La guerre dans les Balkans ne cesse de nous dévoiler la vraie nature de notre village planétaire". Rien n’est plus sacré, ni la sacro-sainte intégrité nationale, ni l’intégrité tout court. La loi est celle du plus fort. Ainsi, au lendemain du cinquième anniversaire du génocide des Tutsis rwandais, découvrons-nous la compassion sélective, pour ne pas dire discriminatoire des pays occidentaux envers les victimes de persécutions.

Alors qu’aujourd’hui dans le monde un réfugié sur trois est africain, soit 6.5 millions de personnes, l’ONU dépense quotidiennement 11 cents par réfugié africain contre $1.60 par Kosovar. En d’autres termes, un Kosovar en Albanie coûte 149 cents de plus qu’un Sierra-Léonien dans un camp en Guinée. Comment, alors, ne pas parler de racisme, de discrimination raciale :

un " Nègre " = 11 cents, un " Blanc " = 160 cents

C’est bien avec cette attitude condamnable que l’ONU a assisté au massacre d’un million de Tutsi en quelque semaine sans lever le petit doigt, bien que des casques Bleus de la MINUAR (Mission d’assistance des Nations unies au Rwanda) fussent présents au Rwanda pendant le génocide, en 1994. Malgré cela, le Conseil de sécurité des Nations Unies, au lieu d’augmenter le nombre des casques Bleus au Rwanda, vota la diminution de la MINUAR le 27 avril 1994, passant de 2700 à 450 hommes alors que les tueries faisaient rage. Du jour au lendemain, des milliers de Tutsi réfugiés dans les casernes de casques Bleus furent abandonnés à leurs bourreaux. L’argument du traumatisme de la mort des dix casques Bleus belges, reste dérisoire face à l’horrible spectacle de femmes et d’enfants abattus à coups de machette.

Deux poids, deux mesures ! Même avant les bombardements, on parlait déjà de reconstruire le Kosovo et la Serbie. Le cynisme atteint son paroxysme lorsqu’on sait que le Rwanda peine à rembourser sa dette extérieure tout en tentant tant bien que mal de se restructurer par lui-même. Comment la communauté internationale ose-t-elle demander aux survivants du génocide le remboursement de l’argent même qui acheta les machettes de leurs bourreaux ? Les fonctionnaires onusiens sont-ils au-dessus de la loi ? En tant que responsable des opérations de maintien de la paix onusienne en 1994, Mr Koffi Annan était personnellement chargé du retrait de la MINUAR du Rwanda en plein génocide. Pourtant désormais secrétaire général de l’ONU, voilà à présent qu’il préside une enquête onusienne sur les erreurs de l’organisation au Rwanda. C’est-à-dire qu’on demande à M. Koffi Annan d’éclaircir ses propres erreurs d’appréciation de la situation qui prévalait au Rwanda en 1994. La déontologie exigerait qu’il démissionne de son poste... Mais, comme d’habitude, au contact de l’Afrique, tout se gangrène, surtout à l’ONU.

Encore un exemple flagrant de cette politique à double vitesse : l’indulgence des autorités en Occident envers le révisionnisme et le négationnisme du génocide rwandais. Ainsi, en février 1998, l’écrivain français Roger Garaudy fut condamné par le tribunal Correctionnel de Paris à une amende de 120 000 francs pour diffamation raciale après avoir mis en cause des crimes contre l’humanité dans son livre "Les Mythes fondateurs de la politique d’Israël". Un ouvrage publié en 1996 dans lequel il affirmait que le nombre de victimes juives de l’Holocauste était une exagération d’Israël. Pourquoi alors permettre à Bernard Debré, ancien ministre de la Coopération, dans son livre Le Retour du Mwami : la vraie histoire des génocides rwandais, de douter des crimes contre l’Humanité commis contre les Tutsi lors du génocide en 1994. Le titre à lui seul conteste un génocide reconnu et sanctionné par l’ONU. Une phrase, inscrite sur la quatrième de couverture accentue encore délibérément la confusion : (...) Il est pour le moins inhabituel de voir, aussi vite, des populations génocidées, minoritaires, se retourner brutalement contre leurs bourreaux pour, à leur tour, les massacrer. (...) Sous entendu, dans cette histoire, il n’y a ni bon, ni mauvais, ni bourreaux, ni victimes. Un discours digne de Le Pen, à un détail près... (B.S.)