La situation au Proche-orient, y compris la question palestinienne
M. TERJE ROED-LARSEN, Coordonnateur du processus de paix au Moyen-Orient et Représentant spécial du Secrétaire général, s’est déclaré déçu de constater que depuis sa dernière intervention, le 19 août dernier, le processus de paix israélo-palestinien se trouvait dans une réelle impasse. Il a expliqué que la violence conjuguée à une mise en œuvre trop lente de la Feuille de route avait placé la région à un tournant. Prévenant d’un bain de sang en cas de statu quo, le Coordonnateur du processus de paix a rappelé que la semaine dernière, après les attentats-suicide à la bombe du 9 septembre, le Gouvernement d’Israël avait annoncé la décision de principe de son Conseil de sécurité d’écarter le Président de l’Autorité palestinienne quand cela lui conviendra.
Décrivant la situation actuelle sur le terrain, le Coordonnateur a appelé l’Autorité palestinienne à traduire en justice ceux qui ont planifié et entrepris les attaques terroristes et à honorer les obligations qui lui incombent en vertu de la Feuille de route. S’agissant d’Israël, le Coordonnateur a condamné les exécutions extra-judiciaires et rappelé à ce dernier son obligation, en tant que puissante occupante, de garantir la sécurité des civils palestiniens. Tout en reconnaissant le droit légitime d’Israël de défendre son peuple contre les attaques terroristes, M. Roed-Larsen a souligné l’obligation de s’abstenir d’utiliser une force démesurée et de respecter strictement le droit humanitaire international.
Le Coordonnateur a ensuite confié que la mise en œuvre de la Feuille de route n’a jamais véritablement commencé en raison de l’absence de la mise en œuvre de mesures qui auraient eu l’appui des deux parties. Aucune partie, a-t-il dit, n’a réellement pris en considération les préoccupations de l’autre partie, à savoir la sécurité pour Israël et la fin de l’occupation pour les Palestiniens. Israël, a ajouté le Coordonnateur, n’a jamais vraiment adhéré à la Feuille de route. Pour lui, les deux questions clefs du processus de paix sont le terrorisme et l’occupation. Sans appui populaire, a-t-il prévenu, aucun Premier Ministre palestinien ne pourra lutter efficacement contre le terrorisme et les organisations terroristes. Cet appui public, a-t-il prévenu, dépend de l’abandon par Israël de sa politique de peuplement.
Le Coordonnateur a donc insisté sur le principe de réciprocité qu’il a qualifié de donnée essentielle de la Feuille de route, et a regretté que la sécurité d’Israël soit apparue dernièrement comme le seul objet de la Feuille de route. Nous devons, a-t-il estimé, réévaluer le principe de réciprocité et nous attaquer au terrorisme et à l’occupation. M. Larsen a donc demandé au Quatuor de redoubler d’efforts, en reconnaissant pourtant que pour l’heure, ce dernier se trouve privé d’interlocuteur. Du côté palestinien, a-t-il dit, « un honorable et pacifique » Premier Ministre a démissionné et le nouveau Premier Ministre n’a pas encore pris les reines du pouvoir.
Le Quatuor et les pays de la région, a-t-il néanmoins insisté, peuvent aider le prochain Premier Ministre à mobiliser l’appui nécessaire, en s’attaquant aux deux questions de l’occupation et du terrorisme. Il est clair, a ajouté M. Roed-Larsen que sans des concessions d’Israël concernant les colonies de peuplement et le mur de séparation, le processus de paix ne pourrait être crédible. Dans ces conditions, il sera difficile pour l’Autorité palestinienne de prendre les mesures nécessaires à la consolidation des forces de sécurité, au désarmement des groupes armés et au rétablissement de la loi et de l’ordre, a précisé le Coordonnateur.
Un engagement international déterminé est ce qu’il faut aujourd’hui, a-t-il averti, en se félicitant de la réunion de haut niveau prévue, à la fin de ce mois, par le Quatuor. Le Coordonnateur du processus de paix a également réaffirmé la nécessité d’accélérer le processus de mise en œuvre de la Feuille de route. Il a réservé ses derniers mots à la situation économique et humanitaire difficile des territoires occupés, aux conséquences pour les Palestiniens du mur de séparation et à la situation sur la Ligne bleue.
