Excellence M. Mahathir Mohamad

Président de la 10ème Conférence

islamique au Sommet,

Majestés, Altesses, Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Tout d’abord, j’ai l’honneur et le privilège d’adresser à S. E. Monsieur Mahathir Mohamad, Premier Ministre de Malaisie, et au peuple malaisien, l’expression de nos vifs remerciements et de notre profonde gratitude pour l’aimable invitation adressée à ce Sommet islamique qui tient aujourd’hui ses assises sur le sol de ce grand pays musulman, qui a rendu et continue de rendre à l’Islam et aux musulmans d’éminents services et qui nous apporte son inestimable concours par ces temps difficiles et emplis d’écueils et de défis démesurés.

La tenue de notre réunion aujourd’hui, dans cette vaste salle et dans ce centre spécialement construit pour abriter ce grand événement islamique, est déjà en soi un témoignage éloquent qui traduit la sollicitude extrême dont la Malaisie entoure les affaires islamiques et tout l’intérêt qu’elle leur prête.

Il me plaît également de dire ici notre sincère appréciation de l’accueil cordial et de la généreuse hospitalité réservés aux délégations participantes et auxquels, est-il besoin de le dire, la Malaisie nous a toujours accoutumés. Tout cela ne peut que contribuer au bon déroulement des délibérations de cet important sommet islamique vers lequel convergent les regards de toute la Oummah islamique.

Je me dois aussi de saluer le discours exhaustif d’orientation par lequel S. E. M. Mahathir Mohamad a inauguré cette conférence et dans lequel il a su, avec l’esprit pénétrant et les points de vue lucides que chacun lui connaît, faire un diagnostic précis de l’état de santé de la Oummah en mettant le doigt sur les origines du mal, en identifiant clairement les déficiences et en prescrivant le bon remède. Ce discours va donc nous servir de source d’inspiration pour en tirer les enseignements et le mettre à profit au cours des débats que nous allons avoir dans les quelques jours qui viennent. Je ne saurais omettre non plus de faire l’éloge des innombrables activités et des initiatives combien judicieuses prises par la Malaisie pour être au diapason de ce grand événement islamique, telles que l’organisation d’une séance spéciale de Brainstorming, d’un forum pour les hommes d’affaires avec la participation des Chefs d’Etat, d’une exposition commerciale des Etats membres (OIC EXPO-03), d’un séminaire sur le thème des sciences et de la technologie, etc.

Je crois également de mon devoir de rendre hommage, du haut de cette tribune, à Son Altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, Emir de l’Etat du Qatar, pour les remarquables efforts qu’il a déployés tout au long de son mandat à la tête du 9ème Sommet islamique et pour les multiples et louables initiatives qu’il a prises en vue de défendre les causes et les intérêts du monde musulman à un moment particulièrement difficile de l’histoire moderne de l’Islam. La sollicitude que Son Altesse a manifestée à l’égard de ces causes et sa farouche détermination à les appréhender avec un sens aigu de la responsabilité, lui ont valu à juste titre les éloges et la reconnaissance de tous. C’est également le lieu de remercier le Gouvernement et le peuple du Qatar et de leur rendre l’hommage qu’ils méritent pour l’accueil cordial et la sollicitude dont ils ont fait montre à l’égard des nombreuses réunions islamiques qui se sont déroulées sur leur sol.

Par ailleurs, je me dois de remercier, comme il se doit, le gouvernement du Royaume d’Arabie Saoudite sous la haute égide du Serviteur des Deux Saintes Mosquées le Roi Fahd Bin Abdulaziz et de S. A. R. le Prince Abdullah Bin Abdelaziz, pour la sollicitude constante dont il entoure l’Organisation de la Conférence islamique et pour l’appui qu’il ne cesse de lui apporter afin qu’elle puisse accomplir dans les meilleures conditions les tâches et missions qui lui sont assignées. J’adresse également l’expression de mes remerciements à Leurs Majestés et Excellences les Présidents des Comités permanents, à savoir S. M. le Roi Mohamed VI, Souverain du Maroc et Président du Comité Al Qods, S. E. Ahmed Necdet Sezer, Président de la République de Turquie et Président du Comité islamique permanent pour la Coopération économique et sociale, S. E. Maître Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal et Président du Comité permanent pour l’Information et les Affaires culturelles et S. E. M. Pervez Musharaf, Président de la République islamique du Pakistan et Président du Comité permanent pour la Coopération scientifique et technologique, à qui je tiens à rendre un hommage particulier pour les efforts inlassables qu’ils ne cessent de déployer dans les domaines relevant de la compétence de leurs comités respectifs et en vue du renforcement de l’action islamique commune.

Mesdames et Messieurs,

Ce 10ème sommet islamique se réunit à un moment où le monde est en train de traverser un cap difficile, un moment où le monde musulman, en particulier, se débat dans des problèmes inextricables et doit faire face à des défis aussi nombreux que périlleux, et ce alors même qu’il connaît une gestation difficile car englué dans ses contradictions et ses déchirements internes, plongé dans la discorde et l’immobilisme, et confronté aux carences de l’action islamique commune.

L’ordre international conventionnel qui avait dominé la scène au cours du 20ème siècle est tombé dans les oubliettes de l’histoire. Le monde et les systèmes qui le gouvernent sont en train de changer à une vitesse époustouflante au point que le commun des mortels n’arrive que difficilement à cerner toute l’étendue de ces transformations à cause de l’avalanche de données qui s’abat sur lui et de l’enchevêtrement politique, économique et social de tous ces événements. Nous vivons désormais dans une nouvelle réalité internationale, marquée par la propension à jeter facilement l’anathème sur l’Islam et les musulmans pour tenter d’en discréditer les valeurs civilisationnelles, par le sentiment d’hostilité envers certains Etats islamiques, et par la volonté de forger une réalité islamique nouvelle dont les fondements, les traits caractéristiques et les choix seraient déterminés par des cercles étrangers au monde musulman. Nous avons tous vu comment les principaux centres névralgiques de la puissance islamique sont devenus la cible de campagnes de diffamation et tenus sous la menace de ce qu’on appelle les politiques d’endiguement, les sanctions en tous genres, la marginalisation, l’isolement, la menace d’invasion, puis l’occupation militaire au grand jour.

