J’ai l’honneur de me référer aux allégations portées contre la République de Colombie par le régime illégitime de Nicolás Maduro, en particulier au sujet des faits qui seraient survenus les 3 et 4 mai 2020.
Permettez-moi, pour commencer, de remercier tous les membres du Conseil de sécurité du soutien résolu et unanime apporté, par la présence de la mission politique spéciale et son travail coordonné avec l’équipe de pays, aux efforts de consolidation de la paix et de la sécurité déployés en Colombie. La Colombie reste attachée à la mise en œuvre de la politique dite de la paix dans la légalité, qui donne effet aux engagements pris dans le cadre de l’accord signé en 2016 avec l’ancien groupe de guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Mon pays respecte le droit international et défend ardemment le multilatéralisme et le dialogue comme voies de règlement des différends. C’est pourquoi nous reconnaissons l’importance du travail qu’accomplit l’Organisation des Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité.
Aux côtés de la cinquantaine de pays et d’organisations multilatérales telles que l’Organisation des États américains (OEA), la Banque interaméricaine de développement et la Société interaméricaine d’investissement, la Colombie dénonce, depuis plus d’un an, le régime dictatorial et illégitime de Nicolás Maduro au Venezuela, reconnaissant, en revanche, le Gouvernement provisoire du Président Juan Guaidó et le soutenant dans ses efforts pour rétablir la démocratie dans son pays. À cet égard, nous tenons à préciser, d’emblée, que la présente lettre n’est pas une réponse à celle qu’a envoyée le représentant dudit régime dans le seul but de faire illusion sur la gravité de la situation que connaît son pays en fabriquant de toutes pièces une série d’accusations qu’il porte contre la Colombie, son gouvernement et son président lui-même, sans aucune preuve crédible et en usant de la rhétorique mensongère dont les tenants de ce régime sont coutumiers.
Pour bien comprendre le contexte dans lequel s’inscrit la note émise par le régime, il importe de faire un rappel de ces dernières années de relations bilatérales entre les deux nations sœurs que sont la Colombie et le Venezuela ; il nous importe également de réaffirmer, à l’adresse du Conseil, l’adhésion indéfectible de la Colombie au droit international et son respect des voies diplomatiques.
Les relations entre la Colombie et le Venezuela ont toujours constitué, depuis que notre pays est une république, un enjeu stratégique. Depuis de nombreuses années, les liens historiques et culturels ainsi que les rapports de bon voisinage sont au cœur de notre politique étrangère.
La Colombie et le Venezuela partagent une longue histoire et une frontière sur 2 200 kilomètres – la frontière la plus vivante des Amériques, selon la formule couramment employée. Forts de ce constat, les deux pays ont entrepris de créer, dans les années 1990, une série de mécanismes bilatéraux devant permettre de relever, par un dialogue direct et constructif, les défis inhérents à ces relations, dans le cadre d’un programme politique binational portant sur un large éventail de questions d’intérêt commun.
C’est ainsi que chacun des deux pays est devenu le deuxième partenaire commercial de l’autre. En 2008, les échanges commerciaux des deux pays ont dépassé, en valeur, les 8 milliards de dollars des États-Unis, générant 500 000 emplois directs – résultats très importants, qui ont eu une incidence considérable sur le développement des deux économies. Or, les restrictions imposées à la Colombie et les changements de politique intérieure et étrangère opérés au Venezuela, en particulier l’annonce par le pays de son retrait officiel de la Communauté andine en avril 2006, ont fait chuter, selon la Chambre d’intégration économique vénézuélo-colombienne, le commerce bilatéral à 241 millions de dollars en 2019, avec la perte d’emplois qui s’en est suivie.
Après l’élection d’Hugo Chávez en 1998, et durant le mandat 1998-2002 d’Andrés Pastrana en Colombie, les contradictions du pays voisin sont devenues manifestes dans sa manière d’appréhender ses relations avec la Colombie, qui se déroulaient pourtant, à l’époque, dans un excellent climat de coopération.
La transition politique qui s’est amorcée au Venezuela avec l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez a contribué au report de questions décisives sur le plan bilatéral, compromettant le bon fonctionnement des voies institutionnelles existantes. Au cours des deux premières années de son mandat, Hugo Chávez, tout comme son ministre des affaires étrangères, José Vicente Rangel, ont fréquemment prononcé des déclarations sur l’évolution du processus de paix engagé à l’époque, en Colombie, avec l’ancienne guérilla des FARC, propos que le gouvernement de mon pays a dénoncés avec vigueur, les qualifiant d’ingérence dans les affaires intérieures de la Colombie.
Le 9 février 1999, quelques jours après son investiture, Chávez a déclaré que son gouvernement était « neutre » dans le conflit interne que connaissait la Colombie, ajoutant que « ce n’est qu’ainsi, en étant véritablement neutres tels un arbitre de boxe, que nous serons moralement qualifiés pour intervenir dans le conflit » . Le 15 février 1999, il a réitéré cette position de « neutralité », déclarant : « nous ne voulons pas nous mêler du conflit interne de la Colombie, ou plutôt, oui, nous voulons nous en mêler, mais pour parvenir à la paix » .
En mars de la même année, une rencontre entre Hugo Chávez et le Président colombien de l’époque, Andrés Pastrana, a été suspendue, en raison des propos tenus par le chef d’État vénézuélien au sujet du statut de belligérant des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP). Dans une déclaration faite aux médias, Chávez a donné à entendre que les forces de la guérilla colombienne conservaient la mainmise sur une partie du territoire colombien et que le gouvernement lui-même avait accordé un statut belligérant et politique au conflit interne – ce qui était faux.
Le Gouvernement colombien a rejeté avec vigueur la position adoptée par le Gouvernement vénézuélien et a rappelé que, conformément à l’article 3 commun des Conventions de Genève de 1949, l’application des règles prévues en cas de conflit armé non international est sans préjudice du statut juridique des parties au conflit. En dépit des tensions, et grâce à des efforts diplomatiques, une rencontre présidentielle s’est tenue, en mai 1999 à Ureña ; elle a donné lieu à une déclaration conjointe dans laquelle les deux gouvernements ont réaffirmé leur détermination à maintenir des relations cordiales fondées sur une approche globale.
Or, malgré les efforts de rapprochement, les faits ont montré que les tensions n’allaient pas s’apaiser de sitôt. Ainsi, le 22 juillet 1999, trois appareils de l’armée de l’air vénézuélienne ont violé l’espace aérien colombien qui surplombe la région de Vetas de Oriente, pénétrant de 15 kilomètres dans notre territoire national. En juillet également, le Venezuela a contrevenu aux règles commerciales de la Communauté andine en ordonnant le transbordement de marchandises à la frontière. Au cours des quatre années qui ont suivi, le Venezuela a imposé des restrictions unilatérales qui ont compromis l’intégration commerciale à laquelle nous étions parvenus.
Ajoutant aux épisodes frontaliers et commerciaux, Hugo Chávez a annoncé, en août 1999, son intention de rencontrer les forces de la guérilla colombienne au Venezuela, que le Ministre des affaires étrangères Rangel a justifiée en affirmant qu’ils se devaient de rencontrer « ceux qui détiennent le pouvoir ». En réponse, le 31 août de la même année, la Colombie a adressé à Hugo Chávez une note énonçant les critères de ce qui était attendu du Gouvernement vénézuélien pour que soient préservées les bonnes relations entre les deux pays. La lettre n’a jamais reçu de réponse.
