une politique de vente d’armes très responsable. Nous respectons les lois et les conventions internationales. L’État intervient si les usines enfreignent les lois internationales. Nous sommes en contact avec le Hezbollah, mais l’ambassade n’est pas concernée par la vente d’armes. Nous ne faisons pas le travail des entreprises qui concluent des accords de vente d’armes. Ce sont des affaires commerciales. La question des armes du Hezbollah divise les Libanais. Il s’agit d’une affaire interne et nul n’a le droit d’interférer dans les affaires internes du Liban. Les Libanais devraient dialoguer afin d’aboutir à une solution consensuelle sur cette question. Il est clair qu’Israël occupe toujours des terres libanaises et nous estimons que les Libanais ont le droit de défendre leur souveraineté. Tous les efforts des Libanais en vue de protéger leur pays et de préserver sa stabilité sont légitimes »

 Walid Joumblatt, leader druze anti-syrien

« Quels sont les motifs réels de l’insistance à organiser les prochaines élections parlementaires sur base de la proportionnelle ? Ce mode de scrutin aurait pu être applicable si la démocratie libanaise était semblable à celle de la Suède, de la Suisse ou du Danemark. Mais certains ont tendance à oublier les divisions et la tension profondes dans le pays, ainsi que les divorces politiques qui empêchent tous le recours à ce système, susceptible d’accentuer les clivages internes. La proportionnelle risque de favoriser une résurgence de la tutelle syrienne qui avait été marquée par de nombreux assassinats politiques et par des tentatives de liquidation de plusieurs figures nationales, de journalistes, d’intellectuels et d’écrivains. Un retour à l’époque de Anjar est impossible, et toute tentative de s’y diriger subrepticement à travers une loi électorale ou autre sera rejetée par les Libanais, surtout à une époque où les peuples arabes se soulèvent pour se débarrasser des systèmes oppressifs et des dictatures. »

 Jamil Sayyed, ancien directeur de la Sûreté générale libanaise

« Walid Joumblatt s’est dissimulé, en 2005, derrière l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et le retrait syrien, puis derrière les récents événements en Syrie. Mais malgré cela, il reste une des figures les plus abominables de la période syrienne au Liban de par les massacres qu’il a commis lors de la guerre de la Montagne, le pillage des caisses et des fonds pendant l’Etat de Taëf, et l’élimination de ses rivaux des grandes maisons druzes. Il était soutenu en cela par ses trois maitres à Damas, Abdel Halim Khadda, Hikmat Chéhabi et Ghazi Kanaan, grâce auxquels il a monopolisé les lois électorales pour contrôler les sièges parlementaires et ministériels druzes. Il essaie aujourd’hui de faire la même chose avec les Américains, les Saoudiens, les Qataris et les Français. »

 Samir Geagea, chef des Forces libanaises (proche du 14-Mars)

« Les élections de 2013 seront cruciales. L’autre camp perdra le pouvoir non seulement en Syrie mais au Liban aussi. L’avenir de la région s’avère excellent, mais il est semé d’embûches. 2013 sera une occasion fondamentale de recouvrer le printemps du Liban. Si nous remportons la majorité à nouveau, nous nous comporterons cette fois en majorité pour mettre en application le projet que nous défendons, c’est-à-dire afin d’édifier l’État libanais fort et efficace. »

Revue de presse

  As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité, 04 mai 2012)
Sami Kleib

Si les Américains disent vrai, les combattants d’Al-Qaïda en Syrie sont la source du plus grave danger. Si on ajoute à ces propos les attentats de Damas et d’Alep, on peut dire que la guerre civile qui est souhaitée en Syrie et que le Liban risque de devenir la scène préférée des combattants fuyants à travers la frontière.

Voici d’abord les déclarations américaines. Hillary Clinton dans un entretien à la CBS : « Nous savons que le chef d’Al-Qaïda, Ayman Zawahiri, soutient l’opposition syrienne. Devons-nous soutenir cette organisation en Syrie » ? James Clapper, chef des services de renseignements américain : « Les attentats de Damas et Alep portent l’empreinte d’Al-Qaïda, qui a infiltré l’opposition syrienne divisée ». Le général Martin Dimbsey, chef d’état-major interarmes : « Nous avons des preuves qu’Al-Qaïda participe aux attentats ».

