Si David Kay dit vrai en affirmant qu’il n’y avait pas de programme d’armes de destruction massive en Irak, alors c’est que l’administration Bush s’est trompée dans ses affirmations d’avant-guerre. Toutefois, les opposants à la guerre vont un peu vite en besogne en affirmant que l’administration a menti ou a détourné des informations pour justifier le renversement de Saddam Hussein car elle s’est appuyée sur les mêmes informations que celles utilisées par administration Clinton.
Il est évident que les services de renseignement états-uniens n’ont pas fait leur travail, même si ce travail n’était pas facile face au système policier de Saddam Hussein et ce d’autant plus qu’il était habile à découvrir nos agents ou à tromper nos systèmes de surveillance. En raison de l’inertie des systèmes bureaucratiques et fautes de nouvelles informations, les services de renseignement ont considéré que le programme d’armement irakien devait être le même qu’en 1991 alors qu’en fait la stratégie irakienne avait changé. Saddam Hussein avait détruit ses armes de destruction massive et la majeure partie de son programme d’armement afin de convaincre les inspecteurs de l’ONU de faire lever les sanctions et de pouvoir alors relancer ce programme. Simultanément, il laissait croire aux États-Unis qu’il avait un programme d’armes de destruction massive afin, pensait-il, de dissuader Washington de l’attaquer.
Suite à l’erreur de jugement des États-Unis, des voix se sont élevées pour demander l’abandon de la doctrine des frappes préventives. Pourtant, si nous avons surestimé le programme irakien, nous avons sous-estimé celui de l’Iran et de la Libye, et d’autres par le passé, et cette stratégie reste d’actualité. Il est surtout impératif que nous développions nos capacités de renseignement et de compréhension des pays inamicaux. Ce qu’il faut préserver, toutefois, c’est la volonté d’être prêts à faire face aux menaces car nous ne devons pas oublier que nous avions raison de penser que l’Irak désirait développer ses armes de destruction massive, même si cela devait avoir lieu plus tard.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Our Basic Instincts Were Sound », par Gary Schmitt, Los Angeles Times, 1er février 2004.