Question : Qu’y a-t-il de commun dans les buts, la stratégie et la tactique du terrorisme en Fédération de Russie - en Tchétchénie et au Caucase du Nord, et ceux du terrorisme international tel qu’il est connu à l’Occident ? Quelles sont, au contraire, leurs différences et particularités ?

Réponse : Les différences de principe n’existent pas tout simplement. Dommage que l’Occident ne le voie parfois pas. Même votre journal dans sa question admet un trait qui délimite le terrorisme international et un "terrorisme spécial en Fédération de Russie".

Les gens qui ont opté pour la terreur, leurs cellules, groupes font partie d’une seule et même chose - de ce que l’on appelle toujours le plus souvent correctement "l’internationale terroriste". C’est pourquoi, à propos, les terroristes trouvent si facilement et rapidement le langage commun, ne se font pas concurrence, mais coopèrent activement, ceci dit, malgré les différends tactiques et, parfois, stratégiques entre eux. Dans leur désir et leur savoir de coopérer, les terroristes parfois, malheureusement, sont au-devant des états et de leurs organes de l’ordre. Ils n’ont pas à concerter longtemps leurs projets criminels en surmontant de longues procédures administratives publiques et les débats compliqués autour de la table des négociations.

Les terroristes de tout poil - et en Russie, et, par exemple, en Europe - sont unis par l’absence complète des valeurs morales de base de l’humanité, un cynisme ouvert, un mépris flagrant, même agressif, de la vie humaine. Et leur stratégie est aussi commune - l’aspiration à faire peur à la communauté internationale, lui imposer sa volonté et ses coutumes, qui plus est, contrôler des territoires entiers, comme c’était le cas en Afghanistan, et pas que là-bas. En Tchétchénie, les terroristes n’ont pas non plus caché leurs objectifs d’occupation - créer un "califat de la mer Noire à la mer Caspienne", en annexant pour cela à la Russie plusieurs républiques et régions.

Concernant la tactique, les moyens pratiques de la terreur, ils sont d’habitude aussi communs chez les terroristes qui agissent en Russie que chez ceux qui, comme vous dites, sont plus connus à l’Occident : explosions dans les endroits où les gens s’amassent, sabotages, prises d’otages, meurtres en traître. On voit toujours plus clairement que les terroristes - toujours en Russie et dans les autres parties du monde - perfectionnent activement leurs méthodes criminelles en utilisant, en particulier, les nouvelles technologies, y compris celles qui influent sur la psychique des gens. Je crois que l’on peut à peine expliquer autrement la prolifération de la pratique de l’utilisation des terroristes kamikazes, effrayante par son échelle et sa géographie. Vous le savez, les "kamikazes" agissent en Russie aussi. Souvent, ce rôle terrifiant est pris par les jeunes femmes, les mères, ce qui est encore plus terrible et inhumain, puisque cela contredit les lois de la nature même, qui les a dotées du droit de donner la vie et d’être les continuatrices du genre humain.

Comment les terroristes obtiennent l’accord des groupes entiers de gens de se donner la mort, de tuer les innocents - voilà où est le sens du problème. On aura encore à se "creuser la tête" à ce phénomène, ceci dit, à un niveau plus profond, non seulement à celui des organes de l’ordre, mais, probablement aussi, de la science, de la médecine, des psychologues. On ne saurait expliquer tout cela par les motives politiques, l’idéologie, le fanatisme religieux. On croit qu’il s’agirait, entre autres, des formes de "zombiing".

A propos, parlons des traits communs, ou, plutôt, des procédés communs : l’utilisation des kamikazes en Russie est incontestablement empruntée aux groupes terroristes à l’étranger.

Pourquoi donc nos propres terroristes "russes" et les terroristes "internationaux" doivent-ils se distinguer radicalement, si ce sont les mêmes guerriers au Caucase du Nord qui sont étroitement et directement liés avec Al-Qaida, les autres centres terroristes, reçoivent d’eux argent et armes, suivent dans leurs camps la formation, y compris au combat ? On observe aussi le mouvement en sens inverse : dans les rangs des terroristes en Tchétchénie combattent toujours des dizaines, sinon des centaines de mercenaires étrangers de divers états. On procède à une sorte d’échange d’expérience, à la mise au point des formes et méthodes de leur activité criminelle.