Il y a quelques jours, les agences de presse, citant un haut responsable des renseignements au Congrès américain, ont indiqué que « des membres de l’organisation terroriste Al-Qaïda infiltrent l’opposition syrienne ».

Les services de renseignements syriens ont établi des listes détaillées sur des éléments arabes, ou de ressortissants arabo-occidentaux, membres d’Al-Qaïda et actifs en Syrie. Ils viennent de nombreux pays, notamment de Libye. Il y a quelques jours, deux libyens ont été tués et un troisième blessé dans le village de Maysar, près d’Alep. A Douma, dans la banlieue de Damas, les fanions d’ Al-Qaïda ont été brandis par des manifestants, de même qu’à Idleb. A Baba Amr, des prisons et des centres de tortures avec des slogans et des inscriptions d’ Al-Qaïda ont été découvert. Une voiture peinte aux couleurs d’ Al-Qaïda a tenté de forcer le poste-frontière de Tall Abiad. Les Russes ont fourni aux pays occidentaux des informations détaillées sur le danger que représente Al-Qaïda en Syrie. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles plusieurs États, dont la France, ont renoncé au projet d’armer l’opposition syrienne.

Tony Pattersen, du journal britannique The Independent, a écrit : « L’évolution de la situation en Syrie est très dangereuse. Al-Qaïda apparait comme une force grandissante dans une région centrale du Moyen-Orient. La situation est différente du Yémen, de la Somalie ou du Pakistan, qui sont des zones reculées. Le printemps arabe peut être influencé par les idées de Ben Laden ». Des centres de recherche commencent aussi à exprimer de sérieuses craintes vis-à-vis de l’expansion d’Al-Qaïda et des mouvements salafistes dans le corps arabe.

Dans ce contexte, une chose est certaine : l’armée syrienne ne reculera pas et continuera le combat jusqu’au bout. Les combattants traqués ne trouveront d’autres issues que de s’enfuir vers le Liban. Le pays du cèdre est-il capable de faire face à ce problème ?

  An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 03 mai 2012)
Rosanna Bou Mouncef

, 03 mai 2012La visite à Beyrouth du secrétaire d’État adjoint américain pour le Proche-Orient, Jeffrey Feltman, a coïncidé avec la signature par le président Barack Obama d’un décret, qui autorise le département du Trésor à prendre des mesures coercitives contre toute entreprise ou tout individu étranger cherchant à contourner les sanctions imposées à l’Iran et à la Syrie. Par conséquent, cette question s’inscrit au cœur de sa visite à Beyrouth.

Entre cette visite et celle du vice-président iranien, Mohammad Rida Rahimi, le gouvernement libanais s’est trouvé dans une position doublement critique. Au niveau de la visite américaine, le Gouverneur de la Banque Centrale, Riad Salamé, a affirmé que les banques libanaises ont été appelées à respecter les lois et les sanctions européennes et américaines. Au niveau de la visite iranienne, l’embarras dans lequel se trouve le gouvernement, s’est traduit par une justification ministérielle de la visite de la délégation iranienne, selon laquelle, les accords bilatéraux qui seront signés entre les deux parties constituent la continuation de l’ouverture entamée par Saad Hariri vers l’Iran.

