L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et ses Etats membres, d’une part, et la Fédération de Russie, d’autre part, ci-après dénommés l’OTAN et la Russie, se fondant sur un engagement politique durable souscrit au plus haut niveau politique, construiront ensemble une paix durable et ouverte à tous dans la région euro-atlantique, reposant sur les principes de la démocratie et de la sécurité coopérative.
L’OTAN et la Russie ne se considèrent pas comme des adversaires. Elles ont pour objectif commun d’éliminer les vestiges de l’époque de la confrontation et de la rivalité, et d’accroître la confiance mutuelle et la coopération. Le présent Acte réaffirme la détermination de l’OTAN et de la Russie de donner corps à leur engagement commun de construire une Europe stable, pacifique et sans division, une Europe entière et libre, au profit de tous ses peuples. Prendre cet engagement au plus haut niveau politique marque le début d’une relation fondamentalement nouvelle entre l’OTAN et la Russie. Celles-ci ont l’intention de développer, sur la base de l’intérêt commun, de la réciprocité et de la transparence, un partenariat fort, stable et durable.
Le présent Acte définit les objectifs et le mécanisme de consultation, de coopération, de décision conjointe et d’action conjointe qui seront au coeur des relations mutuelles entre l’OTAN et la Russie.
L’OTAN a entrepris une transformation historique, qui est appelée à se poursuivre. En 1991, l’Alliance a revu sa doctrine stratégique pour tenir compte du nouvel environnement de sécurité en Europe. En conséquence, l’OTAN a réduit de manière radicale ses forces conventionnelles et nucléaires, et en poursuit l’adaptation. Tout en préservant la capacité de remplir les engagements pris dans le Traité de Washington, l’OTAN a renforcé et continuera de renforcer ses fonctions politiques et s’est chargée de nouvelles missions de maintien de la paix et de gestion des crises à l’appui des Nations Unies et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), comme en Bosnie-Herzégovine, pour relever de nouveaux défis dans le domaine de la sécurité en étroite association avec d’autres pays et d’autres organisations internationales. L’OTAN est engagée dans l’élaboration de l’Identité européenne de sécurité et de défense (IESD) au sein de l’Alliance. Elle continuera de développer un mode de coopération large et dynamique avec les Etats participants de l’OSCE, en particulier au travers du Partenariat pour la paix, et travaille avec les pays partenaires sur l’initiative visant à créer un Conseil de partenariat euro-atlantique. Les Etats membres de l’OTAN ont décidé d’examiner le concept stratégique de l’OTAN afin de veiller à ce qu’il soit pleinement compatible avec la nouvelle situation et les nouveaux défis qui existent en Europe sur le plan de la sécurité.
La Russie poursuit l’édification d’une société démocratique et la réalisation de sa transformation politique et économique. Elle élabore le concept de sa sécurité nationale et révise sa doctrine militaire afin qu’ils soient parfaitement adaptés aux nouvelles réalités dans le domaine de la sécurité. La Russie a procédé à de profondes réductions de ses forces armées, a opéré, à une échelle sans précédent, un retrait de ses forces des pays d’Europe centrale et orientale et de la région de la Baltique, et a retiré toutes ses armes nucléaires vers son propre territoire national. La Russie est déterminée à réduire encore plus ses forces conventionnelles et nucléaires. Elle participe activement à des opérations de maintien de la paix à l’appui des Nations Unies et de l’OSCE, ainsi qu’à la gestion des crises dans différentes régions du monde. La Russie contribue aux forces multinationales en Bosnie-Herzégovine.
I. Principes
Partant du principe que la sécurité de tous les Etats de la communauté euro-atlantique est indivisible, l’OTAN et la Russie travailleront ensemble pour contribuer à l’instauration en Europe d’une sécurité commune et globale, fondée sur l’adhésion à des valeurs, engagements et normes de comportement communs dans l’intérêt de tous les Etats.