M. NASSER AL-KIDWA, Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, a estimé que le Conseil de sécurité devait fermement affirmer que la terre de Palestine et sa population ne sont pas la propriété de la puissance occupante et que toute atteinte au Président Yasser Arafat ou toute menace contre lui étaient inacceptables et devaient être considérées comme une attaque contre la dignité du peuple palestinien. Le Conseil doit agir immédiatement pour empêcher la puissance occupante de mettre en œuvre les menaces qu’elle a proférées contre le Président Arafat. A cet égard nous demandons que le Conseil adopte le projet de résolution qui lui a été soumis sur la question par le Groupe des Etats arabes, a-t-il déclaré. M. Sharon et son Gouvernement sont une menace pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient, dans la mesure où ils ont rejeté tout processus de paix réel et souhaitent imposer une solution basée sur l’usage de la force. La vision de M. Sharon n’est pas celle d’une paix permanente et globale, mais plutôt d’un arrangement transitionnel à long terme. Cette vision, a poursuivi l’observateur, est en train de se traduire sur le terrain par la création de bantustans cernés par des murs qui enfermerait la population palestinienne dans un territoire de la taille de la moitié de la Cisjordanie seulement. Le transfert de colons israéliens se poursuit sur nos terres, tandis que les actions militaires menées par le Gouvernement israélien visent à mettre fin au processus de paix et à revenir à la situation qui prévalait avant Oslo, a précisé M. Al-Kidwa.
Israël veut mettre fin à la Feuille de route qu’il n’a jamais véritablement acceptée, alors qu’au Sommet d’Aqaba, la partie palestinienne, représentée par le Premier Ministre Abbas, en avait appliqué la première étape, rejetée par M. Sharon, a rappelé le délégué. Nous nous retrouvons aujourd’hui dans une situation qui n’a rien à voir avec la Feuille de route, Israël cherchant à modifier le rôle qui y est assigné au Quatuor et à réduire la portée le mandat du mécanisme de vérification et de contrôle qui y a été inclus, a-t-il poursuivi. Il est temps d’abandonner la violence et la logique militaire. Nous devons revenir à la table des négociations et redonner vie à la Feuille de route et la mettre en œuvre de manière honnête. Il est temps de reconnaître que la source de la plupart des problèmes réside dans l’attitude d’Israël, qui poursuit ses stratégies de colonisation et refuse de mettre fin à l’occupation tout en refusant de reconnaître la notion d’un Etat palestinien ayant pour capitale Jérusalem-Est, a réaffirmé M. Al-Kidwa. A son avis, tant qu’Israël n’acceptera pas ces réalités, il n’y aura pas de vrai processus de paix, et la Feuille de route ne pourra pas être appliquée. Le mécanisme de surveillance inclus dans la Feuille de route doit être mis en place, et comme l’ont proposé la France et le Secrétaire général, une présence internationale, qui pourrait être militaire, devrait être dépêchée sur le terrain, a conclu l’observateur.
M. DAN GILLERMAN (Israël) a rappelé que le 13 septembre dernier, son pays a commémoré le 10e anniversaire de la signature de la Déclaration de principe entre Israéliens et Palestiniens. Or depuis lors, force est de constater que M. Arafat a menti sur son adhésion au processus de paix, a estimé le représentant, qui a stigmatisé le rejet par le Président de l’Autorité palestinienne du droit d’Israël d’exister, son mépris des liens qui lient le peuple juif à la terre d’Israël et son appui aux terroristes et à leurs tactiques. Tout ceci, a insisté le représentant, a provoqué des souffrances indicibles à la région et anéanti tout espoir de paix et de prospérité pour les Israéliens et les Palestiniens. Les évènements des derniers jours ont une nouvelle fois prouvé la détermination de M. Arafat d’éviter tout processus de réconciliation véritable entre les deux peuples, a poursuivi le représentant, qui s’est demandé combien de temps faudra-t-il encore entendre l’argumentation fallacieuse selon laquelle M. Arafat est un chef légitime et dévoué au bien-être de son peuple et à des relations pacifiques avec ses voisins. En effet, a-t-il constaté, depuis le lancement de la mise en œuvre de la Feuille de route, M. Arafat joue un rôle nocif à chaque étape. Il a activement cherché à empêcher le Premier Ministre palestinien d’honorer ses obligations et saboté les tentatives d’établir une direction nouvelle et différente au sein de l’Autorité palestinienne, alors qu’il s’agit du fondement même de la vision du Président des Etats-Unis.
