La sénatrice Dianne Feinstein s’inquiète du programme de développement des mini-bombes nucléaires par le Pentagone et regrette le désintérêt de l’opinion publique sur cette question. Pourtant, ce n’est pas en publiant cette tribune dans le Taipei Times qu’elle sensibilisera ses électeurs californiens. Mais personne ne semble aux États-Unis vouloir aborder les questions stratégiques en période électorale présidentielle.
Le journaliste John Ellis explique précisément dans le Los Angeles Times ce que sera le thème central de cette élection. Alors qu’en 1992, George H. Bush perdit en misant sur la politique internationale et Bill Clinton gagna en traitant de l’économie intérieure, cette fois-ci George W. Bush gagnera en misant sur la sécurité intérieure et les Démocrates perdront en traitant d’économie, affirme-t-il. En effet, ce qui compte, ce sont les préoccupations immédiates des gens : hier le chômage, aujourd’hui la sécurité face au terrorisme. La suite montrera si cette analyse est exacte, quoi qu’il en soit son intérêt principal est qu’elle traduit la pensée du candidat Bush, dont l’auteur est le cousin.

Alors que les États-uniens oublient le « reste du monde » pour se concentrer sur leur débat électoral, plusieurs commentateurs dressent un bilan des relations internationales du pays sous l’administration Bush. Sans parler de la France et de l’Allemagne, partout le même constat : Washington dresse contre lui ses propres alliés.
José Miguel Vivanco et Daniel Wilkinson de Human Rights Watch soulignent dans l’International Herald Tribune la crise qui oppose chaque État latino-américain aux Etats-Unis, que ce soit à propos de la Cour pénale internationale, du camp de Guantanamo ou des coups d’États ratés contre Hugo Chavez. Désormais 87% de la population latino déclare désapprouver la politique du président Bush.
Le politologue Patrick Seale observe dans Gulf News la levée de boucliers face au projet états-unien d’indépendance du Kurdistan. Cette menace suscite une alliance inattendue entre l’Iran, la Syrie et la Turquie. Elle pourrait même provoquer un repositionnement turc dans la région et une prise de distance vis-à-vis d’Israël.
Dans l’International Herald Tribune, Mai Yamani du Royal Institute of International Affairs de Londres analyse le retournement de l’opinion publique saoudienne. La publication, il y a quelques jours, de documents dé-classifiés montrant que le Pentagone avait envisagé d’envahir l’Arabie saoudite, en 1973, pour mettre fin à la crise pétrolière a mis à nu ce que valait une alliance avec Washington. Aujourd’hui, les Saoudiens n’ont plus confiance et veulent garantir leur indépendance.

Enfin, David Clark tire les premières leçons de la Commission Hutton. Au-delà du fait divers et de la mort du Dr Kelly, la Commission a révélé les pratiques du gouvernement Blair : alignement sur George Bush, manipulation des services de renseignement, mensonge aux électeurs, et mépris des fonctionnaires. Quelle que soit l’opinion que l’on a à propos du bien-fondé de l’engagement britannique en Irak, ces éléments montrent que Tony Blair est indigne de gouverner, conclut dans le Guardian son ancien conseiller.