Monsieur le Président, Cher Shimon Peres, vous savez quel est l’hommage qui vous est rendu, chaque fois que vous venez en France - c’était il y a quelques mois à Paris - comme homme de paix et comme responsable du peuple israélien depuis tant d’années. Monsieur le Premier Ministre, cher Benyamin Netanyahou, vous savez aussi le soutien que nous vous apportons pour la sécurité d’Israël. Je salue votre épouse.

Au-delà de vous, au-delà de vos personnes, je veux remercier le peuple d’Israël de m’accueillir comme président de la République française.

J’en mesure la portée dans le contexte où nous nous trouvons, avec des risques - vous avez parlé de l’Iran - et avec des opportunités - vous avez évoqué les négociations de paix. Mais je vois surtout, dans l’accueil que vous me réservez, le symbole de la constance, de l’amitié entre nos deux pays.

Depuis la première visite officielle d’un président de la République française en Israël - c’était en 1982 et c’était François Mitterrand - tous les présidents sont venus, ici en Israël, pour apporter le témoignage de l’engagement de la France envers votre pays. Aujourd’hui, je m’inscris dans ce fil historique, dans cette fidélité, dans cette cohérence. Une fois encore, je suis venu vous affirmer le message du soutien indéfectible de la France. Il s’appuie sur la longue histoire que vous avez rappelée, une histoire humaine, faite à la fois de destins partagés, mais aussi de souffrances, de douleurs, de tragédies.

La France sait ce qu’elle doit aux juifs de France, en matière scientifique, culturelle, intellectuelle, économique. La France sait ce qu’elle doit aussi à Israël, cette référence, ce combat qui a été le vôtre de génération en génération, pour créer cet État, dont vous célébrerez le 65ème anniversaire. Je me rendrai, dès aujourd’hui à Yad Vashem, au nom de la mémoire du martyr.

La visite que je fais aujourd’hui avec une délégation importante, permet de rappeler les liens humains qui nous unissent. 100.000 Français vivent ici en Israël et la communauté juive de France est la première d’Europe.

Mais je ne suis pas venu simplement pour évoquer le passé ou pour rappeler les relations qui nous unissent, elles sont connues. Je suis venu pour qu’il y ait une nouvelle impulsion à notre relation et notamment sur le plan économique et culturel.

Parce que vous êtes un grand pays : pas simplement par l’histoire qui est la vôtre, par le combat que avez mené, mais par une grande économie. Vous consacrez des sommes très importantes pour la recherche pour le développement. Vous êtes à la pointe de technologies qui font l’admiration du monde entier. On me dit qu’il y a plein d’entreprises qui connaissent un grand dynamisme, qui attirent même des capitaux américains... Alors, je souhaite que la France et Israël mènent cette coopération scientifique, économique au plus haut niveau.

Ma présence aussi, dans le contexte que j’évoquais, c’est pour vous confirmer l’engagement de mon pays à tout faire pour la paix. Pour la paix et pour la sécurité d’Israël, je fonde de grands espoirs dans les négociations que vous avez engagées avec les Palestiniens, elles devront déboucher sur une paix juste, durable, définitive, qui épuisera toutes les revendications. Je sais bien qu’il faudra du courage. Mais du courage vous en avez et vous pouvez même le partager ! Il vous faudra aussi de la constance, de l’obstination, il vous faudra du soutien, celui de la France vous est acquis.

Sur le dossier iranien, la France considère que la prolifération nucléaire est un danger, est une menace, et en Iran tout particulièrement. Une menace sur Israël, oui ; une menace sur la région, à l’évidence ; et une menace pour le monde entier. Lorsque la France défend ses positions dans les discussions qui sont en cours, c’est bien sûr en prenant en compte ce que vous exprimez vous-mêmes, mais c’est en ayant aussi conscience que c’est l’enjeu pour la planète, et c’est pourquoi la France ne cédera pas sur la prolifération nucléaire. Pour la France, tant que nous n’aurons pas la certitude que l’Iran a renoncé à l’arme nucléaire, nous maintiendrons toutes nos exigences et les sanctions.

Ce qui est vrai du nucléaire est vrai de l’arme chimique. La France, là aussi, a pris ses responsabilités. Elle s’est trouvé parfois un peu seule, mais vous en avez l’habitude... Parfois, mieux vaut être seul sur une bonne position que très nombreux sur une mauvaise ! Sur la Syrie, nous avons pu convaincre et faire en sorte qu’il puisse y avoir la destruction des armes chimiques et ensuite un processus politique qui doit s’ouvrir. C’est aussi ce que j’étais venu dire ici en Israël.

Vous êtes une grande démocratie - vous l’avez rappelé et vous pouvez en être fiers - car malgré les épreuves que vous avez rencontrées, jamais, je dis bien jamais, vous n’avez cédé sur la démocratie, sur le pluralisme, sur les droits. Vous nous faites grand honneur quand vous citez les philosophes des Lumières, les principes de la Révolution française. Mais nous les partageons, ils ne nous appartiennent pas, ils sont universels, comme les principes et les valeurs du judaïsme.

Je m’exprimerai devant la Knesset demain, comme mes prédécesseurs. Mais je tenais, dès les premiers pas que j’ai effectués sur cette terre à saluer le peuple d’Israël, si profondément lié à la France, à tous ces Israéliens qui parlent français - et ils sont nombreux - à la tête de l’État, mais bien au-delà.

Vous m’avez fait la délicatesse, l’élégance de parler français. Je vais tenter dans un hébreu moins fluide, mais tout aussi sincère de vous répondre « Tamid écha-èr ravèr chèl Israël » en hébreu, « je suis votre ami et je le serai toujours ». Merci.