Un rapport du Jaffee Center for Strategic Studies, rédigé par le brigadier-général réserviste de l’armée israélienne Shlomo Brun (ancien adjoint du conseiller de sécurité nationale), indique que les commissions d’enquête travaillant, aux États-Unis ou au Royaume Uni, sur les « erreurs » des services de renseignement concernant les motivations de la menace irakienne « oublient qu’il y avait un troisième partenaire important soutenant ces informations [selon lesquelles Saddam Hussein disposait d’armes de destruction massive et des moyens de s’en servir] et ce troisième partenaire était Israël ».
« Les services de renseignement israéliens ont été un partenaires à part entière pour la présentation des capacités non-conventionnelles irakiennes par le Royaume-Uni et les États-Unis, (…) et les échecs de la guerre en Irak démontrent des échecs et des faiblesses inhérents aux services de renseignement et aux décideurs israéliens. De tels erreurs pourraient se reproduire à l’avenir si la question ne fait pas l’objet d’une enquête complète, et si les conclusions qui s’imposent n’en sont pas tirées ».
Selon le rapport, l’évaluation exagérée de la menace irakienne a mis à mal la confiance de l’opinion publique en ses responsables et décideurs nationaux. En plus, elle a coûté des sommes encore difficiles à évaluer pour se prémunir d’une menace qui n’existait pas.
Shlomo Brun ajoute que cet épisode pourrait mettre à mal les relations d’Israël avec les pays étrangers : « les agences de renseignement étrangères pourraient perdre confiance dans les informations israéliennes, et soupçonner Israël de leur en fournir de fausses afin de convaincre les autres pays d’adopter sa position politique »
Selon lui, la vision israélienne de la menace irakienne est liée à « une conception dogmatique. Les agences de renseignement ont été submergées par une vision mono-dimensionnelle de Saddam qui le décrivait comme l’incarnation du Mal, un homme soumis à l’obsession de développer des armes de destruction massive pour frapper Israël entre autres ». Pourtant, les services auraient dû prendre en compte le fait qu’après 1991, le développement d’armes de destruction massive par le régime irakien étaient une menace pour sa propre survie.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Dogma undermined pre-Iraq thinking, says expert », par Amnon Barzilai, Ha’aretz, 4 décembre 2003.