Je parlerai maintenant en ma qualité de ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne.

Je remercie le ministre des Affaires étrangères Colin Powell pour les informations qu’il vient de nous communiquer. Le lieu et l’heure de cet exposé détaillé soulignent à nouveau que le Conseil de sécurité des Nations Unies est le centre de prise de décision en ce qui concerne la crise iraquienne, et qu’il le restera. L’Allemagne soutient cette approche. Au vu des conséquences qu’ils pourront avoir sur les décisions futures, les renseignements présentés doivent être analysés de près.

Nous pouvons déjà voir qu’ils coïncident en partie avec des informations dont nous disposons également. Ils sont basés sur un échange étroit d’informations.

À présent, il s’agit essentiellement de mettre à la disposition des inspecteurs des Nations Unies ces renseignements détaillés, pour autant que cela n’ait pas déjà été fait. Ils doivent s’en servir afin de pouvoir faire rapidement toute la lumière sur les questions en suspens. Plus ils disposent d’informations d’experts précises, plus ils pourront procéder de manière ciblée. C’est pourquoi l’Allemagne a, elle aussi, fourni dès le début les renseignements que nous avions à Hans Blix, à Mohamed El Baradei et à leurs équipes.

Depuis douze ans, le Conseil de sécurité travaille sur le dossier iraquien. Dans ce contexte, il est fondamental que le Conseil soit uni. Bagdad n’a cessé de violer les obligations stipulées dans les résolutions pertinentes du Conseil.

De même, nous sommes parfaitement conscients du caractère inhumain et brutal de la dictature de Saddam Hussein. Sous son autorité, l’Iraq a envahi ses voisins que sont le Koweït et l’Iran, lancé des missiles sur Israël et utilisé des gaz toxiques contre l’Iran et contre sa propre population kurde. Ce régime est horrible pour le peuple iraquien. Ainsi, depuis la guerre du Golfe, une politique d’endiguement efficace, des sanctions et un contrôle militaire effectif des zones d’exclusion aérienne ont été exécutés.

L’Iraq doit appliquer intégralement toutes les résolutions du Conseil de sécurité et désarmer totalement son potentiel d’armes de destruction massive. La présence des inspecteurs en Iraq en a d’ores et déjà nettement réduit le danger. Cependant, l’objectif de la résolution 1441 est un désarmement total et durable de l’Iraq. Dans son dernier rapport, Hans Blix a établi une longue liste de questions encore non résolues. Le régime de Bagdad doit sans délai répondre sans ambiguïté à toutes ces questions concrètes.

Malgré toutes les difficultés qui sont survenues, les efforts des Nations Unies visant au désarmement de l’Iraq n’ont pas été sans succès dans le passé. Dans les années 90, les inspecteurs ont pu détruire plus de capacités en armes de destruction massive que ce ne fut le cas pendant la guerre du Golfe. La menace qu’exerce l’Iraq sur la région a donc ainsi pu être nettement amoindrie.

Les inspections se basent aujourd’hui sur les résolutions 1284 et 1441. Les inspecteurs en désarmement de la COCOVINU et de l’AIEA se sont vu déléguer des pouvoirs plus vastes que jamais. Afin qu’ils puissent utiliser pleinement ces possibilités, il faut leur donner une chance réelle ainsi que le temps nécessaire.

L’inspecteur en chef, M. Blix, et le chef de l’AIEA, M. El Baradei, vont à nouveau se rendre le week-end prochain en Iraq et nous informeront ensuite. Le succès de ce voyage est crucial et il dépend fondamentalement de la coopération totale et active de Bagdad.

Tout un groupe d’États présume que le régime de Saddam Hussein dissimule des informations importantes et des capacités militaires. Cette forte suspicion doit être dissipée totalement. C’est précisément pour ce faire que la résolution 1441 prévoit l’instrument des inspections menées par la COCOVINU et l’AIEA.

Nous savons tous quels sont les dangers d’une action militaire et ses conséquences. C’est pourquoi nous devons continuer, en gardant à l’esprit l’efficacité du travail des inspecteurs, à chercher une solution pacifique à la crise. En matière de prévention de crises, de gestion de crises et de consolidation de la paix ("peace building"), le rôle-clé incombe aux Nations Unies en ce monde du XXIe siècle.

Sur la base de la résolution 1441 et à la lumière des expériences pratiques, il faut renforcer l’instrument des inspections et des contrôles. Nous avons besoin d’un régime sévère d’inspections approfondies qui puisse garantir durablement le désarmement total de l’Iraq en armes de destruction massive. Si nous durcissons les inspections, nous créons la possibilité d’aboutir à un règlement pacifique. Le Conseil de sécurité pourra efficacement appliquer, dans d’autres cas aussi, un système d’inspection si dur. Notre collègue français a fait, à ce propos, des propositions particulièrement intéressantes qui méritent d’être prises en considération.

Nous devrions, en outre, soutenir toutes les tentatives des États de la région qui fournissent à l’heure actuelle des efforts diplomatiques considérables pour convaincre le gouvernement iraquien d’appliquer totalement les résolutions. L’Iraq doit désarmer sans délai, ouvertement, dans la paix et en coopérant avec les inspecteurs.

Je vous remercie.