Par la suite, en octobre 1999, les locaux de l’ambassade et du consulat de Colombie à Caracas ont été la cible d’attaques à l’arme à feu et à l’explosif. Le Gouvernement vénézuélien ne s’est pas exécuté lorsque le Gouvernement colombien lui a demandé de renforcer les mesures de sécurité au siège de ses missions diplomatiques. Après plusieurs mois de tensions, Hugo Chávez et le Président Pastrana ont signé, le 4 mai 2000, l’Engagement de Santa Marta, qui énonçait les principes et les mesures à mettre en œuvre pour faire avancer le programme politique binational.
Toutefois, le dialogue a été à nouveau interrompu par les déclarations de hauts fonctionnaires vénézuéliens sur les incidences du Plan Colombia, conçu, notamment, pour lutter contre le trafic de drogue et renforcer la structure institutionnelle de mon pays. Cette situation s’est vue aggravée par la recrudescence d’épisodes frontaliers entrepris à l’instigation du Venezuela, la suspension des mécanismes bilatéraux et la coopération avec des groupes armés illégaux opérant en Colombie.
Les 21 et 22 novembre 2000, au siège du Congrès (Palacio Federal Legislativo) à Caracas, Olga Marín et Hernán Ramírez, deux porte-parole bien connus de l’ancienne guérilla des FARC, ont participé au Symposium international sur le Plan Colombia et ses incidences en Amérique latine, bénéficiant, pour se rendre sur place, du soutien des autorités vénézuéliennes. À la suite de ces événements, l’ambassadeur de Colombie au Venezuela a été rappelé au pays, le 24 novembre 2000, pour consultations. Quelques jours plus tard, la Colombie a publié une déclaration officielle, dans laquelle le Gouvernement exprimait son mécontentement dans cette affaire, en précisant tous les éléments qui avaient conduit à la détérioration des relations bilatérales. Les faits se sont produits alors que se poursuivaient les violations de la souveraineté de la Colombie le long de la frontière entre les deux pays.
Le 30 novembre, à l’occasion de l’investiture du Président mexicain Vicente Fox, une rencontre a eu lieu entre les présidents colombien, mexicain et vénézuélien. Lors de cette rencontre difficile, il a été convenu de réactiver le Groupe des Trois – mécanisme d’intégration liant les trois pays. Au cours du dialogue, Hugo Chávez a informé le Président Pastrana que les FARC lui avaient demandé de leur vendre des armes et qu’il s’y était refusé, révélant ainsi combien il était proche du groupe.
À nouveau, la Colombie a eu recours aux communications diplomatiques pour rappeler les critères qui devaient guider le déroulement des relations entre les deux pays. Une lettre envoyée le 5 décembre 2000 est, elle aussi, restée sans réponse. En outre, en février 2001, la procédure d’expulsion de José María Ballestas, chef du commando terroriste de l’Armée de libération nationale (ELN) qui avait détourné un avion civil de la compagnie aérienne Avianca en 1999 et qui résidait sur le territoire vénézuélien, a été suspendue. Quelques mois plus tard, Ballestas a été extradé vers la Colombie, à l’issue d’efforts juridiques et diplomatiques répétés.
En mars 2001, le Gouvernement vénézuélien a annoncé, contre toute attente, qu’il allait entreprendre une manœuvre militaire – l’« opération Raz-de marée I » – à Castilletes, un des points les plus sensibles de la frontière entre la Colombie et le Venezuela, qui sert de base dans toutes les hypothèses employées pour effectuer les délimitations maritime et sous-marine dans le golfe de Coquivacoa. Ce type de manœuvre, faite sans notification ou coordination préalables entre les deux gouvernements, a été considéré comme un acte d’inimitié qui, fort heureusement, n’a pas entraîné de conséquences graves, mais qui a été le révélateur de la politique de harcèlement systématique appliquée par le gouvernement d’Hugo Chávez et de la détérioration des relations qui se trouvaient, à l’époque, au plus mal de leur histoire.
La Colombie est à l’avant-garde de la défense des valeurs démocratiques dans les Amériques, et ce depuis 1948, année de la tenue, à Bogota, de la neuvième Conférence interaméricaine, qui a donné lieu à l’adoption de la Charte de l’Organisation des États américains. La signature à l’unanimité, le 11 septembre 2001 à Lima, de la Charte démocratique interaméricaine, a été un des événements les plus marquants de ces dernières décennies. Examiné à la session de l’Assemblée générale de l’OEA tenue à San José (Costa Rica), du 3 au 5 juin 2001, le projet s’était heurté à l’opposition du Venezuela et de certains pays des Caraïbes. La Colombie, qui présidait le groupe de travail en charge du projet, est parvenue à faire adopter, lors de l’Assemblée générale de l’OEA réunie en session extraordinaire à Lima, cet instrument fondamental pour le maintien et la défense de la démocratie dans la région. Depuis lors, la Charte est un document d’orientation essentiel et incontournable pour la défense de la démocratie dans la région.
Après une période de calme relatif favorisée par une rencontre de haut niveau entre représentants des deux pays, les tensions ont été ravivées en 2002. La mise au jour de nouveaux éléments prouvant l’existence de contacts entre le Gouvernement vénézuélien et l’ancienne organisation de guérilla des FARC, ainsi qu’une nouvelle incursion de groupes de guérilla menée depuis le territoire vénézuélien contre l’armée colombienne à la frontière, sont quelques-uns des faits les plus marquants survenus à cet égard.
La Colombie a toujours appliqué une politique de bon voisinage dans ses relations frontalières, se révélant une partie prenante importante dans la recherche de solutions aux défis qui se posent, naturellement, sur une frontière aussi étendue que vivante. Dans sa politique étrangère, la Colombie a toujours préconisé, par principe, le respect du droit international et le non-recours à la force. Mon pays en a invariablement fait la démonstration dans les faits, depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez au Venezuela.
Hugo Chávez a dirigé le Venezuela de 1999 jusqu’à sa mort, survenue en 2013. Entre ces années-là, il est de notoriété publique que Chávez a mis sur pied une puissante milice paramilitaire – les « collectifs » –, dans le but d’étouffer toute tentative de soulèvement contre la « révolution bolivarienne ».
Pendant son long mandat, la corruption, le népotisme et la criminalité sont devenus des maux endémiques au Venezuela. Non content de fournir un soutien financier à ses sympathisants se trouvant à la tête de différents pays de la région, il a accueilli et protégé des groupes armés d’origine colombienne, tels que les FARC et l’ELN.
C’est dans ce contexte que Nicolás Maduro a accédé au pouvoir. Héritier des infrastructures mises en place par Hugo Chávez et Diosdado Cabello – connu pour son implication dans le fameux cartel dit de Los Soles –, Maduro, emboîtant le pas à Chávez, a créé les « milices chavistes » qui, avec les collectifs, font étalage d’un arsenal censé leur servir dans l’éventualité d’une attaque.
Sur plus de 20 ans, Chávez, puis Maduro, ont érigé en fondement de leur propagande les théories de la conspiration permanente contre leur régime, les fausses tentatives d’assassinat (toutes infructueuses) et les allégations d’atteintes à la souveraineté du Venezuela (toutes maîtrisées) .
Pendant les deux mandats du Président Alvaro Uribe en Colombie, entre 2002 et 2010, un fossé très profond s’est creusé entre les deux pays. Si des différends considérables portant sur les structures institutionnelles ou le développement économique ont pu l’opposer à ses voisins, la Colombie a toujours fait preuve d’un profond respect à leur égard, dans un cadre placé sous le signe de la pluralité, de la démocratie et du respect des règles et principes du droit international. En fait, c’est la volonté d’Hugo Chávez de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Colombie qui a été pour notre pays la principale source de tensions avec le Venezuela.