Le représentant a ensuite expliqué que la décision prise par le Conseil de sécurité de son pays la semaine dernière n’était que la traduction de la certitude que M. Arafat constituait un obstacle à la paix. Le représentant a par ailleurs invité le Conseil à se concentrer sur le terrorisme et ses responsables et pas sur la réponse au terrorisme. Les pressions doivent s’exercer sur le problème, pas sur les victimes, a-t-il indiqué. Quel pays, confronté au terrorisme, ne tiendrait pas pour responsable celui qui l’a orchestré ou qui refuse de le supprimer, s’est-il demandé ? Le représentant a par ailleurs souligné qu’en perpétuant le jeu qui consiste à légitimer M. Arafat, la communauté internationale compromettait gravement l’autorité d’un premier ministre palestinien, de mettre en œuvre la Feuille de route et de trouver une solution pacifique au conflit.
M. IYA TIDJANI (Cameroun) a déclaré que sa délégation était inquiète de voir les espoirs qu’avait éveillés la Feuille de route s’estomper. Le retour de la violence compromet la mise en œuvre de la Feuille de route, seule voie de sortie de la crise. Le Cameroun se joint à la communauté internationale pour affirmer que toute solution qui passerait par des atteintes à la personne du Président Arafat ne mènerait nulle part. Nous soutenons le rôle que doit jouer le Quartet et soutenons les initiatives déployées par l’Union européenne, a-t-il indiqué, en invitant le Conseil à lancer un signal fort aux parties au conflit pour les faire revenir à la table de négociations et les amener à respecter leurs engagements.
M. GUANGYE WANG (Chine) a regretté la dégradation de la situation au Moyen-Orient. Il s’est particulièrement dit troublé par la décision d’Israël d’expulser le Président Arafat et a attiré l’attention sur les graves conséquences d’un tel geste. Condamnant cette décision et les actes de violence d’où qu’ils viennent, le représentant a rappelé que M. Arafat était un dirigeant légitime élu de la population palestinienne. Seul le dialogue peut résoudre la question de la sécurité, a-t-il dit, en appelant les deux parties à faire montre de courage et à reprendre les négociations politiques. Il est tout aussi important, a-t-il conclu, que la communauté internationale redouble d’efforts pour assurer la bonne mise en œuvre de la Feuille de route.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a déclaré qu’Israël était en train de faire volontairement capoter toute solution négociée du conflit du Proche-Orient. Le Gouvernement de M. Sharon ne croit pas à la paix et méprise toute tentative d’y aboutir. C’est un gouvernement essentiellement tourné vers la guerre et qui se met au-dessus du droit international, a-t-il estimé. La construction en cours d’un mur par Israël vise à accélérer la confiscation de terres palestiniennes tout en paralysant tout espoir de construction d’un Etat palestinien viable, a poursuivi le délégué. En outre, a-t-il souligné, Israël était lui-même un Etat terroriste qui déclarait publiquement son intention d’assassiner le Président élu du peuple palestinien. Si cette menace était mise en œuvre, ce serait la démonstration éclatante de l’arrogance d’Israël qui continue de violer quotidiennement la souveraineté de ses voisins, dont le Liban et la Syrie. Nous demandons l’application de toutes les résolutions du Conseil de sécurité relative à la question du Moyen-Orient et rappelons la position prise par les Etats arabes lors du Sommet de la Ligue arabe à Beyrouth, a conclu le représentant syrien.
M. STEFAN TRAFROV (Bulgarie) a déploré la reprise de la violence au Moyen-Orient en condamnant sans appel la tactique des attentats-suicide et en exhortant l’Autorité palestinienne à désarmer les organisations terroristes. Le représentant a également appelé Israël à abandonner la pratique des exécutions extrajudiciaires. L’expulsion éventuelle de Yasser Arafat, a-t-il estimé, causerait une crise politique aux conséquences imprévisibles et une nouvelle montée de la violence. Le représentant a encore regretté la démission du Premier Ministre Mahmoud Abbas, qu’il a perçue comme un coup dur au processus de paix. Il a néanmoins présenté ses vœux de succès au nouveau Premier Ministre en espérant qu’il jouira de la confiance du peuple palestinien, des membres du Quatuor et de la communauté internationale dans son ensemble. Pour ce faire, a précisé le représentant, il doit jouir d’une autorité suffisante pour prendre les mesures nécessaires contre les organisations terroristes. La Feuille de route n’est pas morte, a -t-il conclu en appelant les deux parties à renouer le contact et à prendre des mesures de rétablissement de la confiance. Le représentant a enfin appelé le Quatuor à redoubler ses efforts.
