M. Powell - Merci beaucoup, Monsieur le Ministre. C’est un insigne
honneur pour moi d’être à Alger pour la première fois. Non seulement
mes entretiens avec le ministre des affaires étrangères ont été
productifs, mais j’ai eu des entretiens très positifs avec le
président Bouteflika. J’ai été heureux de transmettre à M. Bouteflika
la gratitude du président Bush pour ce qui est des progrès que nous
avons faits au cours des dernières années en vue de resserrer nos
liens bilatéraux qui sont, ainsi que l’a indiqué le ministre, plus
solides qu’ils ne l’ont jamais été.

Nous apprécions particulièrement l’exceptionnelle coopération de
l’Algérie dans la guerre contre le terrorisme et nous nous réjouissons
à l’avance de renforcer encore cette coopération dans les mois et les
années à venir. Les progrès au plan démocratique et la modernisation
économique sont également fondamentaux, dans l’intérêt de l’Algérie et
celui de nos liens croissants. La liberté de la presse, une
participation politique représentative et le respect des droits de
l’homme sont d’importants piliers de ce processus. Il en est de même
de l’organisation, l’année prochaine en Algérie, d’élections libres,
équitables et transparentes. Le président et moi-même avons parlé
franchement de ces questions.

Nos liens économiques bilatéraux s’intensifient. Nous encourageons
activement les possibilités accrues d’échanges et d’investissement, et
comme vous le savez nous avons un accord-cadre en matière de commerce
et d’investissements avec l’Algérie. Nous appuyons solidement, ainsi
que l’a souligné le ministre, les efforts menés par l’Algérie pour
adhérer à l’Organisation mondiale du commerce. Les Etats-Unis sont
fiers de fournir une assistance technique à l’Algérie afin de réformer
son système au plan fiscal, budgétaire, judiciaire, et en matière de
lois commerciales. Ainsi que je l’ai fait lors de mon entretien avec
le roi Mohammed, je souligne ce soir au président Bouteflika l’intérêt
que nous portons à une solution politique au problème du Sahara
occidental. Les Etats-Unis continuent à soutenir les efforts de
l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, l’ancien secrétaire
d’Etat Jim Baker. Nous ne cherchons pas à imposer une solution à une
partie quelconque en particulier. J’ai encouragé le président
Bouteflika, et j’ai exhorté le roi Mohammed ce matin à poursuivre leur
dialogue bilatéral en ce qui concerne cette question et les façons
permettant à l’Algérie et au Maroc d’oeuvrer de concert.

Comme l’a souligné le ministre, le président et moi-même avons eu une
excellente occasion de faire le point sur tout un éventail de
questions internationales : le Proche-Orient, l’Irak, l’Iran, la
Syrie, le Soudan, et comme l’a indiqué le ministre, je me réjouis à
l’avance de travailler avec l’Algérie lorsqu’elle deviendra membre du
Conseil de sécurité au début de l’année prochaine. Je remercie le
ministre pour son hospitalité et je remercie le président pour son
accueil. Mon seul regret, c’est que ma visite soit trop courte, et je
serais très heureux de revenir.

(...)

Question - Monsieur le Secrétaire, il nous semble que vous êtes en
train d’établir un lien entre la coopération économique (...) et
l’amélioration de la situation des droits de l’homme dans ces divers
pays. Est-ce dû au fait que vous recevez une pression plus intense des
organisations non gouvernementales, comme cette récente lettre de
Human Rights Watch vous demandant d’exercer une pression accrue sur
l’Algérie, la Tunisie et le Maroc en matière de droits de l’homme ?

M. Powell - Nous tenons toujours compte des missives que nous recevons
des diverses organisations du monde entier. Mais les Etats-Unis n’ont
pas besoin de la pression d’organismes de défense des droits de
l’homme pour faire comprendre aux pays qui souhaitent entretenir de
meilleures relations avec eux qu’ils doivent respecter des normes plus
strictes en matière de droits de l’homme. Nous pensons, comme l’a si
souvent dit le président (Bush), que tous les peuples du monde (...)
ont des droits innés. Et dans la mesure où il y a des gouvernements
qui sont encore en train de chercher le moyen de mettre en oeuvre une
politique des droits de l’homme qui encourage l’ouverture et la
liberté, nous sommes prêts à leur parler de ces valeurs. Ils sont nos
amis et, de ce fait, ils peuvent accepter des conseils sincères. Nous
espérons qu’ils réfléchiront à ces conseils et qu’ils prendront leurs
propres décisions quant à la voie qu’ils souhaitent emprunter.

Chacun des pays que j’ai visités aujourd’hui et hier est parvenu à un
stade bien particulier de son développement sur le plan de la
démocratie et de la libéralisation politique, économique et sociale.
Je viens juste d’avoir une conversation franche avec le président
Bouteflika au sujet des périodes difficiles qu’a traversées l’Algérie
au cours des vingt dernières années. Mais dernièrement, elle a connu
des conditions favorables au progrès sur les fronts économique et
politique, et sur celui des droits de l’homme. Je suis persuadé
qu’avec notre soutien et notre aide, l’Algérie continuera d’évoluer
dans la bonne direction.