L’OTAN et la Russie aideront à renforcer l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, notamment à développer encore son rôle d’instrument fondamental de diplomatie préventive, de prévention des conflits, de gestion des crises, de relèvement après un conflit et de coopération en matière de sécurité régionale, ainsi qu’à développer ses capacités opérationnelles pour l’accomplissement de ces tâches. L’OSCE, seule organisation de sécurité paneuropéenne, a un rôle clé dans la paix et la stabilité en Europe. En renforáant l’OSCE, l’OTAN et la Russie coopéreront à prévenir toute possibilité de retour à une Europe de division et de confrontation, ou l’isolement d’un Etat quel qu’il soit.
Tenant compte des travaux de l’OSCE sur un modèle de sécurité commun et global pour l’Europe du XXIe siècle, ainsi que des décisions du Sommet de Lisbonne concernant une Charte sur la sécurité européenne, l’OTAN et la Russie rechercheront la coopération la plus large possible entre les Etats participants de l’OSCE, afin de créer en Europe un espace de sécurité et de stabilité commun, sans lignes de division ni sphères d’influence limitant la souveraineté d’un Etat quel qu’il soit.
L’OTAN et la Russie posent en prémisse que l’objectif commun du renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la région euro-atlantique au profit de tous les pays impose de faire face à des risques et à des défis nouveaux, tels que le nationalisme agressif, la prolifération des armes nucléaires, biologiques et chimiques, le terrorisme, la persistance de violations des droits de l’homme et des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ainsi que les différends territoriaux non résolus, qui sont autant de menaces pour la paix, la prospérité et la stabilité communes.
Le présent Acte n’affecte pas, et ne peut être considéré comme affectant, la responsabilité primordiale du Conseil de sécurité des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ou le rôle de l’OSCE en tant qu’organisation générale et globale de consultation, de prise de décisions et de coopération dans sa zone et en tant qu’accord régional aux termes du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.
En appliquant les dispositions du présent Acte, l’OTAN et la Russie observeront de bonne foi les obligations qui sont les leurs en vertu du droit international et d’instruments internationaux, y compris les obligations découlant de la Charte des Nations Unies et des dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que les engagements qu’elles ont pris aux termes de l’Acte final d’Helsinki et des documents ultérieurs de l’OSCE, y compris la Charte de Paris et les documents adoptés au Sommet de l’OSCE à Lisbonne.
Pour réaliser les objectifs du présent Acte, l’OTAN et la Russie fonderont leurs relations sur un engagement commun en faveur des principes ci-après :
– développement, sur la base de la transparence, d’un partenariat fort, stable, durable et égal ainsi que de la coopération pour renforcer la sécurité et la stabilité dans la région euro-atlantique ;
– reconnaissance du rôle essentiel que jouent la démocratie, le pluralisme politique, la primauté du droit, le respect des droits de l’homme et des libertés civiles et le développement d’économies de marché dans le développement de la prospérité commune et de la sécurité globale ;
– abstention du recours à la menace ou à l’emploi de la force l’une contre l’autre ainsi que contre tout autre Etat, sa souveraineté, son intégrité territoriale ou son indépendance politique, de toute manière qui soit incompatible avec la Charte des Nations Unies et avec la Déclaration sur les principes régissant les relations mutuelles des Etats participants consignée dans l’Acte final d’Helsinki ;
– respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de tous les Etats et de leur droit inhérent de choisir les moyens d’assurer leur sécurité, de l’inviolabilité des frontières et du droit des peuples à l’autodétermination tels qu’ils sont consacrés dans l’Acte final d’Helsinki et dans d’autres documents de l’OSCE ;
– transparence mutuelle dans la formulation et la mise en oeuvre de la politique de défense et des doctrines militaires ;
– prévention des conflits et règlement des différends par des moyens pacifiques conformément aux principes des Nations Unies et de l’OSCE ;
– soutien, au cas par cas, d’opérations de maintien de la paix menées sous l’autorité du Conseil de sécurité des Nations Unies ou la responsabilité de l’OSCE.