M. MASOOD KHALID (Pakistan) a déclaré que la Feuille de route comprenait des objectifs clairs devant aboutir à la création d’un Etat palestinien indépendant. Le Pakistan est préoccupé par l’annonce d’Israël de déporter ou d’assassiner le Président Yasser Arafat. Ce genre d’action aggraverait la situation des civils qui sont déjà victimes tous les jours de violences de toutes sortes. Israël doit mettre fin à ses violations régulières des droits fondamentaux du peuple palestinien et son gouvernement ne doit pas chercher par ses actions à créer une nouvelle réalité sur le terrain, a déclaré le représentant. A son avis, aucune paix durable ne peut être imposée par la force, et il n’y a pas de solution unilatérale viable au Moyen-Orient. Il a appelé le Conseil à agir le plus rapidement possible pour mettre fin au cycle de la violence.
M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a constaté un écart entre les objectifs exprimés par les parties et leur volonté réelle de les réaliser et dénoncé les positions contraires à la paix des extrémistes des deux côtés. Aujourd’hui, a-t-il dit, nous courrons le risque que l’effort concrétisé par la Feuille de route s’effondre. Le représentant a ainsi regretté que l’Autorité palestinienne n’ait pas eu la détermination nécessaire pour arrêter les attaques terroristes. Chaque goutte de sang versée dans les rues de Jérusalem éloigne les Palestiniens de leurs espoirs légitimes, a-t-il prévenu.
Se tournant vers Israël, le représentant a estimé que ce pays n’avait rien à gagner à se livrer à des représailles disproportionnées, à empirer les conditions humanitaires du peuple palestinien, à construire des murailles, à multiplier les colonies de peuplement ou encore à mener des exécutions extrajudiciaires. Le représentant a rejeté également toute idée d’expulsion du Président Arafat ou de limiter encore plus sa liberté de mouvement. Il a appelé au respect de sa légitimité et à une accélération dans la mise en œuvre de la Feuille de route « malgré ses imperfections ».
M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) a déclaré que la Russie avait pris note avec inquiétude de la déclaration d’Israël visant à écarter Yasser Arafat de la scène politique. La Russie désapprouve ce genre d’annonces qui, si elles étaient traduites dans les faits, mènerait au chaos. Notre pays condamne les actes de terrorisme, qui sont contre-productifs, et éloignent le peuple palestinien de son droit à un Etat indépendant, a-t-il affirmé. Il faut que les parties reviennent à la Feuille de route, et nous devons faire en sorte que le Quatuor joue réellement le rôle qui doit être le sien dans sa mise en œuvre. En tant que coauteur et co-parrain du processus de paix, la Fédération de Russie réitère son engagement à en soutenir la mise en œuvre, a conclu M. Gatilov.
M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE (France) a estimé que la décision israélienne d’écarter Yasser Arafat, qui est le Président légitimement élu de l’Autorité palestinienne, est contraire aux règles élémentaires du droit international. C’est aussi une grave erreur politique : l’annonce de cette décision et plus encore son éventuelle mise en œuvre ne peuvent être que contre-productives pour la sécurité d’Israël comme pour les perspectives de paix. Ce n’est pas en faisant abstraction des réalités politiques palestiniennes que nous parviendrons à l’avènement d’un Etat palestinien indépendant, viable et démocratique coexistant dans la paix avec l’État d’Israël qui a un droit légitime à vivre dans la sécurité et au sein de frontières internationalement reconnues.
L’arrêt du terrorisme, a poursuivi M. de La Sablière, ne pourra être atteint sur la seule base d’une logique purement sécuritaire, militaire et policière. Poser la sécurité comme préalable pour le lancement d’une séquence politique, c’est laisser l’ensemble du processus de paix être pris en otage par les extrémistes. La sécurité et la politique doivent aller de pair dans la poursuite du processus de paix. La réponse au problème du terrorisme choisi par quelques groupes palestiniens ne peut qu’être globale. Il faut pouvoir mobiliser la population palestinienne pour la paix, derrière le Premier Ministre et son Gouvernement. Ces derniers doivent pouvoir prendre toutes les mesures nécessaires pour réformer et unifier l’appareil de sécurité et démanteler les infrastructures qui les soutiennent. Il faut ensuite que les réformes institutionnelles palestiniennes se poursuivent et que des élections libres, transparentes et démocratiques puissent se tenir dans les meilleurs délais.
