Il y a un an, nous étions rassemblés ici à l’occasion d’une réunion analogue et nous nous sommes engagés à soutenir l’Afghanistan dans sa longue marche pour sortir du conflit et de la dévastation. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis sous la direction du Président Karzai. La population afghane démontre sa détermination à réaliser la paix et la stabilité. Elle a repris son destin en main. Elle participe activement à la transition politique et à l’établissement des politiques et priorités pour reconstruire son pays. Les distingués ministres et représentants qui se trouvent autour de cette table sont des partenaires clefs dans cette entreprise et cette réunion, tout comme la réunion des donateurs tenue dimanche dernier à Doubaï, constitue une affirmation concrète de l’attachement de la communauté internationale à un Afghanistan stable et sûr, en paix avec lui-même et avec ses voisins.

 Il convient de récapituler ne serait-ce que quelques-unes des réalisations de l’année écoulée.

 La transition politique décrite dans le processus de Bonn se poursuit. Les institutions publiques sont en train d’être remises en place. Un cadre de développement national convenu par le Gouvernement afghan et les donateurs oriente l’effort de reconstruction et le Gouvernement est en passe de réaliser son objectif consistant à porter les recettes intérieures à 200 millions de dollars pendant l’exercice biennal en cours. Des programmes économiques nationaux sont en route pour augmenter l’emploi et accélérer le développement au niveau local. On procède à la réfection des routes principales. La nouvelle monnaie s’est imposée. La production alimentaire est à son niveau le plus élevé depuis plus de 20 ans. Et des millions d’enfants, garçons et filles, ont repris le chemin de l’école. La Commission indépendante afghane des droits de l’homme multiplie ses activités dans l’ensemble du pays.

 La liste des réalisations est longue. Mais il ne faut pas oublier que d’énormes problèmes n’en subsistent pas moins.

 L’arbitraire règne dans les nombreuses régions du pays où les chefs locaux ont la haute main, empêchant l’extension de la loi et de l’autorité de l’État. Bien souvent, des violations des droits de l’homme sont commises en toute impunité. La production illégale de stupéfiants a prospéré, finançant des opérations de diverses factions, des opérations criminelles et entravant des activités économiques légitimes. Dans le sud et le sud-est, cette insécurité est fortement aggravée par les activités d’éléments soupçonnés d’être des Taliban ainsi que d’autres insurgés. Ces diverses forces ont intensifié leurs attaques mortelles contre des cibles gouvernementales et du personnel d’organismes humanitaires nationaux aussi bien qu’internationaux.

 Cette insécurité entrave les activités de reconstruction et menace gravement la participation politique dans une vaste région du pays. En outre, elle réduit les avantages concrets du processus de paix et risque d’aggraver le désenchantement et le mécontentement de la population. Il est indispensable que le Gouvernement afghan et la communauté internationale mettent le holà. Nous devons protéger nos acquis.

 Les prochaines étapes du processus de Bonn seront les plus difficiles et les plus profondes. Dans les mois à venir, l’Afghanistan cherchera à dépasser la phase de transition actuelle et jettera les bases d’une stabilité politique et économique durable. J’espère vivement que le projet de constitution sera bientôt mis au point et que les délégués élus de l’ensemble du pays arrêteront et ratifieront une nouvelle constitution lors de la Loya Jirga constitutionnelle de décembre. Il faut également achever l’inscription nationale des électeurs, des élections devant se tenir l’été prochain.

 Il s’agit là d’opérations d’une importance vitale, pour lesquelles la sécurité constitue un élément clef. Il ne s’agit pas seulement de la sécurité de groupes particuliers de personnes, tels que les agents électoraux ou les militants des partis politiques, mais d’un environnement sûr durant au-delà des élections et qui permettra au nouveau Gouvernement et à ses institutions de fonctionner efficacement, tout en permettant à la population d’espérer que ses aspirations, étouffées pendant si longtemps, pourront enfin se concrétiser.

 Bien entendu, la sécurité à long terme incombe à l’Afghanistan. Le Gouvernement a engagé la réforme du Ministère de la défense, qui devrait permettre le démarrage de l’opération de désarmement, démobilisation et réinsertion des membres des factions armées. Mais, si l’on veut que cette opération réussisse, il faut aller beaucoup plus loin. La réforme du Ministère de la défense doit être menée à bien de manière crédible. Et une réforme tout aussi crédible doit être accélérée au Ministère de l’intérieur et dans les services de renseignement, en tant que préalable à la réforme globale des autres ministères et des administrations provinciales. Ce programme de réformes créera l’espace nécessaire à la nouvelle armée nationale et à la nouvelle police nationale pour se développer et prospérer.

 Je salue l’action menée à ce jour par les pays chefs de file et autres donateurs pour aider à mettre en place ces institutions vitales. Elles ne sont toutefois encore qu’à leur premier stade et ne peuvent donc assurer la sécurité de la prochaine période, qui sera critique. C’est pourquoi, dans l’intervalle, j’ai préconisé l’extension de l’aide internationale en matière de sécurité au-delà de Kaboul. Les équipes provinciales de reconstruction ont constitué une étape positive dans la bonne direction, et les pays participants doivent être félicités. Toutefois, telles qu’elles sont actuellement constituées et équipées, ces équipes seront vraisemblablement trop peu nombreuses et constituées trop lentement pour pouvoir opérer le changement requis actuellement. C’est pourquoi on ne peut que se réjouir des discussions que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a consacrées récemment à l’élargissement de la Force internationale d’assistance à la sécurité. Cet élargissement doit cependant avoir lieu de manière coordonnée, soutenant le programme national d’extension de l’autorité de l’État.

 L’Afghanistan continuera d’avoir besoin de notre appui dans le processus politique, la réforme en matière de sécurité et la reconstruction. Nous devons aller de l’avant sur ces trois fronts à la fois. Un revers dans un domaine signifie des revers dans tous les domaines.

 Le Gouvernement a besoin de votre aide pour financer le Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan. En particulier, il faudra peut-être réexaminer les besoins en matière de reconstruction et de développement au-delà du calendrier fixé dans l’Accord de Bonn. Beaucoup de contributions annoncées l’an dernier à Tokyo ne dépassaient pas la période du processus de Bonn. Depuis, il est apparu clairement que le besoin est encore plus pressant que nous le pensions et devrait se prolonger. De ce fait, il conviendrait de tenir une conférence au début de l’année prochaine pour réexaminer les besoins en matière de reconstruction. Il faudra peut-être même, lors de cette conférence, faire le bilan de ce qui a été accompli -et de ce qui ne l’a pas été- depuis Bonn, et rectifier le cap.

 La paix et la stabilité en Afghanistan sont un sujet de préoccupation régionale et internationale. L’attachement des voisins de l’Afghanistan à des relations allant dans l’intérêt de tous est d’une importance capitale. À ce propos, une étape importante a été franchie en début de semaine à Doubaï avec la déclaration encourageant le resserrement de la coopération en matière de commerce et d’investissement. J’engage vivement les voisins de l’Afghanistan à déployer davantage d’efforts positifs de ce type, rompant ainsi nettement avec le passé.

 L’engagement résolu de la communauté internationale au sens large n’est pas moins indispensable. En fait, nous devons tous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider l’Afghanistan à franchir le cap de la période critique qui s’annonce.

Source : ONU
Référence SG/SM/8894