  An Nahar (03 mai 2012)
Sarkis Naoum

Sur la situation actuelle et à venir en Arabie saoudite, un haut responsable américain qui s’occupe des pays du Golfe au sein de l’administration américaine fait l’analyse suivante : « Personne ne sait comment va évoluer le royaume, au niveau de la stabilité. De même que personne ne peut savoir comment vont évoluer les relations entre la famille régnante et les islamistes, bien que les deux parties pensent qu’ils font face à un ennemi commun. Le prince héritier et ministre de l’Intérieur, Nayef Ben Abdel Aziz, a assuré qu’il écraserait l’opposition dans les régions Est (chiites) si elle bougeait. Il faut reconnaitre que les chiites en Arabie saoudite ont de tout temps été victimes d’injustices, et personne au sein du pouvoir saoudien n’a tenté d’y mettre un terme. Certes, ils manifestent et, parfois, il y des échanges de tirs, des morts et des blessés tombent. Mais à notre connaissance, les chiites d’Arabie ne se sont pas militarisés et n’ont pas commencé une résistance armée. Pour ce qui est de l’Iran, il y’a beaucoup de paroles sur son prétendu rôle dans les événements de la région Est du royaume. Mais il n’y a aucune preuve tangible jusqu’à présent sur l’existence d’un facteur iranien direct dans le mouvement chiite saoudien, ou d’une ingérence iranienne (…) Beaucoup en Arabie et ailleurs, estiment que le Golfe est une ligne rouge américaine et que si l’Iran la franchirait, les États-Unis interviendraient militairement. Ce que je peux dire, c’est que je n’ai personnellement jamais lu l’expression ‘ligne rouge’ dans un quelconque rapport. Ce que nous pouvons dire, c’est que l’Iran, ennemi des États-Unis et du Golfe, se trouve aux frontières du Golfe, c’est-à-dire de l’Amérique. »

  Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité, 04 mai 2012)
Saër Ghandour

La polémique autour de la loi électorale se poursuit. Les deux principaux antagonistes sont le Courant du Futur et le Hezbollah. Ils tentent de traiter ce dossier avec un calme apparent, mais au fond ils ourdissent les armes afin parvenir à leur objectif.

Le Courant du Futur, qui s’oppose au mode de scrutin proportionnel, fait feu de tout bois pour ne pas perdre la bataille de la loi électorale : il mobilise contre les armes du Hezbollah, il refuse d’adopter la proportionnelle sous les armes, il distribue des aides, il renoue avec des composantes du 14 Mars avec qui les liens avaient été rompus. A noter que la visite de Fouad Siniora à Sami Gemayel s’inscrit dans cet objectif.

Le Hezbollah, quant à lui, sait que le maintien de la loi actuelle implique que la majorité perdra ou, au meilleur des cas, elle restera à sa place, c’est-à-dire dépendante de Walid Joumblatt. Selon des sources informées, le Hezbollah et ses alliés souhaitent pour cette raison entrer en contact avec Sami Gemayel, pour parvenir à une position commune de la loi électorale, d’autant plus qu’ils considèrent qu’il existe une faille dans la relation entre Gemayel et le 14 Mars. Donc il s’agit d’un combat entre le Courant du Futur et le Hezbollah sur le parti Kataëb.

Ceci ouvre le débat sur la position chrétienne sur la loi électorale. La réunion du comité quadripartite émanant de Bkerké au Parlement s’est axée sur deux points : le refus de la loi des années 60 ; les modifications apportées par Ziad Baroud à la loi de Fouad Boutros. Elles consistent à réduire la taille des circonscriptions (chacune ne comptera que 3 sièges), tout en gardant le même le nombre des députés élus par la proportionnelle et par la majorité, soit respectivement 51 et 77 députés.

  Al Akhbar (04 mai 2012)
Hiyam Kosseifi

Les visites au Liban du secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman et du vice-président iranien, Mohammad Rida Rahimi, ont eu lieu simultanément car les responsable américain a voulu adressé aux responsables libanais un message selon lequel l’Administration américaine est ferme dans les sanctions imposées à l’Iran, à la Syrie et au Hezbollah. Selon une source des forces du 14 Mars, la visite de Rahimi est une tentative de la part de l’Iran de mettre la main sur le gouvernement libanais par le truchement du Hezbollah, en lui arrachant des contrats dans tous les domaines vitaux. Parallèlement, Feltman a mis en garde le Liban et les responsables libanais d’aller vers ce sens, car ceci pourrait créer des problèmes pour le Liban avec la communauté internationale. Un autre point essentiel dans la visite de Feltman est le bras-de-fer sur l’héritage du régime syrien au Liban.

Face à cette mobilisation iranienne et américaine, les pays arabes sont restés absents de la scène libanaise. En outre, des sources informées du 14 Mars ont estimé que la communauté internationale est plus encline à assurer la stabilité au Liban. Un constat qui se confirme avec l’arrivée successive d’émissaires internationaux qui transmettent des messages précis, relatifs aux questions sécuritaires et politiques, aux différentes parties libanaises.