II. Mécanisme de consultation et de coopération, le Conseil Conjoint Permanent OTAN-Russie
Afin de mener les activités et de poursuivre les buts prévus par le présent Acte, ainsi que d’élaborer des approches communes de la sécurité européenne et des problèmes politiques, l’OTAN et la Russie créeront le Conseil conjoint permanent OTAN-Russie. L’objectif central de ce Conseil conjoint permanent sera d’instaurer des niveaux croissants de confiance ainsi qu’une unité de dessein et des habitudes de consultation et de coopération entre l’OTAN et la Russie, afin de renforcer la sécurité de l’une et de l’autre et celle de tous les pays de la région euro-atlantique, sans réduire la sécurité de qui que ce soit. Si des désaccords surgissent, l’OTAN et la Russie s’efforceront de les régler dans un esprit de bonne volonté et de respect mutuel, dans le cadre de consultations politiques.
Le Conseil conjoint permanent offrira un mécanisme de consultation, de coordination et, dans toute la mesure du possible, là o’ il y aura lieu, de décision conjointe et d’action conjointe sur les questions de sécurité d’intérêt commun. Les consultations ne s’étendront pas aux affaires internes de l’OTAN, des Etats membres de l’OTAN, ou de la Russie.
L’OTAN et la Russie ont pour objectif commun d’identifier et d’exploiter le maximum de possibilités d’action conjointe. Elles comptent qu’à mesure que leurs relations se développeront, d’autres possibilités d’action conjointe se présenteront.
Le Conseil conjoint permanent sera le principal lieu de consultation entre l’OTAN et la Russie en cas de crise ou dans toute autre situation mettant en cause la paix et la stabilité. Des réunions extraordinaires du Conseil se tiendront en plus des réunions ordinaires, pour permettre de procéder rapidement à des consultations en cas d’urgence. Dans ce contexte, l’OTAN et la Russie se consulteront rapidement au sein du Conseil conjoint permanent au cas o’ l’un des membres du Conseil constaterait l’existence d’une menace pour son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité.
Les activités du Conseil conjoint permanent se fonderont sur les principes de la réciprocité et de la transparence. Dans le cadre du processus de consultation et de coopération, l’OTAN et la Russie s’informeront mutuellement des problèmes de sécurité qu’elles rencontreraient et des mesures que chacune compterait prendre pour y remédier.
Les dispositions du présent Acte ne donnent ni à l’OTAN ni à la Russie, de quelque faáon que ce soit, un droit de veto sur les actions de l’autre partie ; de même, elles n’empiètent pas sur le droit de l’OTAN ou de la Russie de prendre des décisions et de mener des actions de manière indépendante, et ne restreignent pas ce droit. Elles ne peuvent servir de moyen de porter préjudice aux intérêts d’autres Etats.
Le Conseil conjoint permanent se réunira à différents niveaux et sous différentes formes, selon la question à traiter et les souhaits de l’OTAN et de la Russie. Il se réunira deux fois par an au niveau des Ministres des affaires étrangères et au niveau des Ministres de la défense, et une fois par mois au niveau des ambassadeurs/représentants permanents auprès du Conseil de l’Atlantique Nord.
Le Conseil conjoint permanent pourra également se réunir, en tant que de besoin, au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement.
Le Conseil conjoint permanent pourra établir des comités ou des groupes de travail pour des sujets ou des domaines de coopération particuliers, sur une base ad hoc ou à titre permanent, comme il conviendra.
Sous les auspices du Conseil conjoint permanent se tiendront également des réunions des représentants militaires et des chefs d’état-major ; ces réunions auront lieu au moins deux fois par an au niveau des chefs d’état-major, et une fois par mois au niveau des représentants militaires. Des réunions d’experts militaires pourront être convoquées en tant que de besoin.
Le Conseil conjoint permanent sera présidé conjointement par le Secrétaire général de l’OTAN, par un représentant de l’un des Etats membres de l’OTAN par roulement, et par un représentant de la Russie.
