Le 11 septembre 2001, l’Amérique et le monde entier ont été témoins de
l’avènement d’une nouvelle guerre. Nous avons vu les graves dommages
que peut infliger à notre pays un réseau nébuleux, un groupe
d’assassins armés de cutters, de gaz incapacitant et de 19 billets
d’avion. Ces attaques ont également soulevé le spectre de dangers
encore plus menaçants - d’autres armes aux mains d’autres hommes. La
plus grave menace qui pèse aujourd’hui sur l’humanité est le risque
d’une attaque surprise aux armes chimiques, biologiques, radiologiques
ou nucléaires.

Autrefois, les ennemis de l’Amérique avaient besoin d’armées massives
et de forces navales et aériennes puissantes pour menacer notre
nation, notre peuple, nos amis et nos alliés. Durant la guerre froide,
les Américains vivaient sous la menace d’armes de destruction massive,
mais étaient convaincus que les divers mécanismes de dissuasion mis en
place faisaient de ces armes un outil de dernier recours. Ce qui a
changé au XXIe siècle c’est que, aux mains des terroristes, les armes
de destruction massive seraient des armes de premier recours - les
armes préférées afin d’avancer leur idéologie de suicide et de tuerie
aveugle. Il devient de plus en plus facile de se procurer, de
fabriquer, de dissimuler et de transporter ces armes terribles. Armés
d’un simple flacon d’agent biologique ou d’une seule arme nucléaire,
des petits groupes de fanatiques ou des Etats déchus peuvent menacer
de grandes nations, voire la paix dans le monde.

L’Amérique, ainsi que l’ensemble du monde civilisé, devront faire face
à cette menace pendant des décennies. J’ai clairement expliqué à tous
la politique de notre pays : l’Amérique ne permettra pas que des
terroristes et des régimes dévoyés nous menacent avec les armes les
plus dangereuses du monde.

Mais cela implique des changements de doctrine et de stratégie. Les
doctrines conçues afin d’endiguer des empires, de dissuader des Etats
agressifs et de vaincre des armées entières ne peuvent pas nous
protéger complètement de cette nouvelle menace. L’Amérique est
confrontée au risque d’une attaque catastrophique au moyen de missiles
balistiques armés d’armes de destruction massive. C’est pourquoi nous
sommes en train de mettre au point et de déployer une défense
antimissiles, pour protéger notre peuple. Il faut en outre les
meilleurs services du renseignement pour gagner la guerre contre le
terrorisme et stopper la prolifération des armes. C’est pourquoi j’ai
créé une commission qui examinera nos capacités dans ce domaine et
recommandera des moyens de les améliorer et de les adapter de façon
que nous soyons en mesure de détecter les nouvelles menaces.

Nous sommes résolus à éliminer ces menaces à la source. Nous
empêcherons l’acquisition et la fabrication de ces armes. Nous
bloquerons leur transfert. Nous ferons en sorte qu’elles ne soient
jamais utilisées. L’une des sources de ces armes sont les régimes
dangereux et fermés qui fabriquent des armes de destruction massive
afin d’intimider leurs voisins et d’imposer leur volonté au monde. Ces
pays constituent des défis divers et nécessitent donc des stratégies
variées.

L’ancien dictateur de l’Irak possédait et a utilisé des armes de
destruction massive contre son propre peuple. Pendant 12 ans, il a
défié la volonté de la communauté internationale. Il a refusé de
désarmer ou de révéler ses programmes d’armes de destruction massive.
Il a douté de notre volonté de faire respecter nos décisions - et
maintenant il croupit dans une cellule de prison, pendant que son pays
s’achemine vers un avenir démocratique.

A l’est de l’Irak, le gouvernement iranien refuse d’abandonner un
programme d’enrichissement d’uranium qui lui permettrait de se doter
d’armes nucléaires. Les Etats-Unis sont en train d’eouvrer avec leurs
alliés et l’Agence internationale de l’énergie atomique afin de
s’assurer que l’Iran respecte ses engagements et ne fabrique pas
d’armes nucléaires.

