Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a accordé un entretien à quatre grands quotidiens altantistes pour défendre l’OTAN. Selon lui, l’organisation n’a pas démérité depuis le 11 septembre 2001 et doit être soutenue. Son déplacement à Bruxelles visait à mettre en garde contre la dispersion des forces que pourrait provoquer l’initiative européenne de création d’un état-major autonome. L’étrangeté de ce raisonnement est qu’il se fonde sur de la langue de bois et dénie les conflits d’intérêts. Précisément depuis le 11 septembre, les Européens ne partagent pas les objectifs états-uniens de la guerre globale au terrorisme et rejettent la dérive impériale de Washington. C’est pourquoi le Pentagone, qui avait par le passé souhaité la création d’un état-major européen pour lui confier les missions régionales dont il ne voulait pas s’occuper, fait désormais tout ce qui est en son possible pour saboter ce projet. En effet, aujourd’hui celui-ci n’aurait plus vocation à sous-traiter des opérations, mais à conduire une politique indépendante, et peut-être un jour opposée.

Dans le Christian Science Monitor, Robert I. Rotberg de la Kennedy School of Government se réjouit de l’interdiction faite au président zimbabwéen Robert Mugabe de participer au sommet du Commonwealth, malgré le soutien que lui apporte le président sud-africain Thabo Mbeki. En effet, son régime dérivant vers l’autocratie, a provoqué la famine et attisé la guerre au Congo. Toutefois cette juste et sévère critique occulte volontairement un aspect de sa politique qui explique une partie de l’animosité internationale à son égard et du soutien sud-africain dont il jouit : Mugabe a tenté une réforme agraire en démantelant autoritairement les grands domaines des blancs au profit des noirs.

Pat Holt revient dans le même quotidien sur la classique distinction entre « idéalistes » et « réalistes » pour comparer les présidents Bush et Wilson. Bush prétend remodeler le monde, comme les idéalistes, mais il le fait avec les moyens cyniques des réalistes au détriment des Droits de l’homme qu’il prétend promouvoir.

Anthony Richter et Svetlana Tsalik de la Fondation Soros dénoncent dans le New York Times la politique d’approvisionnement énergétique des États-Unis. Tous les moyens sont bons pour acheter du pétrole à bas prix, notamment la corruption des gouvernements étrangers. Mais en soutenant des régimes illégitimes, Washington s’expose au retour de bâton : les populations lorsqu’elles renversent les tyrans se dressent contre les États-Unis qu’elles accusent avec raison de complicité avec les despotes déchus. Dans le même quotidien, la chercheuse Daphne Eviatar applique ce raisonnement à l’Afrique en général et à l’Angola en particulier. Tous ces auteurs se rejoignent pour préconiser la transparence des concessions pétrolières comme seul remède préventif à ces renversements de situation et seule garantie de développement économique des pays exportateurs.

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, plaide pour son organisation dans le Los Angeles Times. Sans minimiser les manquements de l’ONU dans de nombreux conflits, il relève ses réussites et préconise sa réforme pour la rendre plus efficace.

Enfin, Jalal Talabani, membre kurde du Conseil de gouvernement irakien, justifie dans le Washington Post la censure d’Al-Arabiya. La chaîne de télévision a en effet diffusé l’intégralité d’un message attribué à Saddam Hussein appelant à l’assassinat des membres du Conseil de gouvernement. Al-Arabiya ne peut évoquer la liberté d’expression pour se donner le droit d’inciter à la violence. S’il est parfait, ce raisonnement fait abstraction des appels au meurtre quotidiennement diffusés par les médias de la Coalition qui ont appelé à la recherche « morts ou vifs » des dignitaires de l’ancien régime. En outre, Al-Arabiya rend compte d’opinions diverses et a diffusé ce message comme un document, sans en faire l’apologie. Au contraire, les médias de la Coalition, créés par l’ancien patron de la National Endowment for Democracy (CIA), sont au service exclusif de Washington. Le Conseil de gouvernement ne peut donc se placer en garant de la qualité du débat démocratique public.