La guerre contre l’Irak a commencé avec la mise en route en parallèle des armées et de Bechtel et Halliburton, entreprises impliquées à de nombreux niveaux de l’offensive et qui contrôlent aujourd’hui les secteurs clés en Irak. Les entreprises états-uniennes bénéficiaient de la protection de l’armée alors que les institutions étatiques étaient laissées sans défense face aux assauts de la foule. Le pouvoir impérial bénéficie ensuite du chaos et de la destruction des infrastructures pour ouvrir la voie aux privatisations organisées par l’Autorité provisoire de la Coalition en Irak dans des conditions injustes.
Les privatisations sont la seule politique économique et elles sont menées sans se soucier de leur impact sur les populations. A la différence de l’URSS, l’Irak avait un secteur privé fort et un programme de réforme en sa faveur n’aurait pas rencontré beaucoup d’ennemis s’il n’avait été question que de renforcer le secteur privé tout en réhabilitant le secteur public après avoir attendu le retour à la normalité constitutionnelle. Ce n’est pas le cas de ces privatisations qui interviennent après qu’une loi ait favorisé les acquisitions par les entreprises étrangères, ce qui choquent les Irakiens. Ils y voient la preuve du caractère colonial de l’occupation et ils estiment que la soi-disant « reconstruction » aura peu d’impact positif pour la population. Si en plus, l’Autorité provisoire dénationalise le pétrole, elle parviendra à faire l’unanimité contre elle. C’est sans doute pour cela que Bremer attend.
Toutefois, malgré les oppositions les néo-conservateurs restent en pilotage automatique et poursuivent leur politique même s’ils ont dû modifier le volet militaire. Ainsi, ils comptent supprimer le système de distribution alimentaire qui a évité la famine à des millions d’Irakiens pendant 13 ans. Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni changent leur politique de sécurité et cherchent une stratégie de départ, rien n’est fait pour changer la politique économique qui est une source de mécontentement.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Privatisation won’t make you popular », par Kamil Mahdi, The Guardian, 26 novembre 2003.