Cette douloureuse réalité n’est pas venue du néant. Le sentiment d’impuissance, de découragement et de faiblesse n’est pas non plus venu du néant, mais se nourrit de la conjugaison de maints facteurs tant endogènes qu’exogènes. Nous avons hélas ! perdu le 1er round au cours de la période qui avait suivi l’accession de nos pays à l’indépendance et leur affranchissement du joug colonial vers le milieu du siècle dernier. Ceci pour avoir laissé nos affaires purement internes et nos querelles intestines accaparer toute notre attention, sans réfléchir, à la différence de ce que l’Occident a fait en Europe, sur un projet civilisationnel et intégrationniste qui aurait permis de recoller les morceaux épars légués par la colonisation et la tourmente des événements historiques.

Tout cela a été favorisé par les dissensions, les querelles intestines et le confessionnalisme où nous nous sommes enlisés, puis, à une époque plus récente, les manifestations d’intolérance religieuse et de surenchère dogmatique, phénomènes qui ont démontré une capacité de nuisance à l’égard du monde musulman encore pire que les complots ourdis par nos adversaires. Ces derniers ont eu ainsi beau jeu d’accuser l’islam et les musulmans de fanatisme et de leur reprocher d’être les ennemis de la civilisation moderne. Malgré les tentatives d’entrisme dont le monde musulman est la cible et en dépit des dangers qui le guettent et des menaces qui planent sur sa culture et sa civilisation et pour lesquels des moyens logistiques et humains proprement ahurissants ont été mobilisés, il est impératif d’inaugurer une réflexion islamique cohérente pour appréhender les aspects nouveaux et composer avec la réalité internationale actuelle afin de susciter une véritable prise de conscience islamique des périls à venir et dont nos générations futures risquent de payer le prix. La logique voudrait que nous soyions animés de la volonté politique de réfléchir dès à présent et de tirer des plans pour l’avenir en optant pour une approche qui nous permettrait d’appréhender les concepts des temps futurs avec le maximum de rationalité et avec un esprit de solidarité de plus en plus affirmé, sans pour autant tourner le dos aux valeurs culturelles et civilisationnelles qui sont les nôtres. Cette démarche devra s’inscrire dans le cadre d’un consensus politique qui prenne en compte les variables actuelles et futures au double échelon international et régional, pour inaugurer une ère nouvelle fondée sur un minimum d’unité, et ce en mettant en avant notre héritage civilisationnel commun, notre rôle historique, nos ressources économiques et nos atouts géopolitiques, humains et matériels qui font que notre Oummah a encore son mot à dire et son poids dans le monde.

De plus, il faut faire en sorte d’enlever aux autres tous les prétextes auxquels ils peuvent avoir recours pour nous attaquer, nous dénigrer et nous défier. Il s’agit, en tout premier lieu, de réfuter les accusations qui sont portées contre nous par delà l’étiquette du terrorisme. C’est ainsi que les grands médias occidentaux parlent systématiquement de terrorisme islamique lorsqu’ils rapportent des actes de violence commis par des individus appartenant à la religion musulmane et ce, quel que soit l’endroit où ces actes ont été perpétrés. De ce fait, le mot islam est, hélas ! devenu dans l’esprit de beaucoup de nos contemporains, synonyme de terrorisme.

Dans le même temps, la civilisation islamique se trouve accusée de mille tares et taxée de fanatisme, d’apologie de la violence et autres inepties. On nous accuse également de renier les véritables principes et valeurs démocratiques, de ne faire aucun cas des notions de souveraineté de la loi ou des droits de l’homme et d’être, de surcroît, aux antipodes de la bonne gouvernance. Or ce sont très précisément là, les principes et critères qui, dans le discours mondial contemporain, constituent les valeurs de référence et la logique de notre temps.

Bien que la plupart de ces accusations soient totalement dénuées de fondement, souvent exagérées et comportant pas mal de contre vérités destinées à nuire délibérément à l’Islam et aux musulmans, leur récurrence nous commanderait d’y prêter attention et de tenter de rectifier ce qui doit l’être pour colmater les brèches par lesquelles nos ennemis pourraient entrer dans la place et nous abreuver de critiques et d’accusations. Les circonstances étant telles que je viens de les décrire, il est devenu impératif pour nous - et cela nul ne songerait à le contester - de nous efforcer de promouvoir l’image de l’islam dans le monde par tous les moyens en notre possession, afin de changer les stéréotypes éculés qui ont cours et de faire ressortir la vérité éclatante d’un islam fondé sur la tolérance, le rapprochement et la miséricorde. Pour ce faire, il faudra parler aux autres dans le langage et le style qu’ils comprennent le mieux, car nous croyons que la persécution dont l’islam et les musulmans sont actuellement la cible repose dans la plupart des cas soit sur la malveillance pure et simple, soit sur l’ignorance de la réalité des choses, sur des préjugés tenaces et sur des idées reçues.

