Il y a trois ans, quand le président Khatami s’est adressé à l’ONU, beaucoup ont crû qu’il restaurerait les relations de son pays avec le reste du monde et qu’il ouvrait une nouvelle ère de compréhension entre le monde musulman et l’occident. Depuis pourtant, les relations ont empiré, le « dialogue des civilisations » s’est effondré avec le World Trade Center et l’Iran fait désormais partie de l’« Axe du Mal » pour George W. Bush.
Alarmé par cette polarisation croissante entre les deux mondes, le comité Nobel a choisi de donner le Prix Nobel de la paix à Shirin Ebadi, une avocate voyant l’islam et les Droits de l’homme comme compatibles. Le pouvoir symbolique de ce choix ne peut être nié, mais la déception fut grande suite à son discours, qui aurait pu être celui d’un responsable officiel de Téhéran. En effet, bien qu’elle vive dans un pays où la répression est institutionnalisée, les seules violations des Droits de l’homme qu’elle a dénoncé sont celles des détenus de Guantanamo et les souffrances des Palestiniens, oubliant ce qui se déroule dans son pays.
Son discours ne fut qu’une récitation des accomplissements iraniens et musulmans en matière de Droits de l’homme et des attaques contre les États-Unis et Israël pour plaire à son auditoire européen. En ne traitant que de la question de la compatibilité des Droits de l’homme et de l’islam, elle a fait le jeu des conservateurs dans son pays.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Iran and Human Rights : Talk Is Cheap », par Elahé Sharifpour-Hicks, Los Angeles Times, 18 décembre 2003.
Sa note biographique dans le journal stipule que les vues défendues dans cette tribune sont celles de l’auteur et n’engage pas Human Right Watch.