Il s’en est suivi une période difficile pour les travaux des réunions des chefs d’État et des ministres des affaires étrangères, pour le fonctionnement des commissions bilatérales et pour les échanges commerciaux. S’est également profilée une tendance à la « diplomatie du microphone » et à des rappels pour consultations des ambassadeurs en poste à Bogota et à Caracas, voire à l’expulsion regrettable du Venezuela du personnel diplomatique colombien en poste dans le pays.
Un des événements les plus marquants de cette période est l’intervention de la Colombie au Conseil permanent de l’OEA réuni, le 22 juillet 2010, en session extraordinaire, lors de laquelle elle a dénoncé, preuves à l’appui, la présence permanente au Venezuela de hauts dirigeants de l’ex-groupe des FARC et de l’ELN. Ces informations mettaient en cause des fonctionnaires vénézuéliens proches de Chávez.
À cette occasion, le Représentant permanent de la Colombie auprès de l’OEA a transmis les coordonnées géographiques des sites du territoire vénézuélien où les FARC-EP avaient installé des camps, accompagnées d’images photographiques, de séquences vidéo et de témoignages .
Lors de cette session, la Colombie a formellement demandé i) que le Gouvernement vénézuélien respecte ses obligations nationales et internationales, dénonce et poursuive ces groupes qui enlèvent, tuent et recrutent des mineurs et qui posent des mines antipersonnel, et qu’il les livre à la justice ; ii) qu’il soit créé une commission de vérification représentant tous les États de l’OEA pour inspecter ces sites. En outre, la Colombie a offert d’apporter au Venezuela et aux pays qui en feraient la demande toute l’aide judiciaire dont ils auraient besoin pour réprimer ces groupes criminels .
Le Représentant permanent a conclu son intervention en rappelant aux membres de l’Organisation leurs objectifs communs – la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme, la coexistence pacifique entre les peuples et la démocratie –, les invitant à ne pas oublier que la région est, depuis longtemps, une zone de paix pour les pays qui la composent, et qu’elle est un trésor que nous voulons tous préserver et sur lequel nous entendons tous veiller.
Cette session a été l’occasion d’appeler l’attention des États membres de l’OEA et de la communauté internationale sur les violations constamment commises par le Venezuela de ses obligations au regard des conventions des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité, de la Convention interaméricaine contre le terrorisme et des résolutions adoptées à ce titre.
Le Gouvernement du Président Uribe a également été la cible d’agressions constantes et d’accusations mensongères de la part du Venezuela. Hugo Chávez a ainsi accusé les services de renseignement colombiens d’ourdir des complots contre le Venezuela et avancé à maintes reprises que le chef de l’État colombien voulait le faire assassiner ou fomenter une guerre contre lui , le qualifiant de manipulateur et de menteur .
En février 2008, Chávez est allé jusqu’à affirmer que le Venezuela avait une frontière commune avec les FARC, donnant ainsi à entendre que les forces insurgées colombiennes constituaient un État à part entière, doté de lois, qui les appliquait et les faisait respecter, et que c’était là une réalité que l’on ne pouvait désormais plus ignorer . De tels propos, inacceptables pour le Gouvernement colombien, s’inscrivaient dans un scénario délibérément conçu par le pays voisin pour saper les institutions colombiennes.
Pendant les deux mandats du Président Juan Manuel Santos, entre 2010 et 2018, les vexations et provocations à l’égard de notre pays ont été incessantes, malgré ses tentatives en faveur d’une normalisation et d’une entente mutuelle. Deux semaines avant l’investiture présidentielle, la ministre nommée aux affaires étrangères a entamé un rapprochement avec son homologue vénézuélien dans le but de rétablir les relations entre les deux pays. Ce processus a bénéficié du soutien de M. Néstor Kirchner, qui était à l’époque le Secrétaire général de l’Union des nations de l’Amérique du Sud.
Trois jours après son entrée en fonctions, le 10 août 2010, le Président Santos a rencontré Hugo Chávez à Santa Marta pour relancer les relations entre les deux pays. Les deux dirigeants se sont entendus sur une feuille de route qui prévoyait l’instauration de six groupes de travail chargés, respectivement, du commerce, de la sécurité, des transports, de l’énergie, des frontières et des affaires sociales.
Pour autant, durant cette période, la Colombie a encore fait l’objet d’agressions incessantes et de fausses accusations. Le régime vénézuélien a accusé la Colombie d’être « à l’origine de tous ses maux » . En 2015, dans le cadre des opérations dites de libération du peuple (Operaciones para la Liberación del Pueblo), le régime a expulsé plus de 22 000 ressortissants colombiens qui vivaient dans la zone frontalière, détruisant leurs foyers, en violation flagrante des normes du droit international, provoquant des déplacements massifs de populations .
Plus tard, en décembre 2016, le Venezuela a accusé le Président colombien Juan Manuel Santos de troubler la paix en Amérique du Sud en favorisant la coopération militaire avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord .
En mars 2017, la situation s’est encore envenimée après que des troupes vénézuéliennes ont illégalement fait incursion en territoire colombien, dans un acte d’hostilité manifeste. Le Président Santos a exigé le retrait immédiat des troupes du territoire national et a appelé au maintien du dialogue par la voie diplomatique, jusqu’au retour à la normale. La Ministre vénézuélienne des affaires étrangères de l’époque a toutefois répliqué qu’en fait, l’acte en question était une patrouille de routine effectuée par les autorités sur le territoire vénézuélien limitrophe de la Colombie, affirmant que les forces armées nationales bolivariennes étaient déployées en permanence pour assurer la surveillance, le contrôle et la protection des frontières, dans le but de combattre les graves menaces que le paramilitarisme colombien, les groupes criminels, la criminalité transnationale et, en particulier, le trafic de drogue et la contrebande dérivée de l’extraction minière, font peser sur la paix et la stabilité du Venezuela .
En mai 2017, Nicolás Maduro a décidé de briser à nouveau les règles du jeu démocratique et institutionnel au Venezuela et de faire davantage pression sur l’opposition, en annonçant la convocation d’une assemblée constituante censée remplacer de fait l’Assemblée nationale légitimement élue. Le Président Santos a rejeté cette mesure, déclarant : « lorsqu’il [Maduro] a unilatéralement décidé d’élire une assemblée constituante, délégitimant ainsi l’Assemblée nationale afin de centraliser tous les pouvoirs, il a marqué le début de la fin pour la démocratie vénézuélienne ; c’est alors que j’ai commencé à prendre mes distances d’avec le Venezuela, cessant d’y voir une nation avec laquelle on pouvait avoir de bonnes relations » . Maduro a qualifié le rejet par le Président colombien des violations des droits civils et politiques au Venezuela de « coup de poignard dans le dos », l’accusant de prendre part à une campagne d’« agression systématique » .
Quelques jours avant la fin de son mandat, le Président Santos a à nouveau été accusé par Nicolás Maduro d’avoir commandité un attentat à l’explosif contre sa personne : « Je n’en ai aucun doute, a-t-il assuré : c’est l’œuvre de l’acharnement meurtrier de l’oligarchie colombienne. Et je suis sûr que toutes les preuves en seront révélées. Mais les premiers éléments de l’enquête pointent d’ores et déjà vers Bogota » .
Le Gouvernement du Président Duque, qui a entamé son mandat en août 2018, n’a pas été épargné par les attaques et les accusations infondées constamment lancées par le régime Maduro.
