Le 8 janvier, j’ai pu visiter le site nucléaire nord-coréen de Yongbyon avec une délégation américaine non officielle. Il manque dans ce centre 8 000 barres de combustible nucléaire. Selon Pyongyang, elles ont été retraitées en éléments pour des armes nucléaires au plutonium, mais les services de renseignement américains estiment qu’elles ont simplement été stockées ailleurs. Cela a donné aux responsables politiques l’illusion que le temps était de leur côté alors que la Corée du Nord ne cesse de développer son armement nucléaire.
Ce n’est pas la première fois que les services de renseignement américains se trompent totalement concernant la Corée du Nord dont ils ont déjà annoncé la chute imminente du régime. La politique états-unienne vis-à-vis de Pyongyang n’est pas plus pertinente. Elle part du postulat qu’il ne faut pas négocier, mais isoler le pays et attendre que le régime s’écroule de lui-même.
Discuter avec les Nord-coréens ne veut pourtant pas dire qu’on abandonne le cadre multilatéral de négociation, ni qu’on cède. L’administration Bush doit reprendre les discussions avant que la Corée du Nord n’ait une vraie force de dissuasion. L’administration Bush doit trouver une solution diplomatique et cela passe par la nomination d’un coordinateur politique pour la Corée du Nord, un homme de la trempe de l’ancien secrétaire à la Défense William Perry. Washington ne doit pas non plus laisser se dissoudre la fragile coalition multilatérale qui s’est penchée sur ce problème sous peine de voir la région devenir de plus en plus dangereuse.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« What I Saw in North Korea », par Jack Pritchard, New York Times, 21 janvier 2004.