Mener le combat contre les terroristes

La semaine dernière a marqué le vingtième anniversaire de l’attentat
contre des baraquements de marines américains à Beyrouth, qui a causé
la mort de plus de deux cent quarante Américains. Peu de temps après
cet attentat, le président Reagan et son secrétaire d’Etat, M. George
Shultz, m’ont demandé de me mettre en disponibilité pour occuper les
fonctions d’envoyé présidentiel au Moyen-Orient. Ce qui s’est passé au
Liban nous a appris des leçons sur la nature du terrorisme qui sont
pertinentes de nos jours, alors que nous poursuivons la guerre
mondiale contre le terrorisme.

Le président Bush a indiqué clairement que la seule façon de gagner la
guerre que nous menons actuellement est de porter cette lutte chez
l’ennemi et de faire reculer la menace que les terroristes font peser
sur notre civilisation "non pas dans les limites de son influence,
mais au coeur même de son pouvoir". Il a raison. Pour le comprendre,
il suffit de considérer ce qui s’est passé à Beyrouth il y a vingt
ans.

L’attentat eut lieu lorsqu’un camion chargé d’explosifs entra dans les
baraquements des marines américains, près de l’aéroport de Beyrouth.
La réaction logique fut de placer des barrières en béton autour des
bâtiments pour empêcher un autre camion d’exploser. Toutefois, les
terroristes trouvèrent rapidement le moyen de contourner ces défenses
 : ils se mirent à lancer des grenades propulsées par fusée sur des
objectifs situés dans de tels baraquements. La tendance fut donc de se
protéger encore plus. On commença de voir le long de la Corniche,
l’avenue très animée qui longe le bord de mer à Beyrouth, des
immeubles recouverts d’un filet métallique qui faisait rebondir les
grenades propulsées par fusée sans qu’elles causent de grands
dommages. Que firent alors les terroristes ? Ils s’adaptèrent à la
situation. Ils se mirent à surveiller les allées et venues du
personnel de l’ambassade et à s’attaquer à des personnes sur le trajet
de travail. Face à de nouveaux moyens de défense, les terroristes
trouvèrent de nouveaux moyens d’attaque.

Dans les six mois qui suivirent le premier attentat, les Etats-Unis
retirèrent la plupart de leurs soldats du Liban. De ce qui s’est
passé, les terroristes ont tiré des enseignements importants, à savoir
que le terrorisme est relativement peu coûteux et facile à nier et
qu’il peut donner des résultats importants moyennant un risque faible
et souvent sans pénalité. Le terrorisme peut constituer un grand
facteur égalisateur, un multiplicateur de force. En outre, il
fonctionne bien en ce sens qu’il peut terroriser et que même un seul
attentat peut influencer l’opinion et le moral du public ainsi que
modifier le comportement d’un pays.

Le terroriste jouit d’un avantage considérable. Il peut commettre un
attentat à tout moment, en tout lieu, à l’aide de pratiquement
n’importe quelle technique. Il n’est pas possible de défendre un
objectif éventuel tout le temps, en tout lieu, contre toute forme
d’attaque. De ce fait, la manière de vaincre les terroristes est de
porter la guerre chez eux, de les pourchasser là où ils vivent,
trament leurs projets et se cachent et d’indiquer clairement aux Etats
qui leur apportent une aide et qui les abritent que leurs actes auront
des conséquences.

C’est ce que le président Bush fait dans le cadre de la guerre
mondiale contre le terrorisme. Lorsque notre pays a été attaqué le 11
septembre 2001, le président a immédiatement déclaré que ce qui
s’était passé était un acte de guerre et qu’il fallait le traiter en
tant que tel, que la faiblesse pouvait inviter l’agression et que le
fait de rester simplement dans une position de défense et d’absorber
les coups n’était pas une manière efficace de s’y opposer. Il a dit :
dorénavant "toute personne impliquée dans l’exécution ou dans la
préparation d’attentats terroristes contre les Américains devient un
ennemi de notre pays (...) Toute personne, toute organisation ou tout
Etat qui soutient, protège ou abrite des terroristes est complice de
l’assassinat d’innocents et est tout aussi coupable de crimes
terroristes. Tout régime dévoyé qui a des liens avec des groupes
terroristes et qui cherche à obtenir des armes de destruction massive
ou qui en possède constitue un grave danger pour le monde civilisé -
et sera confronté." Dans les deux années qui ont suivi, des milliers
de terroristes ont été arrêtés, et deux régimes terroristes ont appris
que le président était sérieux quand il disait quelque chose.

La politique que le président suit est encore plus importante alors
que nous entrons dans une période nouvelle et dangereuse en matière de
sécurité. Lorsque les baraquements des marines ont été attaqués il y a
vingt ans, la menace terroriste était en grande partie classique. Les
terroristes diposaient d’armes qui pouvaient tuer des dizaines de
personnes, et, dans le cas de l’attentat de Beyrouth, des centaines de
personnes. Le 11 septembre, les terroristes sont devenus encore plus
audacieux ; ils ont apporté la guerre dans notre pays et se sont
servis de techniques qui leur ont permis de tuer non pas des
centaines, mais des milliers de personnes, et pourtant l’agent
explosif qu’ils ont utilisé le 11septembre n’était que du carburant
pour avion. Le danger auquel nous devons faire face au XXIe siècle est
la menace provenant de terroristes armés non pas de carburant pour
avion, mais d’armes plus puissantes. Si le monde ne s’attaque pas aux
liaisons qui se créent entre les réseaux de terroristes, les Etats
terroristes et les armes de destruction massive, les terroristes
pourront un jour tuer pas seulement deux cent quarante personnes comme
à Beyrouth ou plus de trois mille personnes comme le 11 septembre,
mais des dizaines de milliers ou plus.

C’est pourquoi notre pays et notre coalition qui regroupe
quatre-vingt-dix pays sont en guerre. C’est pourquoi nous avons des
forces qui risquent actuellement leur vie en luttant contre des
adversaires terroristes en Afghanistan, en Irak et ailleurs dans le
monde. C’est aussi pourquoi il est essentiel que notre pays
reconnaisse que la guerre contre le terrorisme sera longue, difficile
et dangereuse et que, alors que nous faisons face aux menaces
terroristes actuelles, il nous faut aussi trouver les moyens
d’empêcher qu’une nouvelle génération de terroristes n’apparaisse.
Pour chaque terroriste que les forces de la coalition capturent,
tuent, dissuadent ou découragent, on compte d’autres personnes qui
suivent une formation de terroriste. Pour gagner la guerre contre le
terrorisme, nous devons aussi gagner la guerre des idées, la bataille
pour gagner à notre cause ceux qui sont recrutés par les réseaux de
terroristes à travers le monde.

C’est pourquoi le président se sert de tous les éléments de notre
puissance nationale : armée, finances, diplomatie, police,
renseignement et diplomatie publique. En effet, pour vivre en tant que
peuple libre au XXIe siècle, nous ne pouvons pas vivre derrière des
barrières de béton et des grillages. Nous ne pouvons pas vivre dans la
crainte et demeurer un peuple libre. Il convient d’arrêter les
terroristes avant qu’ils puissent terroriser, et mieux encore nous
devons les empêcher de devenir des terroristes. C’est là la leçon que
nous avons apprise il y a vingt ans à Beyrouth.

Traduction officielle du département d’État