Dans le Pacifique, la Corée du Nord a défié le monde, a fait des
essais de missiles balistiques de longue portée, a admis être en
possession d’armes nucléaires, et menace d’en fabriquer encore plus.
Avec nos partenaires d’Asie, nous insistons pour que la Corée du Nord
démantèle complètement, irréversiblement et de façon vérifiable, ses
programmes nucléaires.

L’Amérique n’a cessé d’attirer l’attention des organisations
internationales sur ces menaces. Nous utilisons tous les moyens
diplomatiques afin d’y faire face. En ce qui me concerne, je vais
continuer de m’exprimer clairement au sujet de ces menaces. Je vais
continuer d’appeler le monde à s’attaquer à ces dangers et à les
éliminer.

Ces dernières années, une autre voie de prolifération est devenue
évidente. L’Amérique et d’autres pays obtiennent de plus en plus de
renseignements au sujet de trafiquants qui vendent des équipements et
des connaissances liées aux armes de destruction massive sur le marché
noir. Ces trafiquants sont motivés par l’appât du gain, le fanatisme,
ou les deux. Les régimes dévoyés, qui paient des millions de dollars
pour les pièces ou les plans dont ils ont besoin pour établir leurs
programmes d’armement, sont des clients enthousiastes. Or la
circulation sur le marché de cette technologie et de ces connaissances
mortelles crée le risque horrible que des groupes terroristes
obtiennent les armes qu’ils désirent le plus.

On peut imaginer l’étendue et la sophistication de tels réseaux en
étudiant le cas d’un homme appelé Abdul Qadeer Khan. Ceci est son
histoire, tout au moins ce qu’on en sait à ce jour.

M. Khan est connu dans le monde entier comme le père du programme
d’armement nucléaire du Pakistan. Ce qu’on ignorait et qui a été rendu
public récemment, c’est qu’il était aussi à la tête d’un vaste réseau
international appuyant la prolifération du savoir-faire en matière de
technologies nucléaires.

Pendant des dizaines d’années, M. Khan a gardé son emploi de
fonctionnaire, touchant un salaire modeste. Cependant, ses complices
et lui finançaient un train de vie de riches grâce à la vente de
technologies et d’équipement nucléaires à des régime dévoyés situés de
l’Afrique du Nord à la Péninsule coréenne.

Pour sa part, M. Khan menait ses activités à partir du Pakistan. Il
était le directeur du réseau, son principal cerveau scientifique, et
aussi son principal vendeur. Au cours des dix dernières années, il
s’est déplacé à maintes reprises pour avoir des consultations avec ses
clients et pour vendre son savoir-faire. Ses complices et lui ont
vendu des plans de centrifuges pour enrichir l’uranium ainsi que
d’autres plans liés au nucléaire appartenant au gouvernement
pakistanais. Le réseau a vendu de l’hexafluorure d’uranium, un gaz que
le processus de centrifugation peut transformer en uranium enrichi
pour bombes nucléaires. M. Khan et ses complices ont fourni à l’Iran,
à la Libye et à la Corée du Nord les plans d’anciennes centrifugeuses
pakistanaises, ainsi que les plans de modèles de centrifugeuses plus
sophistiquées et plus efficaces. Le réseau a fourni à ces pays
d’autres éléments de centrifugeuses, et dans certains cas, des
centrifugeuses entières.

Pour augmenter leurs bénéfices, M. Khan et ses complices ont eu
recours à une usine en Malaisie pour fabriquer des pièces importantes
de centrifugeuses. D’autres pièces essentielles ont été achetées par
le truchement d’agents attachés à des réseaux situés en Europe, au
Moyen-Orient et en Afrique. Pour ces intermédiaires, le commerce des
techniques du nucléaire était un moyen de s’enrichir rapidement, et
ils ont créé des sociétés de façade pour amener des entreprises
légitimes à leur vendre des matériaux étroitement contrôlés.