De même, il faut que nous nous efforcions d’instaurer à l’intérieur du monde musulman un climat nouveau pour susciter une prise de conscience et une réflexion sérieuse sur notre devenir, par la rénovation des structures politiques, économiques, sociales, développementielles et culturelles dans une perspective intégrationniste allant dans le sens du progrès et de la logique qui le sous-tend. Ceci à supposer bien entendu que nous ayons la volonté d’être une nation avec laquelle il faudra compter et de nous hisser à une place de choix à l’ère de la mondialisation, de la démocratisation et des grands blocs qui nous cernent de tous côtés.

Majestés, Altesses, Excellences,

Mesdames et Messieurs,

J’avais tenu dans cette présentation à dépeindre la situation qui prévaut actuellement dans notre monde en essayant de vous donner une image aussi réaliste que possible, quoiqu’elle puisse inspirer quelque sentiment de désespérance et de désenchantement. Néanmoins, il ne fait aucun doute que la prise de conscience du cap difficile par lequel notre Oummah est en train de passer pourrait galvaniser nos énergies et nous aider à parer à nos carences et à trouver la voie du salut.

Les événements qui se déroulent aujourd’hui en Irak, au lendemain de l’invasion du pays par les forces américaines et britanniques, sont un exemple frappant qui témoigne de l’inaptitude de la Oummah islamique à régler ses problèmes par elle-même.

Quelles que puissent être les complexités de la situation intérieure en Irak, la Oummah islamique n’en a pas moins le devoir de prendre des initiatives efficaces pour aller à la rescousse du peuple irakien et lui prêter main forte pour obtenir au plus vite le retrait des forces étrangères et le recouvrement de sa souveraineté, de son indépendance et de sa liberté, mais aussi pour lui permettre de préserver son unité nationale, lui éviter de tomber dans le traquenard des conflits interconfessionnels, interethniques et idéologiques, et pour l’aider à asseoir son contrôle sur ses ressources et à les utiliser à bon escient et conformément à ses intérêts propres. Il est également de notre devoir de déployer un effort particulier en vue de réparer les dommages causés par les guerres passées, les sanctions économiques et les longues années d’embargo. Nous pensons en même temps que la formation d’un conseil de gouvernement transitoire, et la nomination de ministres pour gérer les affaires de l’Etat ont constitué autant de mesures destinées à composer avec la réalité de l’occupation et qui, nous l’espérons, seront suivies d’autres initiatives allant dans le sens de l’accélération du processus de reprise en main complète des affaires publiques par le peuple irakien. Nous pensons également que les Nations Unies doivent jouer un rôle décisif dans la gestion du dossier irakien au stade actuel pour continuer ainsi à normaliser la situation et à soutenir les efforts déployés pour aboutir à la solution escomptée.

En Palestine, la situation ne cesse de se dégrader et les crises de se succéder à cause du refus obstiné du gouvernement israélien d’honorer ses engagements stipulés par les résolutions de la légalité internationale et d’appliquer la feuille de route, et de son entêtement à vouloir poursuivre la même politique consistant à persécuter le peuple palestinien et à tenter de l’assujettir en usant de moyens que les lois et le droit humanitaire international réprouvent.

En invitant les membres du Quartet à assumer leurs responsabilités consistant à veiller à l’exécution des clauses de la feuille de route et à s’assurer qu’elles ne seront pas déformées ou dénaturées, nous exigeons par la même occasion la cessation de toutes les opérations de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, le démantèlement des implantations existantes, la suspension de la construction du mur de la partition et le renoncement à toutes les politiques qui tendent à attiser les passions et à hypothéquer les initiatives de paix, comme la politique des exécutions ciblées et des attentats, la démolition des habitations et des propriétés et les sanctions collectives.

Notre objectif en cela reste de répondre à l’aspiration du peuple palestinien au recouvrement de ses droits légitimes, et en premier lieu le droit de disposer de lui-même et de créer son propre Etat indépendant, avec pour capitale la ville d’Al Qods Al Charif. Dans le même ordre d’idées, nous ne pouvons que condamner les agressions perpétrées contre la Syrie et le Liban et dénoncer les menaces, voilées ou non, brandies sous des prétextes fallacieux contre le Royaume d’Arabie Saoudite et la République islamique d’Iran.

Il faudrait également que la situation en Afghanistan continue de retenir toute notre attention, bien que les projecteurs de l’actualité ne soient plus tout à fait braqués sur ce pays depuis un certain temps déjà. Déployer un effort islamique concerté s’avère impératif pour contribuer à promouvoir un rapprochement palpable entre les différentes factions afghanes et le pouvoir central, qui préparerait le terrain au rétablissement de la sécurité et du consensus national et ouvrirait la voie aux élections législatives de l’année prochaine. Quoique l’intérêt de la communauté internationale pour la question afghane se soit estompé et que les promesses faites par les uns et les autres de contribuer généreusement à la reconstruction de l’Afghanistan ne se soient concrétisées que dans une très faible proportion, il n’en reste pas moins que les principes de la solidarité islamique nous commandent en tant que musulmans de continuer à nous tenir aux côtés du peuple afghan frère pour lui porter secours et l’aider à surmonter la crise où il se débat depuis plus de vingt ans maintenant. C’est d’ailleurs à cette fin que l’OCI a récemment transféré son Bureau d’Islamabad à Kaboul. De son côté, le Fonds islamique d’Assistance au peuple afghan a commencé la collecte auprès des pays donateurs et notre espoir est grand de voir les Etats membres contribuer à cette noble entreprise avec générosité et prodigalité.