  Al Akhbar (04 mai 2012)
Radwan Mortada

Des commandants libanais et syriens au Liban-Nord et des marchands d’armes assurent que la demande sur le marché est passé des armes légères à l’armement moyen et lourd. La cargaison d’armes saisis par l’Armée libanaise à bord du Lutfallah II, au large de Selaata, était destinée à la ville de Homs.

Des sources sûres dans l’opposition syrienne assurent qu’avant l’interception de ce navire, les insurgés avaient réussi à acheminer en Syrie trois chargements de roquettes à travers le Liban. "Les lance-roquettes de type ’Stinger’ figurent parmi les armes transférées en Syrie. Ces lance-roquettes sont équipés d’un viseur à infrarouge d’une portée de 5 à 8 kilomètres, permettant ainsi d’assurer une défense anti-aérienne contre les avions volant à basse altitude. Ces informations rejoignent celles rapportées par un responsable du Conseil national transitoire libyen sur la disparition des dépôts de l’ancienne armée de Mouammar Kadhafi de 5000 missiles anti-aériens. La Libye étant devenue un marché pour la vente de missiles et d’armes.

Un commandant de l’opposition syrienne armée a assuré que la décision a été prise d’équiper les combattants de roquettes antichars sophistiquées. Les combattants disposeraient déjà de missiles ’Cobra’ et de missiles anti-aériens Sam 7. Des chargements d’armes sont acheminés à Idleb à travers la frontière avec la Turquie sous une couverture internationale, alors que d’autres cargaisons proviennent de la Jordanie, de l’Irak et du Liban, précise la même source, qui ajoute que l’opposition a payé ces transferts d’armes à l’avance et qu’il ne s’agissait pas de donations.

Par ailleurs, au moins cinq experts en explosifs sont arrivés dernièrement en Syrie en provenance de l’un des camps de réfugiés palestiniens au Liban, affirment des sources "bien informées". Selon ces sources, l’opposition syrienne cherche encore d’autres experts en explosifs prêts à l’aider pour affronter les hommes du régime de Bachar al-Assad.

  Al Akhbar (30 avril 2012)
Yéhia Débouk

Ces deux dernières semaines, le chef d’état-major israélien, le général Benny Gantz, et le chef de la région Nord, le général Yaïr Golan, ont fait des déclarations exprimant la montée des dangers qui guettent Israël de tous les côtés, notamment du Liban. Gantz a affirmé que son pays affrontait « un ennemi plus expérimenté que par le passé, des dispositifs plus complexes, et un professionnalisme et des technologies plus avancées ». « Aussi, le défi opérationnel est beaucoup plus compliqué qu’il ne l’était », a-t-il ajouté. Les deux responsables militaires ont reconnu les erreurs des évaluations des services de renseignements sur la chute imminente et inéluctable du régime syrien. Mais le plus important, dans leurs déclarations, est le fait qu’ils ont reconnu la chute des lignes rouges établies par Tel-Aviv au sujet du renforcement des capacités militaires de la Résistance, avec la livraison au Hezbollah d’un armement qui renverserait les équilibres. Une expression célèbre qui signifiait qu’Israël était disposé à entrer en guerre contre le Liban, et peut-être contre la Syrie, pour empêcher que cet équilibre soit brisé. Le général Gantz a parlé de « transferts permanents » au Hezbollah d’armements, ajoutant toutefois : « Cela est leur problème interne et nous ne nous en mêlerons pas ». Une prise de position sans précédent venant de la bouche du plus haut dirigeant militaire israélien.