L’adjoint de M. Khan - un homme appelé B.S.A. Tahir - était directeur
de la société SMB computers, une entreprise de Dubaï. M. Tahir s’est
servi de cette société d’informatique pour couvrir les activités de
prolifération du réseau d’A.Q. Khan. M. Tahir était à la fois le
principal responsable financier du réseau et celui qui blanchissait
les fonds. Il était aussi son agent d’expédition, utilisant son
entreprise d’ordinateurs pour couvrir l’envoi de pièces de
centrifugeuses à divers clients. M. Tahir a ordonné à l’usine de
Malaisie de produire ces pièces selon les plans pakistanais, et a
ensuite ordonné à l’usine d’envoyer les éléments à Dubaï. M. Tahir a
aussi fait en sorte que des pièces achetées par d’autres acheteurs
européens transitent par Dubaï afin d’être expédiées à d’autres
clients.

Les agents des services américains et britanniques du renseignement
ont pris plusieurs années pour reconstituer le puzzle du réseau Kahn.
Nos services du renseignement ont peu à peu mis à jour la portée de ce
réseau et identifié ses principaux experts, agents et financiers. Des
agents ont suivi ses transactions, dressé la carte de ses opérations.
Ils ont surveillé les déplacements d’A.Q. Khan et de ses principaux
associés. Ils ont suivi des membres du réseaux aux quatre coins du
monde ; ils ont enregistré leurs conversations ; ils ont infiltré
leurs opérations ; ils ont mis à jour leurs secrets. Ce travail
implique de grands risques et tous les Américains peuvent être
reconnaissants pour la diligence et le dévouement de nos excellents
professionnels du renseignement.

Les gouvernements du monde entier ont oeuvré en étroite coopération
avec nous pour exposer le réseau Khan et pour mettre fin à ses
agissements criminels. A. Q. Khan a avoué ses crimes et ses principaux
associés ont dû cesser leurs activités. Le gouvernement du Pakistan
interroge actuellement les membres du réseau et recueille auprès d’eux
des détails critiques qui lui permettront de prévenir toute récidive
de leur part. Le président Musharraf a promis de partager tous les
renseignements qu’il obtiendra sur le réseau Khan et nous a assuré que
son pays ne serait plus jamais une source de prolifération.

M. Tahir est en Malaisie, où les autorités enquêtent sur ses
activités. Les autorités malaisiennes nous ont assuré que l’usine
utilisée par le réseau avait cesse de produire des pièces pour
centrifugeuses. Quant aux autres membres du réseau encore en liberté,
ils seront trouvés un à un et il sera mis un terme à leur carrière
dans le commerce des armements.

Grâce à notre pénétration du réseau, nos services de renseignement et
les services de renseignement britanniques ont identifié un envoi de
pièces sophistiquées pour centrifugeuses provenant de l’usine
malaisienne. Nous avons suivi ces pièces jusqu’à Dubaï et avons
observé leur transbordement sur le BBC China, navire de propriété
allemande. Après être passé par le Canal de Suez à destination de la
Libye, il a été arraisonné par les autorités allemandes et italiennes,
qui y ont trouvé plusieurs conteneurs d’environ 12 mètres de long,
dont le contenu était décrit sur le manifeste du navire comme des
"pièces mécaniques usagées". En réalité, ils contenaient des pièces
sophistiquées pour centrifugeuses.

L’interception du BBC China a eu lieu alors que des représentants des
autorités libyennes, britanniques et américaines examinaient la
possibilité pour la Libye de mettre fin à ses programmes d’armes de
destruction massive. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont présenté aux
représentants officiels de la Libye ces preuves de l’existence d’un
programme nucléaire actif et illicite. Il y a environ deux mois, le
dirigeant de la Libye avait convenu volontairement de mettre fin à ses
programmes d’armements nucléaire chimiques, de ne pas entreprendre de
programmes d’armements chimiques et d’autoriser des inspections
complètes de l’Agence internationale de l’énergie atomique et de
l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Nous oeuvrons
maintenant en partenariat avec ces organisations et avec le
Royaume-Uni pour aider le gouvernement libyen à démanteler ces
programmes et à éliminer tous les matériaux dangereux.