Il est tout aussi indispensable qu’Israël fasse les gestes nécessaires pour que la population palestinienne puisse sentir les fruits tangibles et immédiats d’une dynamique de la paix et de dialogue. L’armée israélienne doit se retirer de toutes les zones palestiniennes autonomes. Elle doit cesser les assassinats ciblés qui sont contraires au droit international et alimentent le cycle de la violence. Israël doit stopper toute activité liée à l’implantation de colonies de peuplement et stopper la construction du mur de sécurité. La France plaide pour l’organisation d’une conférence internationale destinée à remettre le processus de paix sur les rails. Elle plaide pour l’établissement d’un mécanisme de surveillance international efficace pour le respect par les parties de leurs engagements respectifs. Nous croyons aussi qu’une force d’interposition doit être envisagée et serait dans l’intérêt des deux parties, a encore dit le représentant. Mais encore faut-il que celles-ci l’acceptent.
M. CRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a déclaré que la responsabilité des revers subis par la Feuille de route était partagée par les deux parties au conflit. Le Chili condamne la construction d’un mur par Israël, ainsi que les destructions de logements et les assassinats ciblés. Le Chili condamne aussi toute tentative d’assassiner le président Yasser Arafat, qui est le représentant légitimement élu du peuple palestinien. Nous pensons que ce genre d’acte ne pourrait qu’aggraver la situation, a-t-il dit. Israël doit mettre fin aux activités de colonisation et doit prendre les mesures nécessaires pour que le rôle et les actions du nouveau Premier Ministre palestinien puissent être crédibles et effectifs. La communauté internationale doit pour sa part tout faire pour permettre une mise en œuvre réelle de la Feuille de route, a conclu le représentant.
M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) s’est déclaré préoccupé par les derniers évènements au Moyen-Orient. La décision d’Israël d’expulser un président élu ne contribue pas à apaiser une situation explosive, à assurer la sécurité d’Israël ni à faciliter un processus de paix difficile, a dit le représentant. Le processus de paix se trouve à une phase critique qui risque de mener vers le pire, a-t-il prévenu, en soulignant la nécessité pour toutes les parties, Quatuor compris, de faire tout leur possible pour une application rapide de la Feuille de route. Il a dit attendre de l’Autorité palestinienne la formation d’un nouveau gouvernement doté des pleins pouvoirs, la consolidation des forces de sécurité et le démantèlement des organisations terroristes. A Israël, il a demandé l’annulation de la décision d’expulsion, le retrait de son armée des territoires autonomes, la fin des assassinats ciblés et le gel de toutes les activités de peuplement et de construction du mur de sécurité. Il a exhorté les deux Parties à œuvrer dans un esprit constructif avant de saluer la prochaine réunion du Quatuor, dont il attendait, a-t-il précisé, des mesures courageuses.
M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) a regretté la détérioration de la situation au Moyen-Orient. La rencontre d’Aqaba avait été perçue comme un ferme engagement des Etats-Unis dans le processus de paix, et les déclarations faites à l’époque par les différentes parties avaient fait naître un espoir de voir se mettre en route une véritable application de la Feuille de route, a rappelé le délégué. Aujourd’hui, nous sommes malheureusement revenus à la violence aveugle, a-t-il déploré. Les deux parties sont aujourd’hui face à des choix difficiles, et nous espérons qu’elles ne commettront pas d’actes irréversibles sur la mauvaise voie. Mettant en garde contre toute atteinte à la personne du Président Arafat, le représentant a appelé le Conseil à signifier à Israël que ses intentions étaient inacceptables et dangereuses. Nous attendons impatiemment la prochaine réunion du Quatuor à New York, a-t-il conclu.
M. INOCENCIO ARIAS (Espagne) a d’abord rejeté l’idée de faire exploser une bombe dans un bus scolaire pour traduire des revendications politiques. Il s’agit ni plus ni moins d’un acte criminel qui doit être condamné comme tel, a estimé le représentant, avant de rejeter avec la même force la décision d’Israël d’expulser le Président Arafat. Une telle initiative ne peut qu’ouvrir la voie à des dangers « prévisibles et funestes », a-t-il prévenu. Le représentant a ensuite lancé un appel aux membres du Quatuor pour qu’ils placent sans équivoque les deux parties devant leurs responsabilités. Il a aussi renouvelé l’idée d’envoyer une mission d’observation sur le terrain. La Feuille de route, a-t-il estimé, trace une perspective politique quelque peu ambiguë. Le représentant a donc jugé nécessaire d’en préciser la conception qui doit répondre à son avis aux préoccupations de sécurité d’Israël et de viabilité d’un futur Etat palestinien. En la matière, a insisté le représentant, l’horizon de la paix passe par un engagement actif des Etats-Unis et de l’Union européenne.
