Chers collègues, bonjour,

Je suis très heureux de saluer ici, au Kremlin, à Moscou - capitale de la Russie - les délégations des deux groupements influents et représentatifs des milieux d’affaires européens. Je voudrais aussi remercier les dirigeants de la Chambre de commerce et d’industrie russe et les coprésidents de la Table ronde des industriels de la Russie et de l’UE pour leur apport à l’organisation de notre dialogue. Je rencontrerai l’un d’eux, Monsieur Primakov, aussitôt après notre conversation.

Cette communication directe est encore un témoignage de la haute qualité des relations de l’UE et de la Russie. Des relations qui ne se limitent déjà plus au niveau des structures bureaucratiques et se développent toujours plus grâce à l’initiative des hommes d’affaires mêmes. De l’initiative, à la base de laquelle réside l’intérêt d’affaires et la compréhension des avantages de la coopération économique entre l’UE et la Fédération de Russie.

Je sais que les dirigeants des plus importantes compagnies de l’Europe travaillent activement à ces fins - tant avec leurs gouvernements nationaux qu’avec les structures européennes. Travaillent, partant de la claire compréhension de ce que les barrières bureaucratiques sur la voie de l’intégration limitent leurs propres possibilités du développement du business. Parfois, les barrières bureaucratiques mettent même en question le succès de la réalisation des projets d’affaires déjà entamés.

A leur tour, les milieux d’affaires russes discutent directement les problèmes clé de l’intégration continentale. Posent devant nous des questions concrètes et apportent de sérieuses initiatives concernant le développement de la coopération, y compris l’harmonisation de la législation, la simplification des procédures administratives, le perfectionnement des régimes de droit international en vigueur.

Et ce lobbying offensif, constructif des projets communs, on ne peut que le saluer et soutenir. Tout comme le dialogue toujours plus actif de nos unions et groupements d’affaires.

Il est pour nous évident - la participation intéressée des entrepreneurs est le facteur déterminant dans la solution de plusieurs tâches stratégiques. Et, avant tout, de celles comme l’ouverture réciproque des marchés, l’aide aux investissements, la création des structures corporatives conjointes. Autrement dit, sur toutes les positions qui, à proprement parler, constituent notre espace commun de la coopération au sein de la Grande Europe.

La première chose que je crois importante de discuter, c’est la mise au point du nouveau modèle des relations économiques entre la Russie et l’Union Européenne. Au fond - du modèle de l’espace économique paneuropéen avec la participation de la Russie. Vous savez - c’est le sujet de la discussion permanente, ces derniers temps, avec nos collègues de la Commission Européenne, avec les leaders des états européens. Et je suis vraiment très heureux de vous voir ici - pour parler à ce sujet avec vous également.

Là, le repère essentiel est, selon nous, la création de la zone de libre commerce avec la coopération approfondie dans certains secteurs prioritaires. Il s’agit, avant tout, des secteurs de l’énergie et des transports, de la science et de l’enseignement, de l’écologie et des télécommunications.

Je ne doute pas - le succès dans ces domaines est capable de renforcer sérieusement la compétitivité internationale de la Russie et de l’Union Européenne. Cependant, nous croyons que la formation de l’espace économique commun en Europe ne devra pas limiter les possibilités des parties de participer à d’autres processus d’intégration régionaux. De plus, le business européen peut recevoir de nouveaux avantages sensibles, s’il utilise les capacités de la Russie en tant que pont d’intégration et en Asie Centrale, et en Asie-Pacifique. Et la Russie, comme on sait, possède ces capacités géopolitiques.

Je m’arrêterai spécialement sur la discussion que nous menons avec nos partenaires européens sur le problème de l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce. Nous entendons constamment les assurances de l’Union Européenne du soutien de ce processus. Mais en pratique, malheureusement, je dois le constater, à chaque fois, nous nous heurtons, on en est persuadé, aux dures exigences absolument infondées, qui, de fait, bloquent à présent - et je dois, malheureusement, le noter - l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce.

Je pense que la Commission Européenne part de ce qu’elle défend, avant tout, les intérêts du business européen. J’aimerais beaucoup entendre aujourd’hui votre opinion sur ce problème.

Nous n’avons pas de différends de principe avec l’UE - je voudrais le souligner spécialement - sur le problème de l’instauration des principes des prix de marché dans le CEC russe. Nos différends avec l’UE ne concernent que les rythmes et les formes concrètes de ces transformations. Concernant les intérêts de la fabrication grosse consommatrice de l’énergie dans les pays de l’Union Européenne, leur protection, nous en sommes profondément persuadés, n’exige absolument pas des mesures aussi radicales comme la brusque augmentation des prix intérieurs russes des sources de l’énergie. D’autant plus que pour cette protection, si on en a besoin, l’Union Européenne possède déjà des normes et mécanismes efficaces tout prêts. Je parle, en particulier, des réglementations de l’UE concernant le dumping et les importations subventionnées.

De plus, les prix plus bas des sources de l’énergie en Russie reflètent objectivement nos avantages naturels dans la concurrence, les mêmes que le bon temps dans les pays de l’UE à l’agriculture développée. Et nous ne croyons pas utile d’abandonner ces avantages naturels. C’est pourquoi, au lien des discussions qui mènent à l’impasse, nous proposons de chercher des modèles pragmatiques, mutuellement avantageux, qui étendent le champ pour l’utilisation conjointe de nos avantages économiques. Par exemple, il est tout à fait possible d’étayer le développement des fabrications grosses consommatrices de l’énergie en UE par des accords, des alliances stratégiques à long terme avec les exportateurs de l’énergie russes. Et en perspective, il faut aller aussi vers l’intégration réciproque consécutive de nos marchés de l’énergie.

Nous y sommes prêts. Et prêts à discuter tous ces sujets. Il est évident que les problèmes de l’approfondissement du développement de la coopération de la Russie et de l’UE sont directement liés à l’élargissement de l’Union Européenne. Et c’est un autre sujet que j’aimerais aborder aujourd’hui. Selon nos évaluations, ce processus va avoir des conséquences équivoques pour les échanges commerciaux traditionnels de la Russie aux PECO.

Vous savez, au dernier sommet Russie-UE à Rome, nous avons aussi posé cette question, et nos collègues de la Commission Européenne ont dit que, selon leurs évaluations, il n’y aura pas de conséquences négatives. Mais nos experts ont une opinion différente. Nous nous sommes entendus de nous installer et de calculer, comme on dit, crayon en main, toutes les réelles conséquences de cet élargissement. Je parle - et vous me comprendrez sûrement- de certaines limitations en vigueur dans les pays de l’UE, qui, pour l’instant, ne concernent pas les PECO. Dès qu’ils deviendront membres à part entière de l’UE, ces limitations les concerneront automatiquement.

Certains PECO nous ont d’ores et déjà envoyé l’information sur le besoin de rompre plusieurs accords préliminaires. Il s’agit des dizaines de documents pareils avec tous les PECO.

Enfin, l’élargissement de l’UE génère des problèmes de visas aigus. Malheureusement, nos tentatives, à travers le mécanisme consultatif conjoint, de résoudre ces problèmes et mettre au point les règles mutuellement acceptables de la période transitoire n’ont pas encore connu de succès. Ici, nous aimerions espérer l’approche pragmatique du business européen, ses intérêts d’affaires à la création des conditions de travail normales sur toutes les pistes de l’intégration européenne.

Je suis tout simplement absolument persuadé que cela répond à nos intérêts et aux vôtres.

Merci pour votre attention.