Au Cachemire, nous prenons acte avec satisfaction de l’amélioration notable qu’ont connue les rapports entre l’Inde et le Pakistan à la faveur du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, qui a atténué l’acuité de la tension entre eux. Nous espérons que cette embellie contribuera à faciliter la recherche d’une solution définitive au différend sur le Jammu et Cachemire, en permettant aux Cachemiris de jouir de leur droit naturel à disposer d’eux-mêmes et en exorcisant le spectre d’une guerre Indo-Pakistanaise qui mettrait en péril toute la région du Sud Asiatique. Cette année, le Secrétariat général a dépêché une mission de haut niveau pour visiter la province du Jammu et Cachemire en application des résolutions islamiques pertinentes. Cette mission a pu s’informer de visu de la condition où vit la population locale et constater l’ampleur des problèmes et des épreuves dont souffrent les autochtones à cause du climat de tension permanente qui règne à l’intérieur de la zone frontalière. Le gouvernement pakistanais a accordé de grandes facilités à la délégation pour lui permettre d’accomplir sa tâche et nous espérons que le gouvernement indien permettra très prochainement au Secrétariat général de dépêcher une mission analogue pour enquêter sur la situation qui prévaut dans la partie du Jammu et Cachemire située en Inde.

L’Organisation suit également avec une grande satisfaction le déroulement, au Kenya, des travaux de la conférence de la réconciliation nationale somalienne et les avancées enregistrées au cours de cette année. Nous saisissons cette occasion pour appeler toutes les parties à respecter et à appliquer les résolutions de la conférence afin de parvenir à un accord de paix global.

Concernant la question de l’agression dont la République d’Azerbaïdjan a été victime de la part de l’Arménie, qui continue à occuper plus de 20% des territoires azéris au Nagorno-Karabakh et dans d’autres régions, le statu quo ante demeure. L’Arménie se cantonne dans une attitude de défi aux résolutions des Nations Unies et de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe qui ont préconisé la recherche d’une issue pacifique au conflit, qui soit fondée sur le respect de la souveraineté et celui des frontières internationales de la République d’Azerbaïdjan, et mette fin à l’occupation arménienne et à la situation tragique où vivent plus d’un million de réfugiés et de personnes déplacées azéries. L’OCI suit à cet égard, avec intérêt, les contacts encourageants qui ont commencé à se nouer entre les dirigeants arméniens et azéris.

Pour ce qui est de la question chypriote, l’Organisation s’est félicitée des bons offices entrepris par le Secrétaire général des Nations Unies en vue de trouver une issue pacifique au contentieux, de manière à garantir les droits légitimes des Chypriotes turcs et grecs et à leur permettre de préserver leur identité civilisationnelle et historique. L’OCI a fait savoir à toutes les parties qu’elle était prête à faciliter le dialogue en vue de créer la plate forme appropriée pour la mise en œuvre du plan de règlement proposé par le Secrétaire général des Nations Unies.

Dans le cas du Soudan, qui bénéficie de la solidarité du monde musulman pour le renforcement de son unité nationale et la sauvegarde de son intégrité territoriale, notre Organisation suit attentivement les progrès des négociations qui se déroulent au Kenya entre le gouvernement soudanais et le mouvement de la rébellion du Sud Soudan, avec l’espoir que ces négociations déboucheront sur l’instauration d’une paix globale à même de garantir l’unité nationale du Soudan et le retour de la stabilité et de stimuler le processus de développement. Je ne puis omettre à cet égard d’exhorter tous les Etats membres à apporter leur concours au développement et à la reconstruction du Sud Soudan.

Dans le cadre de la solidarité islamique avec les peuples du Sahel, le Secrétariat général suit de près le programme d’assistance destiné aux populations de cette région dans le souci de le renforcer et de veiller à ce qu’il profite davantage à ces populations. De son côté, le Fonds d’Assistance au peuple du Sierra Leone a maintenant franchi toutes les étapes de l’institutionnalisation et est désormais devenu opérationnel, après le virement par les pays donateurs des contributions promises au compte du Fonds auprès de la BID. Je prie donc les Etats membres et les institutions financières du monde islamique de bien vouloir contribuer financièrement aux ressources de ce Fonds d’Assistance pour lui donner les moyens de venir en aide au peuple sierra léonais et de participer à la reconstruction du pays.

Majestés, Altesses, Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Après ce tour d’horizon qui m’a permis d’évoquer certaines des causes du monde islamique, je me dois d’aborder également les principales questions internationales de l’heure qui interpellent le monde musulman. J’entends par là les questions du terrorisme international, le dialogue des civilisations, les droits de l’homme, les prérogatives de l’ONU et la légalité internationale. Notre Organisation a été à l’avant-garde des institutions qui ont été les premiers à manifester un intérêt particulier pour les questions liées au terrorisme, plusieurs années déjà avant que la communauté internationale ne s’en émeuve. Pour combattre le terrorisme, notre Organisation s’est dotée de tout un arsenal de moyens juridiques et pratiques.

Elle a lancé une campagne pour tenter de gagner des appuis internationaux à sa démarche et harmoniser les efforts internationalement déployés pour lutter contre le terrorisme. Cette démarche s’est matérialisée, comme chacun sait, par une succession de réunions destinées à réfléchir sur la question et par l’adoption, coup sur coup, d’un code de conduite en vertu duquel les Etats membres s’engagent à combattre le terrorisme et d’une convention ad hoc qui est déjà entrée en vigueur, ainsi que par les procédures engagées dans le but d’élaborer une définition internationale du terrorisme et de convoquer une conférence mondiale consacrée à la lutte anti-terroriste.

En dépit de ces initiatives louables, la présomption de terrorisme continue à être accolée à l’islam et aux musulmans. Des campagnes diffamatoires sont orchestrées contre eux et des mesures discriminatoires et attentatoires à leurs droits civiques sont édictées à leurs encontre dans certaines contrées.