Le colonel Kadhafi a pris la bonne décision et le monde sera plus en
sécurité une fois qu’il aura rempli ses engagements. Nous nous
attendons à ce que d’autres régimes suivent son exemple. Le
renoncement aux programmes d’armements illicites peut mener à de
meilleures relations avec les Etats-Unis et avec les autres nations
libres. La poursuite de tels programmes n’apportera pas la sécurité ni
le prestige international ; elle n’amènera que l’isolement politique,
des difficultés économiques et autres conséquences indésirables.

Nous savons que la Libye n’était pas le seul client du réseau Khan.
D’autres pays ont exprimé un vif intérêt pour les services de ce
réseau. Ces régimes et d’autres éléments qui contribuent à la
prolifération doivent savoir ceci : nous sommes, nous et nos amis,
déterminés à protéger notre population et le monde de la
prolifération.

La destruction de ce réseau représente un succès majeur dans le
contexte d’un effort de grande envergure engagé pour enrayer la
propagation d’armes terribles. Nous adaptons nos stratégies aux
menaces d’une ère nouvelle. L’Amérique et d’autres nations,
l’Allemagne, l’Australie et l’Espagne, la France et l’Italie, le Japon
et les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal et le Royaume-Uni ont lancé
l’Initiative de sécurité contre la prolifération (ISP) pour interdire
le transport de matériels létaux. Nos pays partagent les
renseignements, surveillent les cargaisons internationales suspectes
et procèdent à des exercices militaires conjoints. Nous sommes prêts à
fouiller les avions et les navires, à saisir les armes et les missiles
et le matériel qui suscitent des préoccupations en matière de
prolifération, comme nous l’avons fait en stoppant l’envoi de la
cargaison dangereuse du BBC China avant qu’elle n’arrive en Libye.
Trois autres pays, le Canada, Singapour et la Norvège, participeront à
cette initiative. Nous continuerons d’élargir le groupe des pays de
l’ISP et, à mesure que celle-ci se développera, les proliférateurs se
heurteront à des difficultés croissantes dans le commerce des armes
illicites.

Il y a un consensus entre les nations sur le fait que la prolifération
ne peut pas être tolérée. Toutefois, ce consensus n’a guère
d’importance s’il ne débouche pas sur un passage à l’action. Il est de
l’intérêt de toutes les nations civilisées de prévenir la propagation
des armes de destruction massive. Ces matériaux et ces technologies,
et les gens qui en font le trafic, traversent de nombreuses
frontières. Pour stopper ce commerce, les nations du monde doivent se
montrer fortes et déterminées. Nous devons oeuvrer de concert ; nous
devons agir de manière efficace. Je présente aujourd’hui sept
propositions pour amplifier les efforts mondiaux visant à enrayer la
propagation d’armes meurtrières.

Premièrement, je propose que les travaux de l’Initiative de sécurité
contre la prolifération soient élargis pour traiter des activités
autres que les expéditions et les transferts. Nous pouvons, en faisant
fond sur les instruments que nous avons élaborés pour lutter contre
les terroristes, passer à l’action directe contre les réseaux de
prolifération. Il faut pour cela une coopération accrue, pas seulement
entre les services de renseignement et les forces armées, mais aussi
avec les forces de police. Les participants à l’ISP et les autres
nations qui y sont disposées devraient faire usage d’Interpol et de
tous les autres moyens pour traduire en justice ceux qui pratiquent le
trafic des armes meurtrières, fermer leurs laboratoires, saisir leurs
matériaux, geler leurs avoirs. Nous devons suivre toutes les pistes.
Nous trouverons les intermédiaires, les fournisseurs et les acheteurs.
Le message que nous adressons aux proliférateurs doit être clair :
nous vous traquerons et nous n’aurons pas de cesse que nous n’ayons
mis fin à vos activités.

