Je suis heureux d’accueillir à Paris l’hodjatoleslam Hassan Rohani, qui a été reçu hier par le président de la République. Sa visite marque un moment important dans les relations entre la France et l’Iran, comme entre l’Union européenne et l’Iran.
Comme vous le savez, depuis la rencontre de Téhéran du 21 octobre, où le docteur Rohani m’avait accueilli avec mes homologues britannique et allemand, il était convenu que nous poursuivrions ce dialogue de façon approfondie. La rencontre d’aujourd’hui s’inscrit dans ce cadre.
Je me suis ainsi réjoui des avancées réalisées par l’Iran sur la voie de la transparence en ce qui concerne son programme nucléaire, conformément à l’engagement du 21 octobre. Elle constitue une étape importante. Nous voulons aller plus loin. J’ai donc rappelé au docteur Rohani les attentes des Européens :
– sur la suspension des activités d’enrichissement et de retraitement,
– sur la ratification du protocole additionnel de l’Agence internationale de l’Energie atomique, désormais signé par l’Iran.
Au-delà de nos discussions sur les questions nucléaires et des perspectives qu’elles ouvrent, cet entretien a permis de confirmer notre volonté commune de relancer des relations bilatérales fortes et de mener une concertation étroite sur les grandes questions régionales et internationales du moment.
S’agissant de l’Irak, au lendemain de ma tournée dans le Golfe, j’ai souligné la volonté française de voir aboutir rapidement le processus qui a été engagé par la résolution 1511 et l’accord du 15 novembre, afin que l’Irak puisse recouvrer pleinement sa souveraineté au 30 juin. Pour réussir, ce processus doit être inclusif, engager dès maintenant des transferts de compétences, et associer la communauté internationale représentée par l’ONU.
J’ai exprimé au docteur Rohani nos idées sur une conférence internationale qui pourrait se dérouler au lendemain du retour de la souveraineté de l’Irak. Une telle conférence pourrait conforter le processus de bonne insertion de l’Irak dans la région. De la même façon, nous pourrions évoquer la nouvelle architecture de sécurité indispensable dans cette région, qu’il s’agisse des questions frontalières, qu’il s’agisse des questions du terrorisme ou de prolifération, il est important que l’ensemble des pays de la région, l’ensemble de la communauté internationale puisse aborder l’ensemble de ces sujets.
La France et l’Iran sont attachées à la stabilité et à l’unité de l’Irak. Chacun avec ses moyens doit contribuer à la poursuite du processus et à l’émergence d’un Irak démocratique, en paix avec ses voisins.
J’ai par ailleurs évoqué avec le docteur Rohani le Processus de paix pour marquer notre inquiétude devant les blocages et les impasses actuelles. J’ai souligné l’importance de reprendre les initiatives avec l’ensemble des pays de la région. Chacun doit être mobilisé dans le sens de la paix pour donner sens et donner corps à la Feuille de route.
J’ai par ailleurs indiqué au docteur Rohani, que nous suivions avec beaucoup d’attention et d’intérêt les élections législatives à venir en Iran. Elles constituent une échéance démocratique importante et nous serons satisfaits de tout ce qui ira dans le sens de l’ouverture et de la liberté de choix des électeurs iraniens.
Enfin, j’ai redit au docteur Rohani notre vigilance concernant la situation des Droits de l’Homme en Iran. C’est un des éléments moteurs du dialogue de l’Europe avec ce pays, en particulier concernant les prisonniers d’opinion. J’ai demandé au docteur Rohani qu’un geste de clémence puisse être accompli. Nous souhaitons qu’une page soit définitivement tournée avec les prochaines élections législatives.
Q - Il y a le problème des Moudjahiddine du Peuple. Avez-vous discuté de cela ? Etes-vous arrivé à une petite conclusion en ce qui concerne le terrorisme du point de vue iranien ?
R - Vous connaissez la position de la France et de l’Europe vis-à-vis de cette organisation qui a été placée sur la liste des organisations terroristes. Par définition, nous condamnons l’ensemble de ses agissements et nous prenons donc toutes les mesures qui sont nécessaires dans ce cas.
Q - La France est-elle prête à aider l’Iran à développer une technologie nucléaire civile ?
R - Vous connaissez de ce point de vue l’importance du dialogue que nous avons et que nous voulons développer encore avec l’Iran, de la même façon que ce dialogue se développe dans le cadre des relations entre l’Iran et l’Union européenne. Nous voulons continuer d’avancer dans cette voie et l’engagement qui a été pris en liaison avec l’Iran par les trois ministres européens, qui a conduit, comme vous le savez, à une solution récente dans le cadre de l’Agence internationale de l’Energie atomique, doit ouvrir la voie en se prolongeant, en se confirmant et c’est bien pour cela, que ces rendez-vous doivent pouvoir continuer à l’avenir. La visite de M. Solana a ouvert une voie. La visite récente qu’il a faite doit continuer à ouvrir des voies et je suis convaincu que dans le cadre de l’approfondissement de ce dialogue, nous trouverons les réponses et les solutions qui nous permettront de développer encore nos relations.
Source : ministère français des Affaires étrangères
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