Entre-temps, les événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis sont venus attiser ces campagnes, dans la mesure où ils ont été exploités ; sans vergogne pour faire endosser au monde musulman tout enter la responsabilité de ces crimes abjects que nous avions pourtant condamnés et flétris dans les termes les plus énergiques. Or, une telle accusation est en contradiction totale avec les principes les plus élémentaires de la logique, de la justice et du droit.

Mais, s’il est une chose qui soit encore plus préjudiciable à la réputation de l’islam et des musulmans dans le monde, c’est assurément la montée de l’extrémisme religieux, de l’intolérance et de la surenchère en matière de dogme qui s’accompagnent de violence et de terrorisme et qui ont commencé à se manifester à une époque récente, comme lors des événements survenus dans l’île indonésienne de Bali, à Riyad et à Casablanca. Ces manifestations d’extrémisme et de fanatisme dépassent, par leur gravité et leur démesure, la portée des accusations mensongères brandies contre nous et des mesures injustes prises à notre encontre. Cette réalité nous impose de trouver un remède efficace aux causes de l’extrémisme - qui est une manière de détourner la religion de ses nobles objectifs - en usant de moyens appropriés, en optant pour la méthode de l’éducation, de la pédagogie et du dialogue, en oeuvrant à propager les vertus de la tolérance parmi les communautés musulmanes et en faisant ressortir la véritable voie de l’islam, celle qui stigmatise les excès du rigorisme, dénonce le fanatisme et interdit d’attenter à la vie humaine sans motif légitime.

A l’inverse, nous devons barrer la route aux campagnes orchestrées de l’extérieur pour tenter de ternir l’image de l’islam et des musulmans et de faire un amalgame coupable entre l’islam et le fléau du terrorisme international. Pour y arriver, il nous faudra, bien sûr, user des canaux diplomatiques appropriés et agir au niveau des médias, des moyens de communication et de la société civile partout dans le monde. Il est tout aussi naturel que cet effort s’accompagne d’une démarche similaire sur le terrain du dialogue pour déjouer les intrigues de certains zélateurs de la thèse du choc des civilisations. Notre devoir est d’apporter la paix à l’islam et aux musulmans aux quatre coins du globe, en évitant soigneusement de nous faire des ennemis et en appliquant le principe du rapprochement entre les peuples prescrit par le Livre Saint : " Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous cherchiez à vous connaître les uns les autres ". Il importe à cet égard de faire un effort supplémentaire pour mettre en œuvre " l’Agenda mondial pour le dialogue des civilisations " adopté par les Nations Unies en vertu de leur résolution n°6/56/A sur initiative islamique, et pour ne pas laisser cet acquis se perdre dans la tourmente des événements. Tout comme il importe pour nous de former le comité de haut niveau réclamé précédemment par la 29ème session de la Conférence islamique des Ministres des Affaires étrangères. D’un autre côté, nous avons applaudi à la création et à l’entrée en fonction du Tribunal pénal international et avons appelé à le soutenir et à en préserver les objectifs et les statuts.

De concert avec la République de Turquie, le Secrétariat général avait appelé à la convocation d’un forum des Etats membres de l’OCI et des Etats membres de l’Union Européenne, qui s’est effectivement tenu en début 2002, en vue de faire le point de la situation politique actuelle entre les deux communautés, dans un esprit d’entente et d’harmonie accrues entre les civilisations. Le déroulement de ce forum à Istanbul a connu un succès éclatant. Les contacts entre les deux organisations se sont succédés par la suite pour trouver des formules de coopération pragmatiques. Des efforts et des contacts similaires sont entrepris en ce moment même entre le Secrétariat général et l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, ceci sans parler des activités analogues menées avec le Conseil de l’Europe à Strasbourg.

De nos jours, la théorie des droits de l’homme occupe une place à part dans le discours mondialiste. Là aussi, il y a sujet à controverse car nous continuons à entendre les autres se répandre en griefs à l’encontre de certains Etats islamiques accusés, en l’occurrence, de ne faire aucun cas de ces droits ou de ne pas les respecter comme il se doit. A vrai dire, le dossier des droits de l’homme n’a cessé de retenir notre attention depuis plus de 13 ans. Nous sommes même allés jusqu’à promulguer en 1995 un traité intitulé " Déclaration du Caire sur les Droits de l’Homme en Islam ", que les Etats membres s’engagent à respecter, sachant que le fait de se conformer à cette Déclaration équivaut à réfuter toutes les accusations brandies contre eux .

Le nouvel ordre international unipolaire pose le problème de la légalité internationale qui voudrait que le dernier mot revienne logiquement aux principes du droit et aux résolutions des Nations Unies, au risque de heurter de front la désormais unique superpuissance dans le monde qui campe obstinément sur ses propres positions. Ce paradoxe a trouvé son illustration la plus éclatante avec l’occupation de l’Irak. Alarmés par la gravité de cette situation, nous avons appelé au respect des principes du droit international, du droit humanitaire international, de la " Déclaration de la culture de la paix de 1999 " et des résolutions de la légalité internationale adoptées par les Nations Unies. Nous avons également insisté sur la nécessité pour l’ONU d’assumer la première responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, de rejeter la logique du recours aux mesures unilatérales dans les relations internationales, et de refuser la marginalisation des Nations Unies.

Majestés, Altesses, Excellences,

Mesdames et Messieurs,

La démocratie est indivisible. Elle est censée s’appliquer à tous les échelons, y compris l’échelon économique. C’est pourquoi nous avons éprouvé beaucoup de déception et d’amertume en constatant que ce critère est loin d’avoir été respecté à la dernière réunion en date de l’OMC à Cancun, au Mexique, ce qui devait fatalement mener cette réunion à l’échec. Néanmoins, nous gardons l’espoir que, dorénavant, la communauté internationale se souciera davantage de ce critère, eu égard à l’impact qui en découle au niveau de la situation économique dans les pays en développement.

