Une route vers une vie meilleure

L’Afghanistan est loin de ressembler à l’endroit que j’ai visité pour
la première fois il y a deux ans, juste après la victoire des soldats
américains et de leurs alliés afghans et britanniques sur les talibans
et sur les terroristes d’Al-Qaïda qui avaient détourné un peuple
ancien et fier. Le président Bush nous avait alors mis devant le défi
de terminer avant la fin de 2003 la reconstruction de la route la plus
vitale du pays, celle qui lie ses deux principales villes.

Ce mois-ci, j’y suis retourné pour poser les pieds sur une route que
l’on a fait renaître de ses cendres, une route bitumée avec l’aide des
Etats-Unis et du Japon et grâce au travail d’entreprises de
construction indiennes et turques et aux efforts du ministère afghan
des travaux publics. Le nouveau ruban d’asphalte s’étend sur 439
kilomètres et relie Kaboul à Kandahar dans le sud-est du pays. Si je
parle de résurrection de cette route, c’est parce que c’était avec
l’aide des Etats-Unis qu’elle avait été construite pour la première
fois il y a 35 ans. Et lorsque l’on aura terminé le stade suivant de
sa construction, elle ira à nouveau de Kaboul à Kandahar et jusqu’à
Herat dans l’ouest.

Le courage d’un nombre incalculable de personnes qui ont procédé au
déminage, aplani et bitumé la route, protégé les ouvriers et déjoué
les traquenards que tendaient les derniers talibans afin d’arrêter les
travaux de construction a permis la reconstruction de la première
partie de la route. La route symbolise le rétablissement de
l’Afghanistan en tant que pays indépendant et libre qui est ami avec
ses voisins. Mais la route est bien plus qu’un symbole. Elle permet
aux femmes d’aller chez le médecin au moment d’accoucher ; elle permet
le transport des enfants jusqu’à l’école et elle aide les exploitants
agricoles à vendre leurs récoltes.

Alors qu’on célébrait la fin de la construction de la route, des
Afghans se rendaient à Kaboul pour une Loya Jirga, une réunion dont le
but était d’approuver les fondations d’un nouveau gouvernement. L’aide
des Etats-Unis a aidé le gouvernement du président Hamid Karzaï à se
préparer pour la Loya Jirga et à publier des projets de constitution.
Les ministères d’Afghanistan fonctionnent déjà avec du personnel de
mieux en mieux formé qui gère le budget et oriente les contributions
des donateurs. Le ministère de la défense a été réformé, une armée est
en cours de création et des gouverneurs et responsables locaux peu
coopératifs ont été remplacés.

Les Afghans ont une nouvelle loi bancaire et une nouvelle monnaie dont
la valeur se maintient et ils sont en train de rédiger une nouvelle
loi en matière d’investissement. Ils reconstruisent les habitations et
les collectivités, envoient leurs fils et leurs filles à l’école et
relancent leur économie agricole. Ils le font en dépit des attaques
d’Al-Qaïda, des chefs de guerre et de simples criminels qui
s’efforcent de miner le gouvernement de M. Karzaï et de déstabiliser
le pays.

Il n’y a pas eu que des projets de construction. A la Banque centrale,
nous avons formé des centaines de personnes et avons aidé à mettre sur
pied un système permettant de transférer des fonds vers les provinces
et l’étranger. En collaboration avec le ministère des finances,
l’USAID et le ministère américain des finances ont oeuvré en vue de
l’amélioration de la collecte des droits de douane et de la réforme de
l’administration des douanes. L’USAID travaille avec le ministère
afghan du commerce afin d’encourager les investissements et le secteur
privé. Nous apportons aussi notre aide afin d’élaborer une stratégie
en matière d’exportation, de multiplier les débouchés pour les
entreprises appartenant à des femmes et de préparer le pays en vue de
son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le budget supplémentaire de 87 milliards de dollars que le président
Bush a signé le 6 novembre comprend 925 millions de dollars afin de
poursuivre la reconstruction de l’Afghanistan. Ainsi que l’ont
souligné l’année dernière les présidents Bush et Karzaï dans un
communiqué conjoint : "Pour réaliser les objectifs que nous
partageons, il est indispensable que l’Afghanistan soit stable, en
sécurité et en paix avec ses voisins". La nouvelle route que nous
avons terminée officiellement le 16 décembre est un pas important dans
cette direction.

Andrew Natsios est administrateur de l’Agence
des Etats-Unis pour le développement international (USAID).