Dès janvier 2019, à l’instar d’autres pays attachés à la démocratie et respectueux de l’état de droit qui ont décidé de désavouer l’usurpation frauduleuse du pouvoir politique au Venezuela, la Colombie a indiqué sans équivoque qu’elle ne reconnaissait que le Président par intérim Juan Guaidó, élu par l’Assemblée nationale de son pays, et que tous les efforts diplomatiques visant à contribuer à une transition démocratique et pacifique au Venezuela seraient entrepris dans le strict respect des règles et principes du droit international.
La situation actuelle au Venezuela et son évolution future constituent un des principaux motifs de préoccupation en matière de politique étrangère pour la Colombie. Le rétablissement de l’ordre démocratique au Venezuela est d’une importance fondamentale pour la Colombie et pour la région.
La Colombie reconnaît le rôle irremplaçable des citoyennes et citoyens vénézuéliens dans le rétablissement de la démocratie et la normalisation constitutionnelle. C’est pourquoi elle soutient la voie tracée par l’Assemblée nationale et le Président par intérim Juan Guaidó pour que cesse l’usurpation, que soit formé un gouvernement de crise et que se tiennent des élections présidentielles libres, équitables, transparentes et crédibles, avec la participation de toutes les forces politiques démocratiques qui permettent la reconstruction économique. La diplomatie pour la démocratie, préconisée par la Colombie dans le cadre du Groupe de Lima, a permis d’avancer vers le rétablissement de la démocratie dans le pays voisin.
De même, l’immense flux migratoire en provenance du Venezuela, provoqué par l’effondrement de l’ordre démocratique et la détérioration accélérée de la situation économique et humanitaire dans ce pays, pose d’énormes défis à l’Amérique latine et, en particulier, à mon pays, qui est la principale destination non seulement des réfugiés et des migrants vénézuéliens, mais aussi des rapatriés colombiens.
C’est là une situation sans précédent dans la région, à la dimension humanitaire indéniable, qui appelle une réponse solidaire et responsable. Disposée à faire de ce défi une chance, la Colombie a décidé de le relever, sur trois plans – national, régional et multilatéral –, ce qu’elle a fait savoir dans différentes instances internationales.
Dès lors, et au vu de faits récents, tels que les fausses accusations proférées par le dictateur vénézuélien Nicolás Maduro à propos d’une participation à de prétendues actions dirigées contre son pays, il est impératif de réaffirmer la teneur du communiqué du Ministère des affaires étrangères en date du 7 mai dernier, dans lequel le Gouvernement colombien appelle l’attention de la communauté internationale sur l’insistance de ce régime à impliquer les autorités colombiennes dans des actions étrangères au droit international. La Colombie est un pays qui respecte le droit international et ne soutiendra jamais d’activités qui échappent à l’emprise de celui-ci.
Les accusations du régime ne sont pas nouvelles et participent, comme il a été démontré, d’une stratégie clairement conçue et articulée par la structure du pouvoir mise en place par Chávez et Maduro pour se faire une légitimité, faire diversion et discréditer les opposants.
Au cours des deux dernières décennies, le Venezuela a été entraîné dans une crise multidimensionnelle d’une ampleur colossale. Jadis une des nations les plus prospères d’Amérique latine, le pays a sombré dans une profonde détérioration économique, sociale, politique et institutionnelle.
Des experts issus d’universités de prestige et de centres de réflexion du monde entier considèrent le Venezuela comme un État pratiquement en faillite. Selon l’indice 2019 des États les plus fragiles du monde, publié par le Foreign Policy Magazine et le Fund for Peace, le Venezuela occupe la 32e place, sous la mention « situation extrêmement dangereuse » .
Les responsables de ce revers inédit dans l’histoire sont ceux qui, au Venezuela, ont exercé une mainmise sur la force publique et qui, par leurs politiques, ont dévasté et appauvri un peuple travailleur et épris de liberté. Dans le cas du Venezuela, il n’y a pas d’ennemi ou d’élément de distraction extérieur à blâmer pour les souffrances endurées par ses citoyennes et citoyens.
Qui aurait pu croire que le pays doté d’une des plus grandes réserves de pétrole, de gaz et de minéraux au monde se retrouverait plongé dans la pauvreté, privé de nourriture, d’électricité et d’essence pour sa consommation domestique ? Malgré le manque de transparence et l’impossibilité d’accéder aux informations officielles, les données ci-après permettent de se faire une idée de la situation actuelle au Venezuela.
Selon le Fonds monétaire international, le Venezuela a perdu, entre 2014 et 2019, les deux tiers – soit 65 % – de sa richesse. En 2019, ce chiffre est tombé à 35 % ; l’hyperinflation reste ancrée dans des taux à six chiffres, se situant à 9,585 % en 2019, selon la Banque centrale du Venezuela. La mauvaise gestion de la compagnie pétrolière d’État (Petróleos de Venezuela S.A. – PDVSA) et le manque d’investissements ont conduit à une réduction drastique de la production de pétrole, dont le volume est passé de trois millions de barils par jour en 1999 à 622 000 barils par jour en moyenne en avril 2020. Selon les estimations de la Banque mondiale, l’encours de la dette extérieure du Venezuela a augmenté de 213 % au cours des 20 dernières années, dépassant ainsi les 154 milliards de dollars. À ces chiffres s’ajoutent l’effondrement des services publics et un pouvoir d’achat en chute libre.
En termes de développement social, le Venezuela traverse une crise humanitaire, 94 % de la population n’ayant pas de revenus suffisant à couvrir ses besoins essentiels. Ces trois dernières années, selon l’enquête nationale sur les conditions de vie (Encuesta Nacional de Condiciones de Vida) menée par l’Universidad Central de Venezuela, l’Universidad Católica Andrés Bello et l’Universidad Simón Bolívar , la pauvreté multidimensionnelle a augmenté de 10 points, si bien qu’en 2018, elle touchait la moitié (51 %) des ménages. L’espérance de vie a diminué de 3,5 ans. Le salaire minimum mensuel est l’équivalent de 2,33 dollars et le chômage atteint un taux de 35 %, selon le Fonds monétaire international. Les Vénézuéliennes et Vénézuéliens ont énormément de mal à se procurer des aliments et de l’eau, des médicaments et des fournitures médicales, et souffrent des effets de la pénurie d’électricité et des carences de l’infrastructure hospitalière.
Dès 2003, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a relevé, dans son rapport sur la situation des droits humains au Venezuela , une faiblesse manifeste des piliers fondamentaux qui soutiennent l’état de droit dans un système démocratique tel que l’entend la Convention américaine relative aux droits de l’homme et d’autres instruments internationaux. Elle a observé des signes inquiétants de fragilité institutionnelle, notamment une incapacité d’appliquer intégralement la nouvelle Constitution, le sentiment que les pouvoirs de l’État manquent d’indépendance, une concentration croissante du pouvoir aux mains de l’exécutif, l’impunité dont jouissent certains groupes civils armés et milices d’autodéfense, la tendance du gouvernement à accabler et disqualifier l’opposition politique, les attaques incessantes dirigées contre les journalistes et les médias, la militarisation de l’administration publique découlant du rôle de plus en plus envahissant de l’armée, la radicalisation croissante des positions politiques sur fond de mécontentement de la société – dont les revendications ne sont pas prises en compte –, et les litiges au sujet de l’exercice des droits syndicaux.
Dans son rapport sur la démocratie et les droits de l’homme au Venezuela, publié en 2009, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a relevé à nouveau l’absence de séparation et d’indépendance des pouvoirs publics au Venezuela et l’imposition de sanctions de la part de l’État comme moyen d’intimidation ou de répression des opinions politiques . Elle y a également mis en garde contre les mécanismes mis sur pied au Venezuela pour limiter l’accès au pouvoir des candidats de l’opposition et contre la tendance inquiétante aux représailles, sous la forme de sanctions, d’actes d’intimidation ou d’agression dirigés contre quiconque manifeste publiquement son désaccord vis-à-vis des politiques officielles, notant avec inquiétude que le pouvoir irait même jusqu’à engager des poursuites pénales contre les dissidents, les accusant de délits de droit commun, pour les priver de leur liberté en raison de leur position politique.