L’OTAN et la Russie mettront en place les structures administratives nécessaires au soutien des travaux du Conseil conjoint permanent.
La Russie établira une mission auprès de l’OTAN dirigée par un représentant ayant le rang d’ambassadeur. Un représentant militaire de haut niveau et son personnel feront partie de cette mission aux fins de la coopération militaire. L’OTAN conserve la possibilité d’établir une présence appropriée à Moscou, selon des modalités qui restent à déterminer.
L’ordre du jour des réunions ordinaires sera établi conjointement. Des modalités d’organisation et un règlement intérieur seront mis au point pour le Conseil conjoint permanent. Ces dispositions seront en place pour la réunion inaugurale du Conseil conjoint permanent, qui se tiendra au plus tard quatre mois après la signature du présent Acte.
Le Conseil conjoint permanent s’engagera dans trois activités distinctes :
– procéder à des consultations sur les questions énumérées dans la section III du présent Acte et sur toute autre question politique ou de sécurité déterminée d’un commun accord ;
– sur la base de ces consultations, mettre au point des initiatives conjointes dans le cadre desquelles l’OTAN et la Russie conviendraient de s’exprimer ou d’agir en parallèle ;
– une fois le consensus réalisé au cours des consultations, prendre des décisions conjointes et mener des actions conjointes, cas par cas, qui comprennent la participation, sur une base équitable, à la planification et à la préparation d’opérations conjointes, y compris des opérations de maintien de la paix sous l’autorité du Conseil de sécurité des Nations Unies ou la responsabilité de l’OSCE.
Toutes les actions entreprises par l’OTAN ou la Russie, ensemble ou séparément, devront être en conformité avec la Charte des Nations Unies et les principes directeurs de l’OSCE.
Considérant l’importance d’un approfondissement des contacts entre les organes législatifs des Etats signataires du présent Acte, l’OTAN et la Russie encourageront également le développement du dialogue et de la coopération entre l’Assemblée de l’Atlantique Nord et l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie.
III. Domaines de consultation et de coopération
En construisant leurs relations, l’OTAN et la Russie concentreront leur attention sur des domaines spécifiques d’intérêt commun. Elles se consulteront et s’efforceront de coopérer dans toute la mesure du possible dans les domaines suivants :
– questions d’intérêt commun liées à la sécurité et à la stabilité dans la région euro-atlantique ou à des crises concrètes, ce qui inclut la contribution de l’OTAN et de la Russie à la sécurité et à la stabilité dans cette région ;
– prévention des conflits, y compris diplomatie préventive, gestion des crises et règlement des conflits, compte tenu du rôle et des responsabilités des Nations Unies et de l’OSCE et des travaux de ces organisations dans ces domaines ;
– opérations conjointes, y compris opérations de maintien de la paix, cas par cas, sous l’autorité du Conseil de sécurité des Nations Unies ou la responsabilité de l’OSCE, et, si des Groupes de forces interarmées multinationales (GFIM) sont utilisés dans de tels cas, participation à ces Groupes de forces à un stade précoce ;
– participation de la Russie au Conseil de partenariat euro-atlantique et au Partenariat pour la paix ;
– échange d’informations et consultations sur la stratégie, la politique de défense et les doctrines militaires de l’OTAN et de la Russie, ainsi que sur les budgets et sur les programmes de développement des infrastructures ;
– questions de maîtrise des armements ;
– questions de sûreté nucléaire sous tous leurs aspects ;
– prévention de la prolifération des armes nucléaires, biologiques et chimiques ainsi que de leurs vecteurs, lutte contre le trafic de matières nucléaires et renforcement de la coopération dans certains domaines de la maîtrise des armements, y compris les aspects politiques et de défense de la prolifération ;
– possibilités de coopération en matière de défense contre les missiles de théâtre ;