Deuxièmement, j’engage toutes les nations à renforcer les lois et les
contrôles internationaux qui régissent les questions de prolifération.
Aux Nations unies, à l’automne dernier, j’ai proposé une nouvelle
résolution du Conseil de sécurité qui exigerait que tous les Etats
criminalisent la prolifération, adoptent de strictes mesures de
contrôle à l’exportation et assurent la sécurité de tous les matériaux
sensibles présents sur leur territoire. Le Conseil de sécurité devrait
adopter cette résolution promptement. Cela fait, l’Amérique sera prête
à aider les autres gouvernements à formuler et à appliquer la nouvelle
législation qui nous aidera à faire face à la prolifération.

Troisièmement, je propose d’étendre nos efforts visant à éviter que
les armes de la guerre froide et les autres substances dangereuses ne
tombent dans des mains indésirables. En 1991, le Congrès a adopté la
loi Nunn-Lugar. Le sénateur Lugar avait une vision claire, ainsi que
le sénateur Nunn, de la façon de traiter avec l’ex-Union soviétique.
Dans le cadre de ce programme, nous aidons les anciens Etats
soviétiques à trouver des emplois productifs pour leurs scientifiques
spécialisés en armements. Nous contrôlons, nous démantelons et nous
détruisons les armes et les matériels provenant de l’arsenal
soviétique d’ADM. Nous avons encore du travail à faire dans ce
domaine.

A la suite des travaux du G-8 de 2002, nous avons convenu d’allouer 20
milliards de dollars sur une période de 10 ans, la moitié provenant
des Etats-Unis, pour appuyer de tels programmes. Nous devrions élargir
le champ de cette coopération à d’autres régions du monde. Nous
engagerons les scientifiques et les techniciens spécialisés en ADM
dans des pays tels que l’Irak et la Libye. Nous aiderons les nations à
mettre un terme à l’emploi d’uranium à usage militaire dans les
réacteurs de recherche. J’engage vivement les autres nations à
contribuer à ces efforts. Les nations du monde doivent faire tout ce
qu’elles peuvent pour contrôler et éliminer tous les matériaux
nucléaires, chimiques, biologiques et radiologiques.

Tout en poursuivant et en détruisant ces réseaux, nous devons aussi
empêcher les gouvernements de développer des armes nucléaires sous de
faux prétextes. Le Traité de non-prolifération nucléaire a été conçu
il y a plus de 30 ans pour prévenir la propagation des armements
nucléaires au-delà des Etats qui en possédaient déjà. En vertu de ce
traité, les Etats nucléaires ont convenu d’aider les Etats non
nucléaires à développer l’énergie atomique à visée pacifique s’ils
renonçaient au développement d’armes nucléaires. Mais il y a dans le
traité une faille qui a été exploitée par des pays tels que la Corée
du Nord et l’Iran. Ces régimes sont autorisés à produire du matériel
nucléaire qui peut servir à fabriquer des bombes sous le couvert de
programmes nucléaires civils.

Donc aujourd’hui, à titre de quatrième mesure, je propose un moyen de
remédier à cette carence du traité. Le monde doit créer un système
ordonné et sans danger autorisant la mise en place d’installations
nucléaires à usage civil sans accroître les dangers de prolifération
des armements. Les principaux exportateurs nucléaires mondiaux
devraient veiller à ce que les Etats aient accès de manière fiable et
à des coûts raisonnables au combustible destiné aux réacteurs civils,
sous réserve que ces Etats renoncent à l’enrichissement et au
retraitement. L’enrichissement et le retraitement ne sont pas
nécessaires pour les pays qui cherchent à exploiter l’énergie
nucléaire à des fins pacifiques.

Les 40 nations du Groupe des fournisseurs nucléaires devraient refuser
de vendre des équipements et des technologies servant à
l’enrichissement et au retraitement à tout Etat qui ne possède pas
déjà des usines d’enrichissement et de retraitement bien établies et
en activité. Cette mesure empêchera de nouveaux Etats d’acquérir des
moyens de produire des matières fissiles pour fabriquer des bombes
nucléaires. Il faut empêcher les proliférateurs de manipuler le TNP
pour se doter de l’équipement et de l’infrastructure nécessaires pour
produire des armements illicites.