En 2017, la Commission a publié un nouveau rapport, portant sur les institutions démocratiques, l’état de droit et les droits humains au Venezuela , dans lequel elle a établi un lien entre la grave détérioration de la situation relative aux droits humains et la grave crise politique, économique et sociale que traverse le pays depuis 2015. Lorsqu’il est devenu évident qu’une crise humanitaire de grande ampleur prenait corps, la Commission a décidé d’inclure le Venezuela dans son rapport annuel. Dans le même document, elle a noté que, « du point de vue institutionnel », le principe de la séparation des pouvoirs n’était pas reconnu et que l’application de sanctions se faisait dans le but de judiciariser la protestation pacifique et de poursuivre pénalement les dissidents politiques.
En 2017 également, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a publié un rapport sur les violations des droits humains et les atteintes à ces droits commises, dans le cadre des manifestations au Venezuela, entre le 1er avril et le 31 juillet 2017 . Dans ce rapport, le Haut-Commissariat a fait état de la répression croissante que subissaient les dissidents politiques de la part des forces de l’ordre du régime, signalant que des détenus, y compris des enfants, étaient soumis à diverses formes de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants tels que coups, décharges électriques, suffocation ou menaces d’agression sexuelle. Il y a également rapporté des cas de civils jugés en cour martiale, dont le droit aux garanties d’une procédure régulière a ainsi été violé.
Dans son rapport de 2018 sur les violations des droits humains en République bolivarienne du Venezuela (Human Rights Violations in the Bolivarian Republic of Venezuela : a downward spiral with no end in sight) , le Haut-Commissariat a conclu que les violations des droits humains commises lors de manifestations participent d’un système plus large de répression visant les dissidents politiques et toute personne qui, selon les autorités, s’oppose au gouvernement ou représente une menace pour son pouvoir. Il y a également noté que le Venezuela souffrait déjà, à l’époque, d’une crise sanitaire dramatique et d’un effondrement total du système de santé, qui se traduisaient par des violations massives du droit à la santé, et que la pénurie de denrées alimentaires, au demeurant inabordables, contraignait les familles vénézuéliennes à modifier leurs habitudes alimentaires et à trouver de nouvelles stratégies pour subsister.
La dérive antidémocratique a conduit l’autorité électorale contrôlée par Maduro à convoquer, le 20 mai 2018, des élections anticipées, frauduleuses, pour assurer à ce dernier un nouveau mandat dès janvier 2019 – soit sept mois plus tard –, et ce malgré la condamnation résolue de la part de la communauté internationale.
Le Groupe de Lima a déclaré qu’il ne reconnaissait pas la légitimité du processus électoral ni son résultat frauduleux – la réélection de Maduro – puisque les normes internationales d’un processus démocratique, libre, équitable et transparent n’avaient pas été respectées. Les pays membres ont ainsi convenu de réduire le niveau de leurs relations diplomatiques avec le Venezuela et ont réitéré leur inquiétude face à l’aggravation de la crise politique, économique, sociale et humanitaire qui détériorait la vie dans ce pays, comme en attestaient les migrations massives de Vénézuéliens, la déliquescence des institutions démocratiques, la disparition de l’état de droit et l’absence de garanties et de libertés politiques pour les citoyennes et citoyens .
Quelques jours plus tard, lors d’une réunion du Conseil permanent de l’Organisation des États américains, les pays du Groupe de Lima et les États-Unis d’Amérique ont dénoncé le simulacre d’élections qui s’était tenu au Venezuela, réitérant leur refus de reconnaître la réélection de Nicolás Maduro .
L’Union européenne, pour sa part, a dénoncé, par l’intermédiaire de sa Haute-Représentante pour la politique étrangère et de sécurité commune, les irrégularités commises lors des élections présidentielles et a assuré que les Vingt-Huit allaient « envisager l’adoption des mesures appropriées », ajoutant que les élections présidentielles et régionales s’étaient déroulées en l’absence d’accord national sur un calendrier électoral, compte non tenu des normes internationales minimales d’un processus crédible, et au mépris du pluralisme politique, de la démocratie, de la transparence et de la primauté du droit .
De toute évidence, la détérioration des valeurs fondamentales de la démocratie et de l’intégrité de l’état de droit s’est amorcée durant le premier mandat du gouvernement d’Hugo Chávez et n’a cessé depuis lors de s’accélérer, provoquant la faillite de l’État vénézuélien, qui est ainsi devenu incapable de préserver la vie de ses citoyens. Tout en affichant une rhétorique exaltatrice des valeurs de paix et de bien-être, le régime de Nicolás Maduro prive, en fait, les citoyens de son territoire des biens et des services essentiels à leur survie. La coercition et la répression de toutes les libertés ajoute à l’impossibilité, pour la communauté internationale, de vérifier la situation sur le terrain.
Malgré tout, le 4 juillet 2019, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a présenté un nouveau rapport sur la situation des droits de l’homme en République bolivarienne du Venezuela , dans lequel elle a dit avoir observé « des violations au caractère systématique qui ont directement ou indirectement des effets sur tous les droits de l’homme − civils, politiques, économiques, sociaux et culturels », confirmant « l’existence de violations du droit à l’alimentation, y compris des manquements à l’obligation de l’État de faire en sorte que la population soit à l’abri de la faim », et affirmant que « les violations du droit à la santé découlent du non-respect par le [régime] de ses obligations fondamentales, qui ne sont pas susceptibles de dérogation, même pour des raisons économiques ».
En outre, dans les observations et recommandations préliminaires qu’elle a formulées à la suite de sa mission d’observation de la situation des droits humains au Venezuela, effectuée le 8 mai 2020 depuis le territoire colombien , la Commission interaméricaine des droits de l’homme a estimé que l’aggravation de la crise politique et sociale au Venezuela, sur fond de répression généralisée, avait entraîné un état de non-droit dans le pays.
Depuis sa création, le 8 août 2017, le Groupe de Lima, dont sont membres l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, la Guyane, Haïti, le Honduras, le Panama, le Paraguay, le Pérou, Sainte-Lucie et le Venezuela , s’est employé sans relâche à favoriser le rétablissement de la démocratie et de l’état de droit au Venezuela, seule option pour atténuer la crise multidimensionnelle dont souffrent les citoyens de ce pays.
Le Groupe de Lima s’est réuni à 18 reprises jusqu’en mai 2020 ; dans ses déclarations, il a réaffirmé son soutien à une solution politique, pacifique, démocratique et dirigée par les Vénézuéliens à la grave crise que traverse le Venezuela. Tous les pays du Groupe ont convenu que la transition devait se faire dans le respect de la Constitution et des institutions vénézuéliennes, sans ingérence de la part d’autres pays, et encore moins par la violence. Ainsi, dans son dernier communiqué, le Groupe a soutenu le gouvernement d’urgence proposé par le Président Guaidó, en stricte application des dispositions de la Constitution vénézuélienne.
Le Groupe de Lima a également mis en évidence la collusion du régime Maduro avec des acteurs criminels divers, dont le groupe terroriste d’origine colombienne ELN, condamnant à plusieurs reprises une telle complicité.