La majorité des Etats du monde musulman appartiennent au groupe des pays en développement, qui pâtissent des conséquences négatives de la mondialisation. Pis encore, les rapports du COMCEC révèlent que les taux de croissance économique dans les Etats membres sont restés en deçà des scores réalisés par d’autres pays en développement et que, de surcroît, le ratio de la dette extérieure et le niveau de la pauvreté dépassent les moyennes enregistrées par l’ensemble des pays en développement. Face à une situation aussi inquiétante, le monde musulman aurait besoin de faire une pause de réflexion pour méditer sur la thérapie à appliquer afin de remédier à ces déficiences. Car, les pays musulmans ont tendance à vivre en autarcie au milieu de grands ensembles économiques, à une époque où, pourtant, un Etat isolé n’a aucun poids en termes de puissance économique à l’échelle du globe. Il subsiste malgré tout, une petite lueur d’espoir dans le sens où nous avons entrepris d’accomplir quelques pas, quoique encore timides et excessivement lents, vers une sorte de solidarité économique panislamique et une action islamique commune visant la conjugaison des efforts dans le domaine de l’économie. Les réalités internationales nous dictent d’œuvrer au renforcement de cette coopération entre les Etats membres, à la mise en œuvre du Plan d’Action de l’OCI pour le renforcement de la coopération économique et commerciale entre les Etats membres, à l’accélération du processus d’exécution de ce Plan, et à une large participation des organes de l’OCI à ce processus.

Elargir le champ des échanges commerciaux intra-communautaires a toujours été considéré comme l’une des priorités de notre Organisation. L’entrée en vigueur de l’Accord Cadre du système de préférences commerciales entre les Etats membres est venue ainsi ouvrir de vastes horizons aux négociations commerciales entre les onze pays ayant déjà ratifié l’accord. Cet acquis de taille pourrait imprimer un fort élan à nos efforts concertés pour augmenter le volume des échanges intra OCI. Je ne puis à cet égard que remercier le gouvernement de la République de Turquie pour avoir eu l’amabilité de se proposer pour abriter le 1er Round des négociations. Je saisirais l’occasion qui m’échoit ainsi pour appeler tous les Etats membres à ratifier ledit accord afin d’en maximiser le profit.

Si nous avons indéniablement accompli quelques progrès sur ce plan, il en va autrement d’un autre aspect sur lequel nous avons longtemps insisté, dont nous n’avons cessé de souligner l’importance majeure pour l’action islamique commune et où, malgré tout, les choses ne semblent pas vouloir bouger. Je veux parler de l’investissement des capitaux islamiques dans les pays musulmans. Je présume que l’une des causes principales de cette inertie doit être recherchée dans le manque d’information des investisseurs musulmans quant aux avantages que de nombreux Etats membres sont en mesure de leur offrir. Il est évident que beaucoup de ces Etats membres possèdent un fort potentiel d’attraction leur permettant d’absorber une masse considérable d’investissements dans maints créneaux au niveau tant du secteur public que du secteur privé.

J’aimerais également évoquer le cas du secteur touristique, qui est l’un des dix domaines prioritaires identifiés par le Plan d’Action islamique. L’importance qu’il peut y avoir à s’intéresser au développement de ce secteur et à y investir n’est plus à démontrer. La coopération entre les Etats membres s’avère nécessaire pour promouvoir ce secteur important qui génère une masse considérable de revenus et de recettes en devises et qui ouvre de vastes perspectives d’emploi aux populations autochtones. A ce propos, je ne puis que réitérer l’importance que revêtent les conventions et les réglementations adoptées sous les auspices de l’OCI dans le domaine économique, et qui attendent encore d’être signées ou ratifiées par certains Etats membres que j’exhorte vivement à s’empresser de le faire, vu l’immense avantage que le pays concerné et, avec lui, l’ensemble du monde musulman, pourraient en retirer.

Je ne saurais omettre non plus de rendre hommage à la Banque islamique de Développement et saluer les signalés services que cette institution ne cesse de rendre aux Etats membres dans des domaines aussi différents que le développement, l’infrastructure et la promotion des échanges commerciaux intra communautaires. Je saisirais donc cette opportunité qui m’est offerte pour inviter votre auguste Assemblée à accorder un soutien accru à cette banque d’avant-garde, notamment dans l’effort qu’elle déploie en vue d’élargir le champ de ses activités au cours de la phase à venir.

Majestés, Altesses et Excellences,

Mesdames et Messieurs,

A l’heure où le phénomène de la mondialisation tend à s’amplifier, il est désormais clair qu’il existe un risque réel de voir ce phénomène nous conduire à une situation où le monde serait réduit à n’être qu’un seul bloc dominé par une culture unique, celle du plus fort, et où la " globalisation " serait synonyme d’uniformité culturelle et linguistique superficielle et vaine.

Dans cette hypothèse, la diversité culturelle, qui affirme la singularité de chaque nation, matérialisée par son héritage commun, par ses notions intellectuelles et par sa propre échelle de valeurs, est menacée d’extinction. Or, la culture islamique risque de figurer sur la liste des victimes. C’est justement pour parer à une telle éventualité que la stratégie culturelle pour le monde musulman et le programme d’action ad hoc ont été mis en route. C’est une réponse qui se veut à la hauteur de l’ambition que nous caressons : celle de préserver les attributs de la culture islamique dans les Etats membres, de construire l’identité musulmane, de réformer les idéologies et d’enraciner l’authenticité islamique en intégrant les considérations modernistes et les innovations scientifiques et technologiques.

