Ancien membre du Conseil de sécurité nationale, Flynt Leverett livre sa version du désarmement libyen dans le New York Times. Selon lui, Tripoli avait engagé des négociations depuis plusieurs années. Elles ont d’abord permis de régler l’indemnisation des victimes de l’attentat de Lockerbie, puis de convenir du désarmement. Contrairement à ce qu’a prétendu George W. Bush dans son discours sur l’état de l’Union, ce calendrier n’a rien à voir avec l’attaque de l’Irak, mais reflète une nouvelle étape des négociations. Et si ces discussions ont abouties, c’est précisément parce que les faucons en ont été tenus à l’écart par Powell et Rice.

À propos des faucons, Richard Perle et David Frum, respectivement proches de Donald Rumsfeld et de Dick Cheney, continuent à développer dans la presse états-unienne les thèses de leur dernier livre. Dans le Los Angeles Times, ils critiquent l’obsolescence du droit international qui n’autorise à faire la guerre qu’en légitime défense et non à attaquer préventivement. Ils conspuent l’Onu, que les Français utilisent pour limiter la puissance des États-Unis. Et concluent qu’il faut changer l’Onu ou en sortir.
Autre divorce à l’amiable : l’ambassadeur japonais Hiroshi Hirabayashi assure dans Le Monde que le choix par les États-Unis et le Japon du site nippon de Rokkasho-Mura pour la construction du réacteur à fusion thermonucléaire ITER est motivé par des considérations purement techniques. Le refus par les États-Unis du site français de Cadarache s’expliquerait, poursuit-il sans rire, par les risques sismiques bien connus de la vallée de la Durance et la mauvaise maîtrise qu’en ont les Français par rapport aux garanties de sécurité offertes par l’archipel nippon. Nous avions donc l’esprit mal placé en imaginant que cela puisse être une mesure de rétorsion après le veto français au Conseil de sécurité.
De manière un peu plus subtile, Laith Kubba annonce de nouvelles difficultés en Irak : le Conseil provisoire de gouvernement, pourrait tenter de conserver le pouvoir s’il était désavoué par les urnes. Sachant que l’auteur est directeur de programme à la Fondation pour la démocratie et que le Conseil provisoire est une marionnette de Washington dépourvue de tout pouvoir réel, cette hypothèse apparaît comme une option possible pour permettre aux États-Unis de conserver le contrôle de la situation en cas de victoire électorale des nationalistes. L’article est publié dans Clarin et les lecteurs argentins se souviennent dans leur histoire récente des éléments utiles pour comprendre l’avenir que l’on prépare aux Irakiens.

Enfin, l’analyste William H. Overholt, de la Rand Corporation, s’amuse dans l’International Herald Tribune des capacités que l’on prête à la Chine : elle serait responsable des difficultés économiques de l’Union européenne ou du Japon, et menacerait de casser l’économie états-unienne en revendant ses bons du Trésor. Tout cela, dit-il, ressort du fantasme. La Chine n’est qu’un pays pauvre qui se réforme courageusement.