Nicolás Maduro est à la tête d’un régime corrompu et criminel qui menace la stabilité et la sécurité de la région. Selon l’Indice de perception de la corruption 2019 de Transparency International, le Venezuela est le pays le plus corrompu d’Amérique latine et le cinquième pays le plus corrompu du monde . Transparencia Venezuela affirme que le pays est passé du stade de la corruption administrative et de la mainmise sur l’État à celui de la corruption généralisée, marqué par l’infiltration des plus hautes sphères des forces de l’ordre, qui est à l’origine de graves abus de pouvoir et de perturbations des fonctions publiques .
Cette situation est considérablement aggravée par la collusion du régime avec les groupes armés organisés qui profitent des produits de la criminalité et par le soutien qu’il leur apporte.
Ainsi, le 26 mars 2020, l’Attorney General des États-Unis, William P. Barr, a annoncé, lors d’une conférence de presse commune , le dépôt de charges pénales formelles dans le cadre de diverses procédures , pour les crimes de narcoterrorisme, de corruption, de trafic de drogue et d’autres délits, contre Nicolás Maduro ainsi que 14 fonctionnaires, anciens fonctionnaires et officiers et trois anciens hauts fonctionnaires du régime. L’accusation vise également deux membres de l’ancienne guérilla des FARC qui avaient négocié et signé avec le Gouvernement colombien, en novembre 2016, l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable .
Selon l’Attorney General des États-Unis, le régime vénézuélien, autrefois dirigé par Nicolás Maduro Moros, est toujours en proie à la criminalité et à la corruption. Pendant plus de 20 ans, Maduro et un certain nombre de ses collègues de haut rang auraient conspiré avec les FARC, favorisant l’entrée aux États-Unis de tonnes de cocaïne aux effets dévastateurs sur les collectivités du pays.
Pour l’Administrateur par intérim de la Drug Enforcement Administration, ces accusations mettent en lumière l’étendue de la corruption systémique rongeant les plus hautes sphères du régime de Nicolás Maduro. Ces fonctionnaires ont sciemment et à maintes reprises trahi le peuple vénézuélien, conspirant avec des trafiquants de drogues et avec des organisations terroristes reconnues, telles que les FARC, pour leur profit personnel.
Le même jour, l’acte d’accusation du District sud de New York, précédemment mis en réserve, a été rendu public ; y sont visés Maduro et plusieurs de ses collaborateurs, dont des membres de l’ancienne organisation de guérilla . Cette affaire porte sur les crimes commis depuis 1999 par les individus susmentionnés, en leur qualité de dirigeants ou parrains du cartel de Los Soles, pour faciliter l’importation de cocaïne aux États-Unis, tant pour en tirer un profit personnel que pour accroître leur pouvoir, et pour « inonder » les États-Unis de ce stupéfiant et en répandre les effets néfastes sur la population.
Selon les éléments de preuve recueillis lors des négociations de paix menées par les FARC avec le Gouvernement du Président de l’époque, Andrés Pastrana, les guérilleros s’étaient entendus avec les dirigeants du cartel de Los Soles pour délocaliser une partie de leurs opérations au Venezuela, sous la protection du cartel. Depuis lors, ils ont expédié conjointement de la cocaïne du Venezuela vers les États-Unis en passant par des points de transbordement dans les Caraïbes et en Amérique centrale. Le Département d’État des États-Unis estime que, jusqu’en 2004, 250 tonnes ou plus par an auraient transité par le Venezuela, par voies maritime et aérienne.
En tant que chef du cartel de Los Soles, Maduro a négocié des cargaisons de plusieurs tonnes de cocaïne produite par les FARC, ordonné au cartel de fournir des armes de guerre aux FARC, fait la liaison avec d’autres pays pour faciliter le trafic de drogue à grande échelle et demandé aux chefs des FARC de l’aider à entraîner des milices qui servaient d’unité paramilitaire au sein du cartel.
Quant à Vladimir Padrino , il est accusé, entre autres, d’avoir conspiré avec des tiers, entre 2014 et 2019, en vue de transporter de la cocaïne à bord d’avions immatriculés aux États-Unis. En sa qualité de général chargé de la lutte contre la drogue, il a donné l’ordre ou l’autorisation de forcer des appareils suspects à atterrir ou de les abattre, mais il a aussi permis à plusieurs reprises à d’autres avions de traverser l’espace aérien vénézuélien en échange de pots-de-vin versés par les trafiquants de drogues.
Enfin, Maikel Moreno est accusé des délits de blanchiment de capitaux et de conspiration à des fins de blanchiment de capitaux, représentant des dizaines de millions de dollars de sommes qu’il a reçues ou aurait dû recevoir et de pots-de-vin qui lui ont été versés pour régler illégalement des dizaines d’affaires civiles ou pénales au Venezuela .
Des indices de plus en plus nombreux révèlent l’existence de liens entre le régime de Nicolás Maduro et l’organisation terroriste d’origine colombienne ELN et d’autres groupes armés organisés impliqués dans l’exploitation illégale de l’or et d’autres minéraux dans l’Arc minier de l’Orénoque, tout comme la présence croissante du Hezbollah sur le territoire du pays.
Les groupes armés organisés d’origine colombienne constituent, de fait, la plus grande menace pour la stabilité démocratique et la sécurité en Colombie et dans la région, car ils peuvent évoluer pour devenir des organisations transnationales se livrant à des activités criminelles et terroristes. Si les conditions actuelles se maintiennent, cette tendance, accentuée par le laxisme, voire le soutien, des membres du régime, pourrait amener ces organisations à se développer de manière exponentielle.
La présence et les activités de l’ELN et d’autres groupes armés organisés au Venezuela sont la manifestation d’un système de macrocriminalité cautionné par le régime Maduro, qui offre protection et liberté d’action à des organisations considérées comme terroristes par l’Union européenne et les États-Unis.
En février 2019, l’International Crisis Group a indiqué que les réseaux criminels vénézuéliens et les groupes de guérilla colombiens faisaient peser de nouvelles menaces dans le sud du Venezuela en s’affrontant pour le contrôle des précieuses ressources minérales de la région. Les tensions et la violence, montées en flèche les mois précédents, risquaient de s’exacerber, sur fond de crise présidentielle, au Venezuela .
En mars 2019, la fondation InSight Crime a rapporté que des dirigeants de l’ELN résidaient dans l’État d’Apure et utilisaient le Venezuela comme base pour coordonner leurs opérations et se tenir hors de portée des forces de sécurité colombiennes . Elle a souligné que « la situation au Venezuela aggravait la crise de gouvernance qui avait conduit à la hausse du taux de criminalité et à la pénétration du crime organisé dans les plus hautes sphères du Gouvernement. Ainsi, le pays était non seulement devenu un État mafieux mais cherchait également, dans le chaos institutionnel où il se trouvait, des alliés comme l’ELN ».
Conscients de la menace que le régime Maduro fait peser sur la stabilité et la sécurité régionales, les États parties au Traité interaméricain d’assistance mutuelle sont convenus d’en activer l’organe consultatif et de rechercher des solutions qui permettraient de protéger les pays de la région contre toute menace à leur intégrité.
Ainsi, le 23 septembre 2019, la Réunion de consultation des ministres des relations extérieures, agissant en tant qu’organe consultatif du Traité, a adopté la résolution 01/19, dans laquelle il est tenu compte du fait que l’ensemble des activités criminelles, conjugué à la crise humanitaire générée par la détérioration de la situation politique, économique et sociale en République bolivarienne du Venezuela, représente une menace pour le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent, au sens de l’article 6 du Traité interaméricain d’assistance mutuelle.