– amélioration de la sécurité de la circulation aérienne à l’échelle régionale, accroissement de la capacité de circulation aérienne et échanges mutuels, en tant que de besoin, pour promouvoir la confiance par des mesures accrues de transparence et des échanges d’informations concernant la défense aérienne et les aspects connexes de la gestion/du contrôle de l’espace aérien. Cela comprendra l’exploration des possibilités de coopération dans des domaines appropriés liés à la défense aérienne ;
– recherche d’une transparence et d’une prévisibilité accrues ainsi que d’une plus grande confiance mutuelle au sujet de la taille et des rôles des forces conventionnelles des Etats membres de l’OTAN et de la Russie ;
– échanges réciproques, en tant que de besoin, sur les questions relatives aux armes nucléaires, y compris les doctrines et la stratégie de l’OTAN et celles de la Russie ;
– coordination d’un programme de coopération étendue entre les institutions militaires respectives, selon les modalités détaillées ci-après ;
– recherche de possibilités de coopération en matière d’armement sous la forme d’une association de la Russie à la Conférence des Directeurs nationaux des armements de l’OTAN ;
– conversion des industries de défense ;
– mise au point de projets de coopération décidés d’un commun accord sur des questions économiques, environnementales et scientifiques en rapport avec la défense ;
– conduite d’activités et d’exercices conjoints dans le domaine de la préparation civile aux situations d’urgence et des secours en cas de catastrophe ;
– lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants ;
– amélioration de la compréhension par le public de l’évolution des relations entre l’OTAN et la Russie, notamment par l’établissement d’un centre de documentation ou d’un bureau d’information de l’OTAN à Moscou.
D’autres domaines pourront être ajoutés d’un commun accord.
IV.Questions politico-militaires
L’OTAN et la Russie affirment leur désir commun de parvenir à une stabilité et une sécurité plus grandes dans la région euro-atlantique.
Les Etats membres de l’OTAN réitèrent qu’ils n’ont aucune intention, aucun projet et aucune raison de déployer des armes nucléaires sur le territoire de nouveaux membres, et n’ont aucunement besoin de modifier un quelconque aspect du dispositif ou de la politique nucléaire de l’OTAN - et n’en prévoient nullement le besoin pour l’avenir. Cela inclut le fait que l’OTAN a décidé qu’elle n’a aucune intention, aucun projet et aucune raison d’établir des dépôts d’armes nucléaires sur le territoire de ces membres, que ce soit par la construction de nouvelles installations de stockage nucléaires ou par l’adaptation d’anciennes installations de stockage nucléaires. Par "dépôts nucléaires", on entend des installations spécifiquement conáues pour le stationnement d’armes nucléaires, et ce terme inclut toutes les catégories d’installations durcies, enterrées ou non (silos ou casemates de stockage d’armes) qui sont conáues pour entreposer des armes nucléaires.
Reconnaissant l’importance de l’adaptation du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE) pour le contexte plus vaste de sécurité dans la zone de l’OSCE et les travaux sur un modèle de sécurité commun et global pour l’Europe du XXIe siècle, les Etats membres de l’OTAN et la Russie oeuvreront de concert, à Vienne, avec les autres Etats Parties pour adapter le Traité FCE afin d’en améliorer la viabilité et l’efficacité, compte tenu de l’évolution de l’environnement de sécurité en Europe et des intérêts légitimes de sécurité de tous les Etats participants de l’OSCE. Ils ont pour objectif commun de conclure un accord sur l’adaptation dans les meilleurs délais possibles et, à titre de première étape dans ce processus, ils chercheront, de concert avec les autres Etats Parties au Traité FCE, à conclure, dès que possible, un accord cadre exposant les éléments fondamentaux d’un Traité FCE adapté, conformément aux objectifs et principes du Document sur la portée et les paramètres adopté à Lisbonne en décembre 1996.