A l’heure où les sociétés avancées sont passées du stade de sociétés de production à celui de sociétés du savoir, au sein desquelles l’intelligence humaine et le génie industriel jouent un rôle incontournable, à l’heure où le volume des connaissances s’accroît à une vitesse prodigieuse et où le discours cognitif fait florès dans le monde entier, nous pouvons légitimement aspirer à ce que cette stratégie remplisse le rôle pour lequel elle a été conçue.

L’ISESCO, qui a déjà apporté une contribution appréciable à l’élaboration de cette Stratégie, a été investie de la tâche de veiller à la mise en œuvre du Plan d’Action y afférent, avec le concours diligent de son Conseil consultatif chargé de l’évaluation des projets proposés par les Etats membres. Cela m’amène à lancer un appel aux Etats membres pour leur demander d’accorder à cette question tout l’intérêt qu’elle mérite et de déployer tous les efforts dont ils sont capables en vue de mettre ce plan en œuvre et d’aller de l’avant dans l’exécution des projets adoptés depuis l’an dernier, eu égard aux bienfaits incommensurables que cette mise en œuvre ne manquera pas d’avoir pour la culture et la civilisation islamiques en tant que tout.

Je me dois également de mentionner les activités du Centre de Recherches sur l’Histoire, les Arts et la Culture islamiques ainsi que le remarquable travail qu’il ne cesse d’accomplir dans le domaine de la recherche, de la sauvegarde et de la classification du patrimoine islamique.

Dans le domaine plus particulier de la préservation et de l’enracinement de la culture islamique, l’OCI déploie également des efforts acharnés, quoique dans des conditions difficiles, pour soutenir les universités islamiques du Niger et d’Ouganda sur les plans financier, académique et administratif. Il est de notoriété publique que les ressources de ces deux universités se limitent aux subsides octroyés par le Fonds de Solidarité islamique et aux quelques dons provenant de certaines institutions ou de certains gouvernements, notamment le Royaume d’Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats Arabes Unis. Tout en louant la compétence dont les administrations de ces deux universités ont fait preuve et en les félicitant pour le bon usage qu’elles ont fait de leurs ressources financières, je voudrais rappeler qu’elles ont encore besoin, toutes deux, d’un soutien financier accru pour pouvoir s’acquitter de la tâche, combien exaltante mais ô combien importante aussi, qui leur est confiée. Je voudrais également adresser, dans ce même ordre d’idées, notre hommage au gouvernement malaisien pour le soutien apporté à l’université islamique internationale de Kuala Lumpur et pour sa décision d’augmenter de 20% l’effectif d’étudiants étrangers.

Par ailleurs, le Comité permanent pour l’Information et les Affaires culturelles (COMIAC) avait, à sa 7ème session, recommandé de réserver la priorité aux besoins fondamentaux de la femme musulmane et d’en garantir les intérêts à travers la gamme variée de programmes et de projets mis en chantier à l’échelle du monde musulman. Le COMIAC avait également exprimé la volonté de certains Etats membres de créer un mécanisme placé sous les auspices de l’OCI et appelé à prendre en charge les affaires de la femme musulmane, à en promouvoir le rôle dans le développement social, et à s’occuper en même temps de la protection de l’enfance et de la jeunesse contre les programmes nocifs diffusés par les médias. Le Comité avait en outre insisté sur la nécessité de convoquer la conférence ministérielle sur l’enfance dans les plus proches délais.

Majestés, Altesses, Excellences,

Mesdames et Messieurs,

L’OCI a accordé et accorde toujours un intérêt particulier aux communautés et minorités musulmanes vivant à l’extérieur des pays membres, pour leur permettre de préserver leur identité et de défendre leurs intérêts mais aussi pour les aider à résoudre leurs problèmes, toujours dans le strict respect des lois du pays de résidence. Outre le contact direct avec les représentants de ces communautés et minorités, le Secrétariat général organise de temps en temps des séminaires dans des sites choisis du monde entier pour donner aux représentants de ces communautés l’occasion de se rencontrer afin de discuter de leurs problèmes et de la situation dans leurs régions respectives en tirant mutuellement profit de l’expérience des uns et des autres et en s’efforçant de coordonner leurs activités pour conforter leurs positions. Cette communication avec les communautés et minorités musulmanes dans les Etats non membres est devenue encore plus indispensable et urgente après les événements du 11 septembre 2001 et les vagues de harcèlement et de persécution dont les communautés musulmanes ont fait les frais dans certaines contrées.

Notre Organisation a engagé d’intenses démarches diplomatiques dans le but de régler certains problèmes épineux dont souffrent les communautés musulmanes comme c’est le cas au Sud des Philippines, où nous continuons à œuvrer à l’instauration de la sécurité et de la paix en exhortant notamment les parties concernées à respecter pleinement les clauses de l’accord de paix signé en 1996 et à mettre en œuvre le plan de développement intégral de la région autonome.

Mesdames et Messieurs,

La science et le savoir ont toujours été la vitrine de l’islam. A cet égard, il n’ y a pas le moindre doute que le plus grand danger qui guette aujourd’hui le monde musulman et en hypothèque l’essor, n’est autre que le fossé scientifique qui le sépare des pays avancés. Cette situation place en fait les pays avancés dans une position dominante qui leur permet de décider à leur guise des destinées politiques et économiques de la planète. A notre profond regret, nous nous devons de reconnaître que les capacités technologiques des Etats membres auraient encore grandement besoin d’être développées, ce qui devrait nous inciter à coopérer plus étroitement dans les domaines scientifique et technologique.