L’organe consultatif a tenu une deuxième réunion en décembre 2019 et ses équipes techniques ont continué de progresser dans la concrétisation de l’engagement des États parties à intensifier l’échange d’informations et la coopération judiciaire et policière pour mener des enquêtes, punir les auteurs d’actes criminels et geler leurs avoirs situés sur les territoires desdits États.
Le Gouvernement colombien agit dans le cadre des institutions et dans le respect rigoureux du droit international en vue d’encourager le retour à la démocratie au Venezuela. À cette fin, ses représentants ont déployé tous les efforts politiques et diplomatiques en leur pouvoir et se sont exprimés devant divers forums sur les atteintes et violations commises par le régime de Nicolás Maduro à l’encontre du peuple vénézuélien.
L’État colombien n’a en aucune manière caché ou dissimulé sa conduite. Au contraire, le Président de la République a dénoncé avec force l’illégitimité du régime de Nicolás Maduro et condamné la répression violente dirigée contre son propre peuple.
Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2019, le Président Duque a rappelé ce qui suit :
« La dictature vénézuélienne représente un maillon supplémentaire dans la chaîne du terrorisme transnational. Ses structures corrompues sont au service des cartels de la drogue. Ses pions sont les sbires de la mafia. Elle alimente la violence en Colombie. Elle protège des meurtriers et des violeurs d’enfants. Quiconque choisit de fermer les yeux sur ces ignominies se fait le complice de la dictature.
Mon gouvernement dispose de preuves indéniables du soutien de la dictature à des groupes criminels et à des narcoterroristes qui, du Venezuela, veulent attaquer la Colombie ».
En mai 2017, alors qu’il était sénateur de la République de Colombie, Iván Duque a déposé une plainte contre Nicolás Maduro pour crimes de droit international et autres infractions par action ou par omission, en application des dispositions du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Plus précisément, la plainte déposée par le sénateur et un groupe important de membres du Congrès de la République de Colombie et du Congrès national du Chili fait état de meurtres, de déplacements forcés, d’emprisonnements et d’autres privations de liberté physique contraires au droit international, d’actes de torture, de persécution pour motifs politiques, de génocide et d’apartheid commis contre les citoyens vénézuéliens avec la caution de M. Maduro Moros.
Le 30 mai 2018, le Secrétaire général de l’Organisation des États américains a adressé à la Procureure de la Cour pénale internationale une communication, dans laquelle il révèle qu’il est impossible d’accéder à une justice impartiale au Venezuela et que les pouvoirs publics ne sont pas indépendants. Il y fait part également du recours systématique, tactique et stratégique au meurtre, à l’emprisonnement, à la torture et à la violence sexuelle pour terroriser la population vénézuélienne.
S’appuyant sur l’accord de coopération signé entre l’OEA et la Cour pénale internationale en avril 2011, le Secrétaire général de l’Organisation communique des informations pertinentes obtenues grâce à des témoignages de particuliers ou auprès d’organisations non gouvernementales et d’organismes multilatéraux. Le rapport qu’il a soumis au Bureau de la Procureure bénéficie de l’appui d’un groupe d’experts internationaux, qui ont estimé qu’il existait des motifs raisonnables de penser que les faits requis au titre de l’article 53 du Statut de Rome datent au moins du 12 février 2014.
De même, le 25 septembre 2018, les chefs d’État argentin, canadien, chilien, colombien, paraguayen et péruvien ont signé une communication adressée à la Procureure de la Cour pénale internationale, dans laquelle ils ont officiellement demandé l’ouverture d’une enquête sur les crimes contre l’humanité commis sous le régime de Nicolás Maduro.
La Colombie n’a jamais été un pays agresseur, s’employant, au contraire, à renforcer ses institutions, à consolider ses capacités d’assurer la stabilité et la sécurité et à améliorer la qualité de vie de ses citoyennes et citoyens. Mon pays a reconnu de longue date l’importance des relations avec le Venezuela et cherché à établir les meilleures relations de voisinage possibles, en se fondant sur le fait incontestable que nous sommes des nations sœurs.
L’intégration, le développement des zones frontalières et le bon voisinage, piliers de la politique d’État développée par la Colombie, contrastent avec le soutien permanent au terrorisme et la connivence avec le crime organisé et le trafic de drogue, qui s’inscrivent dans une politique délibérée et systématique mise en œuvre par le Venezuela depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez et qui a compromis la sécurité nationale de la Colombie et mis en danger la stabilité de la région.
Dans la communication adressée par le représentant du régime au Conseil de sécurité et au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, il est fait référence à des faits qui se sont produits dans le cadre d’une intervention humanitaire demandée et autorisée par l’Assemblée nationale du Venezuela et son Président, Juan Guaidó.
Cette intervention avait pour unique but de fournir aux citoyens vénézuéliens les vivres et les médicaments dont ils avaient urgemment besoin, un effort auquel se sont joints le Brésil, Curaçao, le Chili, le Paraguay, les États-Unis et Porto Rico.
Les facilités de transit existant entre les deux pays grâce aux ponts internationaux situés dans le département de Norte de Santander ont permis à la Colombie de faire servir son territoire de canal humanitaire, et le Gouvernement national a déterminé qu’il serait de sa responsabilité de veiller à ce que l’aide soit acheminée aux volontaires et aux délégués de l’Assemblée nationale et de permettre le transport des biens vers les ponts internationaux concernés.
Malheureusement, les forces armées du régime au Venezuela et les groupes armés illégaux ont bloqué les ponts internationaux au moyen de conteneurs et empêché l’acheminement de l’aide. Des centaines de représentants de médias internationaux présents dans la ville de Cúcuta, dont les enregistrements photographiques et audiovisuels ont été largement diffusés, en plus des enregistrements des caméras de sécurité situées sur le pont Francisco de Paula Santander, rendent compte de ce qui s’est produit.
Les militaires du régime illégitime de Maduro se sont installés vers le milieu du pont international Simón Bolivar et de violents affrontements ont éclaté avec les délégués qui s’efforçaient d’acheminer l’aide vers le territoire vénézuélien.
La tension et les affrontements se sont progressivement intensifiés, faisant près de 700 blessés. Dans son rapport, le groupe d’observation de l’OEA a indiqué que la Garde nationale bolivarienne avait d’office tiré des gaz lacrymogènes en direction de la caravane, visant la majorité des personnes situées du côté colombien, ce qui avait provoqué une bousculade et un repli temporaire, et que, simultanément, des détonations (grenades incapacitantes et tirs d’armes à feu) s’étaient produites du côté vénézuélien.
Dans cette situation, le désordre ambiant et le dégoût d’appartenir à une institution entachée de corruption et de violations des droits humains à l’encontre de la population ont poussé quelque1 400 militaires à quitter les rangs des forces de l’ordre vénézuéliennes. Ceux-ci ont été accueillis par les autorités colombiennes, qui leur ont fourni logement et nourriture pour eux-mêmes et près de 400 membres de leurs familles, dans les mois qui ont suivi.
Le Gouvernement colombien a établi un protocole pour déterminer les conditions dans lesquelles ces militaires resteraient sur son territoire, afin d’assurer leur protection et d’éviter qu’ils ne forment des groupes militaires. En tout temps, l’objectif de la Colombie a été d’éviter des situations qui compromettraient la sécurité sur le territoire national.
En mai 2019, ce protocole de prise en charge des anciens membres des forces armées et de la police vénézuéliennes a été officialisé par un mémorandum d’accord signé avec le représentant du Président par intérim Juan Guaidó en Colombie. Cet instrument prévoyait l’octroi de prestations sociales aux anciens militaires, telles qu’un permis de séjour spécial, l’accès aux soins de santé de base et des places dans le système éducatif pour leurs enfants. La Colombie a insisté sur le fait que ces personnes ne seraient pas autorisées à exercer des fonctions militaires, de police ou de sécurité ni de défense, le port d’armes et d’uniforme leur étant au demeurant interdit .
