Afghanistan : récolte record en perspective, mais la sous-alimentation persiste
Rome, 24 juillet (FAO) — Les agriculteurs afghans sont sur le point de moissonner la plus grande quantité de blé jamais produite depuis deux décennies, selon Serge Verniau, Représentant de la FAO à Kaboul.
« Il y a un développement encourageant si l’on considère que ce pays a souffert énormément lors des conflits armés, accompagnés de quatre années de sécheresse », a déclaré M. Verniau. « Nous espérons que la récolte sera supérieure à 4 millions de tonnes. Ce pays aura malgré cela besoin d’importer environ 1 million de tonnes. »
Un rapport d’évaluation préparé par la FAO et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), et qui sera bientôt publié, fournira de plus amples informations.
Les perspectives de récolte se sont améliorées après de bonnes pluies, un meilleur accès aux semences et aux engrais et une situation plus stable du point de vue de la sécurité.
L’agriculture, une priorité majeure
« Je voudrais dire que les activités d’urgence de la FAO, telles que la fourniture d’engrais, de semences, d’outils et la maîtrise des infestations ravageuses des criquets dans le nord du pays, ont contribué à ce succès », a ajouté M. Verniau.
Près de 85 % de la population afghane vit de l’agriculture. Celle-ci devrait être considérée comme une priorité essentielle du point de vue des appuis financiers et politiques. « Par malchance, les acteurs principaux n’ont pas encore réalisé que l’avenir de l’Afghanistan est étroitement lié au développement de son secteur agricole », a déclaré M. Verniau.
Régimes alimentaires pauvres
La sous-alimentation chronique et la carence en micronutriments continuent à être un problème majeur en Afghanistan, selon la FAO. Sont principalement touchés les enfants, les femmes, les réfugiés et les habitants des régions reculées des montagnes.
« L’alimentation d’une bonne partie de la population afghane est déséquilibrée. Elle n’est pas calorique et surtout peu variée. Elle est pauvre en micro nutriments tels la vitamine A, le fer ou l’iode. Il existe des zones où le scorbut sévit du fait de la carence en vitamine C qui touche les populations des montagnes du Nord pendant les mois d’hiver », a précisé le Représentant de la FAO.
La pauvreté est toujours répandue dans le pays et la population n’a pas accès à un régime nutritif ou n’en a pas les moyens. Les Afghans se nourrissent principalement de pain et de thé, de petites quantités de lait et de yaourt et de quelques légumes. La consommation de fruits, de légumes et de viande est très faible. Les gens ne meurent pas de faim mais l’alimentation n’est pas assez riche pour permettre une bonne croissance physique et intellectuelle des enfants, et aux adultes d’être productifs, selon M. Verniau.
Les maladies du bétail menacent
La situation des éleveurs afghans ne s’est pas vraiment améliorée. Les épizooties, comme la fièvre aphteuse et la peste des petits ruminants, sont toujours très fréquentes et constituent une réelle menace pour les pays frontaliers, selon la FAO.
« Il est clair que sans une bonne stratégie de santé animale, la production de bétail pourrait rester faible, car minée par les maladies. La FAO va mettre en œuvre une campagne de vaccination pour contenir géographiquement les infestations les plus sévères », a précisé M. Verniau.
La FAO a, par ailleurs, entrepris un recensement national du bétail en vue d’obtenir une vision claire de la situation et de déterminer combien il reste d’élevages en Afghanistan après les conflits et la famine et dans quelles conditions ils produisent. C’est le premier recensement depuis des années.
Alternatives au pavot
La production de pavot a augmenté de près de 20% par rapport à l’année dernière, a affirmé le responsable de la FAO à Kaboul. Il existe des alternatives à la production du pavot, comme la réhabilitation de pépinières d’arbres fruitiers et la production de semences de légumineuses.
« Ce pays pourrait, par exemple, essayer de gagner des parts de marché sur les créneaux locaux grâce à la production organique et horticole. Cependant, il n’y a pas de solution immédiate au problème. La production de pavot offre des revenus et des emplois. Il faudra du temps pour mettre en place des alternatives crédibles. De plus, il faut créer les conditions d’application de la loi et instituer des contrôles. »
La FAO précise qu’elle a reçu des engagements financiers de donateurs mais 10 à 15 millions de dollars sont encore requis pour la réhabilitation de l’agriculture dans les mois à venir. La Commission européenne, l’USAID, les Pays-Bas, l’Italie et le Royaume Uni sont les principaux donateurs.
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