Toutes les résolutions adoptées à cette fin par notre Organisation n’ont pas permis de répondre aux besoins des Etats membres qui cherchent à passer du statut de simple consommateur de technologie importée à celui de producteur nanti d’infrastructures industrielles adéquates. Depuis bien longtemps déjà, nous avions jeté les bases d’une coopération intense entre les Etats membres, dans le domaine de l’environnement, de la lutte contre les épidémies, de l’usage abusif de substances nocives et de la coopération en matière de ressources humaines. C’est ainsi que plusieurs parmi ces Etats membres ont pu bénéficier des programmes conçus à cette fin par le COMSTECH et l’Université islamique de Technologie. Malheureusement, la plupart de ces pays continuent à dépendre, pour les besoins de leurs politiques de développement, de l’importation massive d’outils technologiques hétéroclites en provenance des pays avancés. C’est une vérité de La Palisse de dire qu’il ne peut y avoir de véritable transfert de technologie en l’absence de ressources humaines aptes à en maîtriser les outils et à en tirer le meilleur parti. Cela confirme, si besoin est, la nécessité d’accorder tout l’intérêt requis à l’enseignement et à la formation en matière de technologie, pour éviter de devoir compter éternellement sur les experts des pays avancés. Le COMSTECH à Istanbul et l’Université islamique de Technologie à Dhaka sont deux institutions islamiques qui jouent un rôle capital dans le domaine de la recherche scientifique et du développement humain et méritent toutes deux d’être les vecteurs du progrès et de l’essor de la Oummah. Je voudrais à cet égard exhorter les Etats membres à accorder un soutien financier accru à ces deux institutions pour leur permettre de progresser dans les domaines de leur ressort, pour le plus grand bien de la Oummah islamique et dans l’intérêt de la coopération entre nos pays en matière de sciences et de technologie.

Majestés, Altesses, Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Quelque trente-quatre années se sont écoulées depuis la naissance de l’Organisation de la Conférence islamique. Au cours de cet itinéraire, notre Organisation est passée par de multiples expériences et a connu moult réformes qui lui ont permis de remplir nombre de missions qui lui avaient été assignées au service de l’action islamique commune et des justes causes de la Oummah. Cette évolution s’est accompagnée de la mise en place d’une large panoplie d’organes subsidiaires, d’institutions affiliées et spécialisées et de comités permanents qui nous ont indéniablement apporté un " plus " dans des domaines aussi divers que les aspects politiques, économiques, culturels, religieux et sociaux. Le premier et le plus ancien de ces comités n’est autre que le Comité Al Qods, qui a œuvré et ne cesse d’œuvrer à ce jour, sous la haute égide de S. M. le Roi Mohamed VI, pour la défense de la Ville sainte, de ses habitants et de la vénérable Mosquée Al Aqsa bénie par le Seigneur.

A cet égard, j’estime qu’il est de mon devoir de m’incliner ici devant la mémoire des pères fondateurs de cette Organisation d’avant-garde, et, en particulier de rendre un hommage posthume à S. M. le Roi Fayçal Bin Abdulaziz, Souverain du Royaume d’Arabie Saoudite, et à S.M. feu le Roi Hassan II, Souverain du Royaume du Maroc, dont le génie visionnaire, la sagacité et la hauteur de vue ont été, il faut bien le reconnaître, à l’origine de la création de cette prestigieuse organisation qui est la nôtre et qui apparaît aujourd’hui comme l’unique lieu de rencontre des musulmans et le ciment de leur unité. En saluant S. E. le Dr. Mahathir Mohamad qui accède aujourd’hui au rang de Président de ce Sommet et se trouve appelé, à ce titre, à parrainer le processus de réforme de notre Organisation, nous nous remémorons en même temps les tout premiers pas accomplis naguère par Son illustre prédécesseur le regretté Tunku Abdulrahaman, qui eut l’honneur d’être le premier Secrétaire général de l’OCI.

Il est un fait que les bouleversements internationaux et les réalités de la vie politique et socio-économique rendent nécessaire de réexaminer les missions et les responsabilités du Secrétariat général et d’en revoir le mode de fonctionnement. C’est d’ailleurs à la demande insistante de ce Secrétariat général qu’un cadre général a été établi en vue d’examiner la question. Une étude exhaustive et minutieuse a été commandée à une firme malaisienne et l’on s’attend à ce qu’elle soit complètement bouclée dans l’espace des quelques mois à venir.

Je relève également que plusieurs Etats non membres ont commencé, ces derniers temps, à prêter un intérêt grandissant à notre Organisation et à en suivre de près les activités, voire même à exprimer le souhait d’y adhérer sous une forme ou une autre. Ce regain d’intérêt doit être attribué au fait que ces Etats apprécient les résolutions et les prises de position de notre Organisation, et que, par ailleurs, l’islam est devenu un thème récurrent sur l’échiquier international et qu’il ne cesse de susciter la curiosité des uns et des autres. De plus, bien des causes importantes de par le monde ont un lien avec l’islam et les musulmans. Cela me pousse à attirer votre attention sur cet aspect et sur la nécessité pour le monde musulman de manifester une sollicitude particulière à l’égard de son unique organisation représentative, afin d’en renforcer les structures et d’en améliorer le rendement. L’Organisation de la Conférence islamique est, en effet, la maison commune de la Oummah, le forum qui fédère tous les points de vue et coordonne l’action commune, le lieu où s’exprime l’esprit de fraternité, d’entraide, de coopération et de solidarité. En soutenant cette Organisation et en lui donnant les moyens de ses ambitions, vous aurez apporté votre soutien à cette tribune islamique unique, à cette vitrine où l’islam s’expose aux regards du monde et qui devrait être le meilleur reflet de nos idéaux, de nos valeurs, de notre fraternité et de l’unité de nos rangs.

Puisse le Tout-Puissant bénir nos entreprises pour le bien, la grandeur et la prospérité de cette Oummah.

Source : OCI