Le général Golan, principal concerné par les fronts libanais et syrien, a dit ne pas savoir si des armes chimiques ont été transférées par la Syrie au Hezbollah. Il a parlé de capacités aux mains de Hezbollah suscitant une grande inquiétude pour Israël. Mais en même temps, il a indiqué qu’il n y aura pas d’intervention « automatique » contre un convoi d’armements sans « étudier et évaluer la situation ». Cela est en contradiction avec tout le discours israélien des dernières années, qui parlait d’attaque immédiate au cas où l’équilibre était rompu. La Résistance n’aurait pas atteint une telle force si Israël avait réussi à interrompre la relation entre le régime syrien et le Hezbollah. Cela signifie que le président Bachar al-Assad a brisé toutes les lignes rouges israéliennes, en fournissant à la Résistance l’armement lui permettant de dissuader Israël. Voilà pourquoi tant d’acharnement à renverser le président Assad, car la chute du régime syrien permet d’encercler et d’affaiblir le Hezbollah sans s’engager dans une confrontation militaire, que Tel-Aviv n’a d’ailleurs plus les moyens de mener. Si Israël avait réussi à imposer au président Assad une équation dissuasive, toutes ces armes n’auraient pas été transférées à la Résistance. Mais la solidité de sa position et sa détermination ont fait échec à toutes les tentatives israéliennes. Voici une des principales raisons de l’acharnement contre Bachar al-Assad.

  L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, 04 mai 2012)
Scarlett Haddad

La visite du secrétaire d’État adjoint américain à Beyrouth soulève de nombreuses interrogations et autant de spéculations. Ce qui a filtré de ses entretiens avec les personnalités et les dirigeants libanais alimente ce climat de confusion, d’autant que, selon les échos parvenus à la presse, Jeffrey Feltman aurait évoqué les prochaines élections législatives avec ses interlocuteurs du 14 Mars et réservé son souci de la stabilité du Liban à ses entretiens avec les responsables officiels, tout en parlant avec tous de la situation en Syrie et des réfugiés syriens. Les piliers du 8 Mars, qui à part le président de la Chambre Nabih Berry ont été exclus des rendez-vous de Feltman, s’intéressent beaucoup à ce qu’aurait déclaré le diplomate américain à ses interlocuteurs du 14 Mars sur les prochaines législatives.

Selon des sources proches de la majorité, Feltman aurait clairement poussé le 14 Mars à saisir l’occasion que représentent les élections de 2013 pour reprendre l’initiative et retrouver une majorité parlementaire suffisamment large pour leur permettre de gouverner le pays pour les quatre prochaines années, tout en insistant sur la nécessité de garder la loi électorale de 2009 et de rejeter en tout cas toute tentative d’adopter un mode de scrutin proportionnel.

Les milieux du 8 Mars font un parallèle entre la situation qui prévalait en 2005 et celle qui prévaudra en 2013. En 2005, le Premier ministre Rafic Hariri venait d’être assassiné, et les troupes syriennes s’étaient retirées du Liban dans la foulée de cet assassinat. Feltman était alors l’ambassadeur de son pays au Liban et il avait, ainsi que la secrétaire d’État Condoleezza Rice, insisté pour la tenue des élections législatives à la date prévue, c’est-à-dire en mai de la même année. De nombreuses voix s’étaient pourtant élevées à l’époque pour réclamer un report ne serait-ce que d’un mois pour permettre une meilleure préparation de ces élections (d’autant que le général Michel Aoun n’était rentré au Liban que le 7 mai, alors que le chef des Forces libanaises était encore détenu à Yarzé en attendant l’adoption de la loi sur l’amnistie). Mais les États-Unis avaient insisté sur la tenue des élections le plus rapidement possible pour que le 14 Mars puisse obtenir une large majorité parlementaire et procéder par la suite à l’élection d’un nouveau président de la République et à la formation d’un gouvernement dominé par la nouvelle majorité parlementaire. Certaines personnalités avaient toutefois proposé d’élire d’abord un nouveau président avant d’organiser les élections législatives, mais les États-Unis ne voulaient pas que le Parlement élu sous la tutelle syrienne puisse élire un nouveau président. Najib Mikati avait donc formé son premier gouvernement, avec une seule mission : organiser les législatives. Dans ce contexte de confusion et de pression internationale, le Hezbollah et Amal avaient conclu le fameux accord quadripartite avec le courant du Futur et le parti de Walid Joumblatt qui avait permis au 14 Mars de remporter la majorité parlementaire et de former le premier gouvernement de Fouad Siniora avant de se retourner contre le duo chiite.

