Je vous souhaite à tous la bienvenue au Siège de l’Organisation des Nations Unies. La participation active de la société civile aux travaux de cette Organisation concrétise la notion de « Nous, peuples des Nations Unies » - ces peuples au nom desquels la Charte des Nations Unies a été rédigée - et lui donne tout son sens.

Les efforts déployés pour résoudre le conflit israélo-palestinien font partie des travaux de l’Organisation pratiquement depuis sa création. Ces efforts se poursuivent en ce moment crucial, en coopération avec les autres membres du Quatuor - les États-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie et l’Union européenne.

Épaulés par le Quatuor et par la communauté internationale, Israéliens et Palestiniens se sont engagés à suivre la Feuille de route. L’objectif de cette dernière est évident : mettre fin au terrorisme et à la violence, mettre fin à l’occupation, trouver un règlement permanent au conflit sur la base des résolutions 242 (1967), 338 (1973) et 1397 (2002) du Conseil de sécurité, et réaliser la vision de deux États, Israël et la Palestine, vivant en paix côte à côte, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues.

Votre appui est indispensable si nous voulons faire de cette vision une réalité. Et il faut en faire une réalité si nous voulons que le peuple palestinien puisse enfin mener une vie normale dans la sécurité, sur une terre qui ne connaisse ni occupation militaire, ni troubles, ni conditions de vie insupportables, et que le peuple israélien puisse enfin vivre dans la paix et la sécurité et sans peur à l’intérieur de ses propres frontières.

La route de la paix est jonchée d’obstacles. Il est triste de constater qu’après des mesures initiales encourageantes prises par les deux parties, le cessez-le-feu ait été rompu. Le niveau de violence est monté brutalement le mois dernier, avec de nombreuses incursions dans les villes palestiniennes, des assassinats ciblés et d’autres mesures de représailles, ainsi que des attentats suicides meurtriers contre les Israéliens. Des civils palestiniens et israéliens continuent de trouver la mort dans des actes de violence indéfendables.

J’ai demandé aux parties de faire preuve de la plus grande retenue - de briser le cycle de la violence et de la contre-violence. Je répète cet appel tous les jours. Et j’exhorte les deux parties à renforcer leur engagement en faveur de la coopération en matière de sécurité, de façon à permettre au processus politique d’avancer.

La Feuille de route établie par le Quatuor demeure, si elle est appliquée intégralement et équitablement, le meilleur moyen d’obtenir un État palestinien indépendant et viable. Nous ne devons pas laisser le cycle renouvelé de la violence meurtrière nous écarter de cet objectif. Au contraire, il nous faut prendre et soutenir l’élan qui nous permettra de l’appuyer. Il faut que la communauté internationale tout entière redouble d’efforts pour aider les deux parties à rester sur la bonne voie.

L’expansion des colonies de peuplement et la construction de routes de contournement demeurent de sérieux obstacles à l’application de la Feuille de route, qui demande clairement le gel de toutes les activités de colonisation et le démantèlement des avant-postes de colonies établis depuis mars 2001. En outre, le mur construit en Cisjordanie sépare les Palestiniens de leurs terres agricoles et d’autres communautés palestiniennes, crée une situation de fait sur le terrain et va à l’encontre de la lettre et de l’esprit de la Feuille de route. Ces activités tendent à préjuger de l’issue des négociations à venir sur le statut permanent, et risquent de saper la vision d’un État palestinien stable et contigu aux côtés de l’État d’Israël.

De son côté, l’Autorité palestinienne doit agir résolument pour mettre fin aux attaques terroristes. Ce n’est pas par le terrorisme que l’on règlera le problème. La société civile, en particulier la société civile palestinienne, doit faire entendre sa voix haut et clair contre le terrorisme, car celui-ci non seulement est injustifiable, mais en outre nuit à la cause palestinienne.

Il importe également que l’Autorité palestinienne poursuive ses réformes de façon transparente, en consultation étroite avec la communauté internationale - plus particulièrement avec le Groupe de travail sur la réforme palestinienne établi par le Quatuor. La société civile a un rôle important à jouer ici aussi. Au printemps dernier, des représentants de la société civile ont été invités à participer au Comité national pour la réforme. Mais cela ne suffit pas. Il faut trouver des moyens novateurs pour faire participer davantage la société civile aux divers aspects du processus de réforme.

La situation humanitaire est gravement préoccupante. Les retraits israéliens se sont accompagnés d’un certain allégement des restrictions aux mouvements des travailleurs et des produits palestiniens. Mais les bouclages et les couvre-feux continuent d’être imposés en Cisjordanie. Les Palestiniens ne peuvent toujours pas se déplacer librement, chercher à obtenir des soins médicaux, emmener leurs enfants à l’école, ou s’occuper d’autres aspects de leur vie. L’ONU a souligné qu’il fallait que les agents humanitaires internationaux et locaux puissent avoir pleinement accès aux zones palestiniennes. Les Palestiniens ont besoin de voir des effets positifs réels et tangibles dans leur vie.

L’ONU, aux côtés des donateurs internationaux et des organisations non gouvernementales, est totalement engagée dans les travaux de développement et l’oeuvre humanitaire sur le terrain. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ainsi que d’autres organisations, poursuivront leurs efforts pour aider le peuple palestinien. Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel auprès de l’OLP et de l’Autorité palestinienne, Terje Roed-Larsen, se tient en contact étroit avec les parties, les autres membres du Quatuor et les donateurs, afin de promouvoir le dialogue politique et en matière de sécurité, et encourager la coopération sur les questions économiques et humanitaires.

Depuis plus de 50 ans, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) assure aux réfugiés palestiniens une vaste gamme de services essentiels. L’Office a besoin du soutien constant des donateurs en cette période de crise et de terribles difficultés économiques, alors qu’il se bat pour faire face aux déficits budgétaires et aux demandes croissantes de services.

Les travaux menés par les organisations de la société civile, individuellement et en partenariat avec l’ONU, contribuent considérablement aux efforts de paix et permettent d’apporter une assistance humanitaire des plus nécessaires. Les initiatives locales conjointes des ONG palestiniennes et israéliennes, et des groupes juifs et arabes aux États-Unis, en Europe et ailleurs, revêtent une importance particulière. Ces initiatives permettent à des Israéliens et Palestiniens ordinaires d’instaurer entre eux confiance et compréhension, ce qui jette la base du respect mutuel, de la coexistence pacifique et de la coopération.

Si nous voulons réaliser la vision de la Feuille de route, la société civile doit faire sa part. Je remercie donc le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien d’avoir organisé cette conférence, et je vous présente à tous mes meilleurs voeux pour que cette réunion soit productive et que le succès vienne couronner vos travaux.

Source : ONU