Après que le secrétaire à l’Énergie des États-Unis, Spencer Abraham, ait annoncé le soutien des États-Unis à la candidature du site japonais de Rokkasho-Mura pour accueillir le projet ITER (le réacteur à fusion thermonucléaire), le gouvernement français et la Commission européenne ont évoqué la possibilité de développer seuls ce projet. Il est pourtant nécessaire que tous y soient associés pour qu’il réussisse.
Certains commentateurs politiques en France laissent également entendre que le soutien de Washington au site japonais est la conséquence de la position française sur l’Irak. Pourquoi déplacer le problème ? Nous sommes seulement convaincus que Rokkasho-Mura a plus d’avantages que Cadarache et les États-Unis partagent notre avis.
En effet, le Japon possède déjà un réacteur qui a obtenu des résultats probants et qui ressemble, en plus petit, à ce que sera ITER. En outre, le site japonais dispose d’un accès beaucoup plus facile pour faire venir le matériel construit partout dans le monde que Cadarache et compte tenu de la fragilité de ce matériel, il faut limiter les déplacements au maximum. Enfin, la vallée de la Durance a également des risques de séisme, comme au Japon, mais notre savoir-faire pour limiter les impacts des secousses est reconnu mondialement.
Pour attribuer l’emplacement du site, nous ne devons avoir que les données techniques en tête. Le Japon propose donc un compromis : le réacteur sera construit sur notre site et le centre d’analyse des résultats sera situé à Cadarache.

Source
Le Monde (France)

« Pas de guéguerre pour ITER », par Hiroshi Hirabayashi, Le Monde, 23 janvier 2004.