L’OTAN et la Russie estiment qu’un but important de l’adaptation du Traité FCE devrait être de réduire dans des proportions sensibles, et compatibles avec les impératifs de défense légitimes de chaque Etat Partie, la quantité totale d’Equipements limités par le Traité qui est permise dans la zone d’application du Traité. L’OTAN et la Russie encouragent tous les Etats Parties au Traité FCE à envisager des réductions de leurs droits à dotation en équipements FCE, dans le cadre d’un effort global pour parvenir à des niveaux d’équipement plus bas conformes à la transformation de l’environnement de sécurité en Europe.
Les Etats membres de l’OTAN et la Russie s’engagent à faire preuve de retenue au cours de la période de négociation, comme il est prévu dans le Document sur la portée et les paramètres, en ce qui concerne les postures et les capacités actuelles de leurs forces armées conventionnelles - et en particulier leurs niveaux de forces et leurs déploiements - dans la zone d’application du Traité, de manière à éviter toute évolution de la situation en matière de sécurité en Europe qui affaiblisse la sécurité d’un Etat Partie, quel qu’il soit. Cet engagement ne préjuge pas des éventuelles décisions volontaires des différents Etats Parties de réduire leurs niveaux de forces ou leurs déploiements, ni de leurs intérêts légitimes de sécurité.
Les Etats membres de l’OTAN et la Russie partent du principe que l’adaptation du Traité FCE doit contribuer à garantir le même degré de sécurité à tous les Etats Parties, indépendamment de leur appartenance à une alliance politico-militaire, à la fois pour préserver et renforcer la stabilité et continuer de prévenir tout accroissement de forces déstabilisateur dans différentes régions d’Europe et dans l’ensemble du continent européen. Un Traité FCE adapté devrait aussi renforcer encore la transparence sur le plan militaire par un échange d’informations et une vérification étendus, et permettre l’accession éventuelle de nouveaux Etats Parties.
Les Etats membres de l’OTAN et la Russie proposent aux autres Etats Parties de procéder à une adaptation du Traité FCE qui permette aux Etats Parties de parvenir, dans la transparence et la coopération, à des conclusions au sujet des réductions qu’ils pourraient être prêts à effectuer et des plafonds nationaux qui en résultent pour les Equipements limités par le Traité. Ces plafonds auront alors valeur de limites obligatoires dans le Traité adapté qui sera à approuver par consensus par l’ensemble des Etats Parties, et à réexaminer en 2001, puis tous les cinq ans. Dans ce contexte, les Etats Parties tiendront compte de tous les niveaux d’Equipements limités par le Traité fixés par le Traité FCE initial pour la zone de l’Atlantique à l’Oural, des réductions substantielles opérées depuis lors, des changements dans la situation en Europe et de la nécessité de veiller à ce qu’aucun Etat ne voie sa sécurité diminuer.
Les Etats membres de l’OTAN et la Russie réaffirment que les Etats Parties au Traité FCE ne devraient maintenir, individuellement ou conjointement avec d’autres, que les capacités militaires à la mesure de leurs besoins légitimes de sécurité individuelle ou collective, eu égard à leurs obligations internationales, dont le Traité FCE.
Chaque Etat Partie se fondera, pour accepter les dispositions du Traité adapté relatives à l’ensemble des plafonds nationaux des Etats Parties, sur ses évaluations de la situation de sécurité actuelle et future en Europe.
De plus, au cours des négociations sur l’adaptation du Traité FCE, les Etats membres de l’OTAN et la Russie chercheront, avec d’autres Etats Parties, à renforcer la stabilité en développant encore les mesures destinées à prévenir toute concentration de forces conventionnelles pouvant constituer une menace dans des régions agréées de l’Europe, qui comprendront l’Europe centrale et orientale.
L’OTAN et la Russie ont clarifié leurs intentions en ce qui concerne leurs dispositifs de forces conventionnelles dans le nouvel environnement de sécurité en Europe et sont prêtes à se consulter sur l’évolution de ces dispositifs dans le cadre du Conseil conjoint permanent.