M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a estimé que la décision de principe d’expulser le Président de l’Autorité palestinienne de Ramallah constitue un facteur d’aggravation de la crise et la remise en cause des perspectives de paix ouvertes par la Feuille de route. Le Président Arafat, démocratiquement élu par son peuple et figure historique de la lutte de libération palestinienne, est un acteur central du processus de paix. Il constitue le symbole même de l’identité et de la marche palestinienne sur le chemin de l’autodétermination, de la liberté et du progrès.
La décision israélienne n’a aucune justification légale et s’inscrit à contre-courant de l’évolution. Elle ne fait que renforcer la déception des Palestiniens et conduire à la mort programmée de la Feuille de route. Une telle attitude ne pourra jamais servir les intérêts d’Israël. Nous regrettons que les réformes sécuritaires et institutionnelles mises en œuvre par l’Autorité palestinienne ne soient pas allées de pair avec le respect par Israël de ses engagements. La poursuite de l’occupation des territoires palestiniens et les exécutions extrajudiciaires constituent des actes répréhensibles qui s’inscrivent en violation flagrante du droit international.
L’édification du mur de séparation est le prélude à une véritable politique de bantoustanisation. Ce mur ne peut en aucun cas assouvir le besoin de sécurité d’Israël mais contribue à alimenter les frustrations des populations israéliennes qui n’ont d’autres choix que de défier cette entreprise coloniale. De même, les attentats qui frappent sans discrimination les civils israéliens sont condamnables et ne doivent pas être encouragés. Ces actes contribuent à attiser les tensions et à creuser davantage le fossé qui sépare Palestiniens et Israéliens dont l’avenir est indissociable.
M. JOHN NEGROPONTE (Etats-Unis) a déclaré que la fin des actes terroristes devait constituer une priorité en Israël et dans les territoires palestiniens. Chaque fois qu’une lueur d’espoir apparaît, un acte terroriste systématiquement l’éteint, a-t-il déploré. Toute résolution du Conseil devrait contenir une ferme condamnation des actes terroristes du Hamas et des autres groupes de terreur et les Etats-Unis n’appuieraient pas de texte qui ne mentionnerait pas la menace que ces groupes font peser sur le processus de paix, a-t-il indiqué. Le nouveau Premier Ministre palestinien et son Gouvernement doivent dénoncer ces actes et démanteler les infrastructures terroristes. De son coté, a dit le représentant, Israël doit respecter les engagements qui lui reviennent dans le cadre de la Feuille de route. Israël a pris note de la position des membres du Conseil sur la question relative à l’intégrité physique de Yasser Arafat, et le Secrétaire d’Etat Colin Powell a clairement donné la position des Etats-Unis sur cette question.
M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a condamné sans réserve l’escalade de la violence en Israël et dans les territoires occupés. Tout en reconnaissant le droit d’Israël à défendre ses citoyens, le représentant a rejeté la décision de principe du Gouvernement israélien d’expulser le Président Arafat, un dirigeant élu. Les conséquences d’un tel acte ne peuvent que relancer les extrémistes et accroître la violence. Il ne faut pas, a-t-il insisté, autoriser la petite minorité qui refuse une issue pacifique à bloquer le processus de paix, a dit le représentant. C’est la raison pour laquelle, il a lancé un appel aux parties pour qu’elles mettent en œuvre la Feuille de route. Les parties n’ont qu’une alternative : la mise en œuvre de la Feuille de route ou subir les souffrances de ces derniers mois, a-t-il indiqué. L’Autorité palestinienne, a poursuivi le représentant, doit créer un gouvernement doté de tous les pouvoirs nécessaires avec à sa tête un nouveau premier ministre. Ses forces de sécurité doivent se réorganiser et ses institutions se réformer. Pour sa part, Israël doit mettre fin aux assassinats ciblés, retirer ses troupes des territoires et geler toute construction de colonies de peuplement. Le représentant s’est également félicité de la décision des membres du Quatuor de se rencontrer à la fin du mois.
/à suivre...
Source : ONU. Référence : CS/2553
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