À la suite de ces événements, Maduro a ordonné la rupture unilatérale des relations diplomatiques et consulaires avec la Colombie et donné 24 heures aux fonctionnaires colombiens pour quitter le territoire vénézuélien. Cette situation persiste encore aujourd’hui.
La version mensongère des faits présentée par le régime, qui allègue un acte d’agression commis sous le prétexte de l’acheminement de l’aide humanitaire, déforme la réalité, au mépris des efforts déployés pour pallier les besoins essentiels des citoyens vénézuéliens. Les faits en question ont été examinés par le Conseil de sécurité en février 2019. À cette occasion, la Colombie a présenté aux membres du Conseil des informations précises sur ce qui s’était produit.
Selon la plateforme internationale Response for Venezuelans (R4V), dirigée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations, 5 093 987 Vénézuéliennes et Vénézuéliens ont été contraints de quitter leur pays depuis 2016, et 36 % d’entre eux, soit 1 825 687 personnes, se trouvent en Colombie.
La Colombie a accueilli ce flux migratoire, le plus important au monde après l’exode syrien, avec générosité et fraternité, ce qui a exigé un effort considérable sur les plans financier et institutionnel. Sur instructions précises du Président Iván Duque, les frontières sont restées ouvertes jusqu’au 13 mars 2020, date à laquelle il a fallu fermer les points de passage migratoires, en raison du risque épidémiologique suscité par la pandémie de COVID-19. Jusqu’alors, environ 35 000 personnes franchissaient la frontière, chaque jour, pour recevoir des denrées alimentaires, des soins de santé et des biens de première nécessité.
La Colombie a adopté diverses mesures pour faciliter la régularisation des migrants vénézuéliens sur son territoire ainsi que leur permettre d’accéder aux services de santé et d’éducation et d’avoir un emploi formel. En outre, en août 2019, par décision administrative, elle a accordé la nationalité aux enfants de parents vénézuéliens nés en Colombie qui risquaient de devenir apatrides. Entre janvier 2015 et février 2020, 43 540 enfants nés sur le territoire colombien de parents vénézuéliens ont bénéficié de cette mesure.
Entre 2017 et 2019, 749 444 actes de soins ont été prodigués aux citoyennes et citoyens vénézuéliens dans le cadre du système de santé publique colombien, dont 141 575 à des femmes enceintes, et près de deux millions de vaccins ont été gratuitement administrés, principalement aux femmes et aux enfants âgés de 0 à 5 ans.
Plus de 200 000 enfants ont été pris en charge par le système de protection de la famille selon différentes modalités ; en mars 2020, 325 755 enfants et adolescents vénézuéliens étaient inscrits dans le système éducatif colombien.
En raison de la situation alarmante causée par la pandémie, il a fallu redoubler d’efforts pour continuer de fournir des soins de santé et de la nourriture aux personnes les plus vulnérables, y compris les migrants et les communautés d’accueil. Malgré tout, le Gouvernement colombien s’engage à rester solidaire avec celles et ceux qui ont dû fuir leur pays à cause de la répression exercée par Nicolás Maduro et ses acolytes contre leur propre peuple.
La communication adressée au Conseil de sécurité par le régime illégitime de Nicolás Maduro accuse inconsidérément la Colombie de tolérer sur son territoire la commission de crimes qui pourraient nuire au Venezuela. Rien n’est moins vrai.
Mon pays a mené une lutte acharnée contre la criminalité et la délinquance ; il a renforcé ses institutions et accompli d’importants progrès économiques et sociaux depuis le début de ce siècle. Le trafic de drogue et les groupes armés organisés qui exploitent les produits de la criminalité ne sont plus une menace pour les institutions démocratiques. Bien qu’ils soient source de violence et touchent surtout les communautés les plus vulnérables, ils sont combattus avec toute la rigueur de la loi.
Le régime mentionne la structure criminelle « Los Rastrojos », qui ferait partie d’un complot présumé visant à attaquer Nicolás Maduro et ses collaborateurs. De fait, le Ministère de la défense nationale le qualifie de groupe criminel organisé, et les forces de l’ordre ont pour instruction précise, depuis 2016, de poursuivre les criminels qui appartiennent à ce groupe et d’en réprimer les activités.
De même, la police nationale mène, en coordination avec le Bureau du Procureur général, des activités d’enquête contre « Los Rastrojos ». Depuis plus de deux ans, une campagne mise sur pied pour poursuivre les groupes criminels actifs à la frontière avec le Venezuela a permis de capturer 44 membres de cette structure, parmi lesquels six de ses chefs, dont cinq ont été neutralisés, et de saisir des armes.
D’après la communication, John Jairo Durán Andrade est l’une des personnes avec lesquelles le Président Juan Guaidó s’est entendu à des fins de « coordination logistique ». À cet égard, je tiens à vous informer que ce délinquant, qui fait effectivement partie du groupe criminel « Los Rastrojos », est titulaire d’une carte d’identité vénézuélienne et se trouve en détention depuis juin 2019, deux enquêtes ayant été diligentées par le Bureau du Procureur général contre lui.
Quant au criminel Elkin Javier López Torres, alias « Doble Rueda », également connu sous le nom de « La Silla » et appartenant au groupe criminel organisé « Oficina del Caribe » ou « La Silla », il a été capturé en décembre 2019 et est actuellement en détention. Il fait l’objet de six enquêtes, dirigées par le Bureau du Procureur général.
La communication mentionne également la saisie d’armes lors des faits survenus dans le département colombien de Magdalena le 23 mars 2020, et indique que l’État colombien a refusé de mener une enquête judiciaire. Cette affirmation est fausse. Dès la saisie, grâce à l’action efficace de la police de la circulation, un mandat d’arrêt a été délivré à l’encontre de la personne qui transportait les armes, deux perquisitions ont été effectuées et le Bureau du Procureur général a fait de l’affaire une priorité en la confiant à une unité spéciale placée sous sa supervision. Le cas de l’« opération Gideon » a été ajouté à cette enquête. Clíver Alcalá, qui a revendiqué l’acquisition des armes susmentionnées, s’est volontairement rendu aux autorités des États-Unis afin de collaborer aux poursuites judiciaires engagées contre lui dans ce pays.
La Colombie est un pays qui respecte la démocratie et les libertés et agira toujours dans le cadre de la Constitution et du droit international.
La crise multidimensionnelle qui sévit au Venezuela, aggravée par la pandémie de COVID-19, exige toute la solidarité de la communauté internationale. Mon pays continuera de soutenir toutes les mesures qui s’imposeront pour restaurer la démocratie et faciliter le redressement économique de cette nation sœur.
À cet égard, je veux, sans ambages, démentir catégoriquement tout lien présumé de mon gouvernement avec des actions contraires au droit international. Je tiens à rappeler que le seul objectif de la Colombie est que les citoyens vénézuéliens soient rétablis dans leurs droits. Le Conseil de sécurité peut être assuré que ce n’est pas mon pays qui représente une menace pour la paix et la sécurité internationales. Le Gouvernement du Président Iván Duque continuera de se vouer à l’édification de la paix en Colombie, à la consolidation et à la stabilisation de ses territoires et au rétablissement de la démocratie au Venezuela.
Enfin, je vous serais obligé de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre aux membres du Conseil de sécurité, pour information et suite à donner, et de le faire publier comme document de cet organe.
Source : Onu S/2020/424
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