L’OTAN réaffirme que dans l’environnement de sécurité actuel et prévisible, l’Alliance remplira sa mission de défense collective et ses autres missions en veillant à assurer l’interopérabilité, l’intégration et la capacité de renforcement nécessaires plutôt qu’en recourant à un stationnement permanent supplémentaire d’importantes forces de combat. En conséquence, elle devra compter sur une infrastructure adéquate à la mesure des tâches précitées. Dans ce contexte, le renforcement peut s’opérer, en cas de besoin, pour assurer la défense contre une menace d’agression et pour des missions de soutien de la paix en conformité avec la Charte des Nations Unies et les principes directeurs de l’OSCE, ainsi que pour des exercices compatibles avec le Traité FCE adapté, les dispositions du Document de Vienne de 1994 et les mesures de transparence agréées d’un commun accord. La Russie fera preuve d’une retenue comparable dans ses déploiements de forces conventionnelles en Europe.
Les Etats membres de l’OTAN et la Russie s’efforceront de parvenir à une transparence, à une prévisibilité et à une confiance mutuelle plus grandes en ce qui concerne leurs forces armées. Ils respecteront pleinement les obligations qui leur incombent au titre du Document de Vienne de 1994 et développeront leur coopération avec les autres Etats participants de l’OSCE, y compris par le biais de négociations menées sous la forme appropriée, notamment dans le cadre de l’OSCE, pour promouvoir la confiance et la sécurité.
Les Etats membres de l’OTAN et la Russie utiliseront et amélioreront les régimes existants de maîtrise des armements et les mesures de confiance existantes pour créer des relations en matière de sécurité fondées sur une coopération pacifique.
L’OTAN et la Russie, afin de développer la coopération entre leurs institutions militaires, renforceront les consultations et la coopération politico-militaires, dans le cadre du Conseil conjoint permanent, grâce à un dialogue intensifié entre les hautes autorités militaires de l’OTAN et de ses Etats membres et celles de la Russie. Elles appliqueront un programme d’activités et de coopération pratique sensiblement élargies entre l’OTAN et la Russie dans le domaine militaire, à tous les niveaux. En conformité avec les principes du Conseil conjoint permanent, ce dialogue intensifié entre militaires reposera sur le principe selon lequel aucune partie ne considère l’autre comme une menace ou ne cherche à porter préjudice à la sécurité de l’autre. Ce dialogue intensifié entre militaires comprendra des exposés réciproques, à intervalles réguliers, sur la doctrine militaire et la stratégie de l’OTAN et de la Russie et sur le dispositif de forces qui en résulte, et il portera notamment sur les possibilités générales d’activités de formation et d’exercices conjoints.
Afin de favoriser ce dialogue intensifié et d’apporter un soutien aux éléments militaires du Conseil conjoint permanent, l’OTAN et la Russie établiront des missions de liaison militaires à différents niveaux sur la base de la réciprocité et d’arrangements mutuels additionnels.
Afin d’intensifier leur partenariat et d’avoir l’assurance que ce partenariat soit fondé autant que possible sur des activités pratiques et sur une coopération directe, les autorités militaires respectives de l’OTAN et de la Russie étudieront le développement d’un concept d’opérations de maintien de la paix conjointes de l’OTAN et de la Russie. Cette initiative devrait s’inspirer de l’expérience positive de leur coopération en Bosnie-Herzégovine, et les enseignements qui en ont été tirés serviront à l’établissement de Groupes de forces interarmées multinationales.
Le présent Acte prend effet à la date de sa signature.
L’OTAN et la Russie prendront les mesures appropriées pour assurer sa mise en oeuvre conformément à leurs procédures.
Le présent Acte est établi en deux exemplaires originaux dans les langues franáaise, anglaise et russe.
Le Secrétaire général de l’OTAN et le Gouvernement de la Fédération de Russie remettront au Secrétaire général des Nations Unies et au Secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe le texte du présent Acte en demandant de le distribuer à tous les membres de leurs Organisations.
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