Pour que les normes internationales soient efficaces, il faut qu’elles
soient appliquées. C’est l’Agence internationale de l’énergie atomique
qui est chargée de découvrir les activités nucléaires interdites dans
le monde entier et de signaler les violations au Conseil de sécurité
des Nations unies. Nous devons veiller à ce que l’AIEA dispose de tous
les instruments dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat
essentiel. L’Amérique et les autres nations appuient le Protocole
additionnel, comme on l’appelle, qui exige des Etats qu’ils déclarent
une large gamme d’activités et d’installations nucléaires et qu’ils
autorisent l’AIEA à inspecter ces installations.

A titre de cinquième mesure, je propose que d’ici l’an prochain, seuls
les Etats signataires du Protocole additionnel soient autorisés à
importer du matériel pour leurs programmes nucléaires civils. Les pays
qui entendent sérieusement lutter contre la prolifération approuveront
et appliqueront ce protocole. Je l’ai soumis au Sénat et je le prie
instamment de consentir immédiatement à sa ratification.

Nous devons également veiller à ce que l’AIEA soit organisée de
manière à lui permettre d’agir quand il le faut. En tant que sixième
mesure, donc, je propose la création d’une commission spéciale au sein
du Conseil de l’AIEA qui concentrera ses travaux intensivement sur les
garanties et la vérification. Cette commission, où siégeront des
représentants de gouvernements en situation régulière avec l’AIEA,
renforcera la capacité de l’agence à faire en sorte que les nations
s’acquittent de leurs obligations internationales

Enfin, les pays faisant actuellement l’objet d’enquêtes pour
violations de leurs obligations en matière de non-prolifération
nucléaire sont actuellement autorisés à siéger au Conseil des
gouverneurs de l’AIEA. C’est ainsi que l’Iran, pays soupçonné de mener
un vaste programme d’armement nucléaire, vient d’achever son mandat de
deux ans. Le fait d’autoriser les transgresseurs à siéger au Conseil
constitue un obstacle inacceptable qui s’oppose à une action efficace.
Aucun Etat faisant l’objet d’enquêtes pour violations des dispositions
de non-prolifération ne devrait être autorisé à siéger au Conseil des
gouverneurs de l’AIEA, ni à la nouvelle commission spéciale. Et tout
Etat y siégeant actuellement et sur lequel une enquête est ouverte
devrait être frappé de suspension du Conseil. L’intégrité et la
mission de l’AIEA dépendent de ce simple principe : il ne faut pas
confier à ceux qui violent activement les règles la tâche de les faire
respecter.

Dans les actions que nous entreprendrons pour relever ces défis, nous
consulterons nos amis et alliés sur tous les nouvelles mesures. Nous
écouterons leurs idées. Ensemble, nous défendrons la sécurité de
toutes les nations et préserverons la paix mondiale.

Au cours des deux dernières années, une grande coalition s’est formée
pour vaincre les terroristes et s’opposer à la propagation des armes
de destruction massive, engagements inséparables de la guerre contre
le terrorisme. Nous avons montré que l’on peut découvrir la
prolifération et la stopper. Nous avons montré que les régimes qui
choisissent une attitude de défi s’exposent à de sérieuses
conséquences. La voie à suivre n’est pas facile, mais elle est claire.
Nous agirons comme si la vie de nos citoyens dépendait de notre
vigilance, car telle est la réalité. Les terroristes et les Etats
terroristes sont lancés dans une course pour se doter d’armes
d’assassinat collectif, une course qu’ils doivent perdre. Les
terroristes sont imaginatifs ; nous le sommes davantage. Ils sont
déterminés ; nous devons l’être encore plus. Nous ne nous détournerons
jamais de notre but et notre résolution ne fléchira pas. Nous
persévérerons sans relâche pour assurer la défense des nations libres
et nous nous montrerons à la hauteur des dures exigences de ces temps
dangereux.

Que Dieu vous bénisse tous.

Traduction officielle de la Maison-Blanche