Selon les sources du 8 Mars, la priorité pour Feltman serait donc de tenir des élections législatives à la date prévue et selon la loi de 2009 pour permettre une nouvelle victoire au 14 Mars, tout en maintenant l’actuel gouvernement, puisque Mikati a montré qu’il respectait ses engagements et prenait en considération les souhaits de la communauté internationale. Feltman aurait aussi évoqué avec ses interlocuteurs la situation en Syrie assurant qu’elle devrait évoluer dans le sens favorable aux thèses du 14 Mars. D’où la nécessité pour ce mouvement de continuer à appuyer l’opposition syrienne. Voilà, en gros, les conclusions auxquelles ont abouti les milieux du 8 Mars pour évaluer les discussions du secrétaire d’État adjoint américain avec les personnalités du 14 Mars. Ils s’emploient désormais à mettre au point un plan contraire qui leur permettrait de remporter les prochaines élections. C’est dire combien l’enjeu est vital pour les deux camps et combien la campagne ouverte d’ores et déjà s’annonce féroce.

  The New York Times (Quotidien étasunien, 30 avril2012)

Le Liban pourrait être le théâtre du retour de la spirale des assassinats ciblés, similaire à celle qu’il a connu l’attentat contre Rafic Hariri en 2005. Le fait que les instigateurs de ces assassinats n’aient toujours été arrêtés a permis au monde politique libanais de les utiliser comme arguments du débat public. Quelques heures après avoir été visé, Samir Geagea a mis en cause « un commando professionnel qui dispose de grands moyens, avec des ramifications au sein de l’État libanais, qui aurait un intérêt à changer le rapport de force politique au Liban ».

Il n’est jamais cité, mais pourtant c’est bien du Hezbollah dont il s’agit. L’implication du Hezbollah et la Syrie dans ces tentatives d’assassinat est plausible pour certains. « Il était prévu depuis longtemps que l’instabilité et l’agitation croissante en Syrie se reflèterait d’une manière ou d’une autre au Liban », explique Imad Salamé, professeur de sciences politiques à l’AUB. La tentative contre Geagea « peut très bien être un message disant aux dirigeants politiques qui critiquent le régime syrien ou ceux qui militent pour un changement de régime en Syrie qu’ils peuvent être assassinés ou tués ».

Mais il y a aussi des sceptiques. « Nous avons la question de ce que les Syriens auraient réellement à gagner en déstabilisant le Liban ? », explique son collègue à l’AUB, Hilal Khachan. « Secouer le Liban ne réduirait l’ampleur de la crise en Syrie ». Khachan note que le Hezbollah fait « profil bas et fait au mieux pour préserver la stabilité du Liban ».

  The Wall Street Journal (Quotidien états-unien, 30 avril2012)

Ces dernières semaines, l’administration Obama a intensifié sa surveillance du système financier libanais. Elle justifie le renforcement de sa vigilance en expliquant que la Syrie, l’Iran et le Hezbollah pourraient utiliser les banques libanaises pour échapper aux sanctions internationales et pour financer leurs activités.

Malgré le travail de Beyrouth et de Washington de ces 14 derniers mois qui ont conduit à des sanctions contre les branches de certains établissements libanais, le département du Trésor et de la Drug Enforcement Administration poursuivent leurs investigations. Selon des responsables au sein de l’Administration, ces organismes recherchent des preuves impliquant le Hezbollah dans des opérations de blanchiment d’argent. Ces responsables expliquent être sur la piste d’un narcotrafiquant libanais qui aurait transféré des centaines de millions de dollars à la milice politique.

De plus, le département du Trésor aurait également incité sur les régulateurs du secteur financier libanais à surveiller plus étroitement les banques locales qui effectuerait des transactions avec Damas et à Téhéran, selon de hauts responsables américains.

Les États-Unis croient le président syrien Bachar al-Assad pourrait essayer d’utiliser ces circuits financiers pour transférer ses avoirs aujourd’hui bloqués suite aux différentes sanctions prises par la communauté internationale contre le gouvernement syrien, après le début de la répression qui sévit dans le pays.

Si les premiers soupçons, et les premières sanctions, se sont portés sur la Lebanese Canadian Bank et la SGBL, d’autres banques libanaises et internationales pourraient subir le même sort.

Source
New Orient News