Les dynasties politiques sont dangereuses et alors que les élections de novembre se rapprochent, il faut que les Américains comprennent comment quatre générations de la famille Bush ont entraîné le pays au Moyen-Orient avec un mélange de connections de la CIA, de ventes d’armes, de banques crapuleuses, de politiques guerrières héritées et de liens financiers personnels. Le clan Bush a des liens avec le Moyen-Orient depuis quatre générations, y compris avec les Ben Laden, mais pas avec le mouton noir Oussama.
Le premier Bush à avoir eu des liens avec les milieux pétroliers est George H. Walker, l’arrière grand-père de George W. Bush, qui participa à la reconstruction de puits de pétrole à Bakou pour la compagnie W. A. Harriman & Co. Son gendre, Prescott Bush, le grand père de l’actuel président fut lui aussi impliqué au Moyen-Orient après la Seconde Guerre mondiale en qualité de directeur chez Dresser Industries (aujourd’hui une filiale d’Halliburton), mais c’est George H. Bush qui y développa les liens les plus forts. Déjà quand il fit campagne pour le Sénat états-unien dans les années 60, il fut présenté par son adversaire comme l’homme lige du Koweït. Il fut le premier directeur de la CIA à avoir des liens dans les milieux pétroliers. À ce poste comme à celui de vice-président, il encouragea l’agence à s’investir dans la région. Il développa également des liens forts avec la Bank of Credit and Commerce International (BCCI).
À la Maison Blanche, il fut lié au scandale Iran-Contras et à « l’Irakgate », l’aide militaire états-unienne à Saddam Hussein. Les quatre fils de George H. Bush suivirent la voie familiale et tissèrent des liens avec les familles royales de la région et avec la BCCI. George W. Bush fonda Arbusto Oil avec les fonds de Salem Ben Laden et Khaled Ben Mafhouz par le biais de la BCCI puis Harken Energy qui reçut ses contrats grâce à son père. Les liens du père Bush se poursuivent d’ailleurs par l’intermédiaire du Carlyle Group dont il était administrateur jusqu’en octobre dernier.
Cette stratégie familiale a développé une politique états-unienne qui a accru le sentiment anti-Bush et anti-américain au Moyen-Orient alors même que le président Bush détournait l’attention des liens de sa familles en Arabie saoudite tandis que se préparaient les attentats du 11 septembre. Il n’y a pas de preuves permettant d’affirmer que le 11 septembre aurait été empêché si un autre président que Bush avait été élu, mais il est évident que les actions de la famille Bush au Moyen-Orient ont créé un conflit d’intérêt majeur qui doit être pris en compte.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« The Barreling Bushes », par Kevin Phillips, Los Angeles Times, 11 janvier 2004.