Ici, à propos, on ne devrait pas oublier que, de retour, sous la pression des forces antiterroristes, à leurs foyers ou en fuyant les persécutions dans les autres pays (si, bien sûr, ils ont de la chance et évitent la responsabilité), les terroristes et les mercenaires, dans la majorité des cas, continuent activement la pratique de "leur métier". Qui plus est, porteurs du bacille du terrorisme, ils contaminent le milieu de leur ancien (leur patrie) et nouveau séjour, étendant sensiblement le potentiel terroriste.

Je suis persuadé que pour limiter l’extension du terrorisme, on a besoin des actions précises, rapides et concertées de toute la communauté internationale.

Voyez - la "piste tchétchène" se voit aujourd’hui toujours plus nettement dans beaucoup d’états ouest-européens. Alors, si, comme vous le dites, les terroristes de la Tchétchénie sont, pour des raisons obscures, encore mal connus à l’Occident ou qu’il fait semblant de mal les connaître, peut-être le temps est-il venu d’y prêter une attention plus particulière. Ils constituent une réelle menace non seulement pour la Russie, mais pour les pays européens. Si l’on réussit à vaincre cette myopie, beaucoup, j’en suis persuadé, verront de manière plus adéquate ce que fait la Russie pour s’opposer au terrorisme sur son territoire.

Question : C’est bien que nous ayons abouti à ce sujet. Croyez-vous qu’à l’Occident et, en particulier, dans les pays de l’Union Européenne, se soit formée une image correcte du terrorisme en Fédération de Russie, ou est-ce que, dans l’opinion publique et dans l’état, prévaut une image faussée et préconçue ?

Réponse : Malheureusement, à l’Occident, y compris dans les pays de l’Union Européenne, jusqu’à présent ne s’est toujours pas formée une image entière et objective du problème du terrorisme en Russie. Je pense qu’il existe certaines causes objectives à cela. Parmi elles, la difficulté du problème même, la rapidité de l’évolution de la situation, plusieurs autres différends et, à proprement parler, nos erreurs et lacunes organisationnelles et pratiques. Mais leur majeure partie réside tout de même, de mon point de vue, dans le domaine de l’altération consciente ou inconsciente et subjective de la compréhension de ce problème par nos partenaires européens.

Pour notre satisfaction, ces derniers temps, certains avancements positifs dans ce sens ont été tracés. Les observateurs objectifs ne peuvent tout simplement plus ignorer ce que la Russie a fait sur la voie du règlement politique en République Tchétchène, de sa renaissance socioéconomique, dans la cause de l’éradication du terrorisme là-bas. Mais ce que nous voyons ces derniers temps est tout de même encore loin de ce que nous aimerions voir de la part de nos partenaires et alliés dans la lutte contre ce fléau commun.

Malheureusement, nous sommes déçus par la pratique de l’usage ouvert continu, dans certains pays de l’Occident, des fameuses "doubles normes" vis-à-vis des événements tchétchènes. Et là, je le crois, on ne saurait expliquer la situation par les opinions publiques égarées parce que pas tout à fait correctement informées ou guidées sur les stéréotypes du passé, toujours non éradiqués de la conscience sociale occidentale. Il serait plus logique de dire que, malheureusement, d’aucuns à l’Occident, y compris dans les milieux politiques, aimeraient encore mettre nos problèmes à profit de leurs intérêts politiques.

Et qu’est-ce qui préoccupe aujourd’hui la Tchétchénie ? La République en mars dernier a connu le succès du référendum constitutionnels, et en novembre - des élections démocratiques du Président. Y a participé la majorité écrasante de la population de la Tchétchénie, les Tchétchènes qui vivent dans d’autres régions de la Russie. Plus de 80% des votants se sont prononcés pour le soutien de la nouvelle constitution, le peuple a élu son président légitime - Akhmad Kadyrov. Et voilà que l’on a cherche à l’Occident, y compris dans les pays de l’UE, à ignorer ou à mettre en doute ces réalisations évidentes du processus politique réel dans un sujet de la Fédération de Russie. Qu’est-ce que c’est, sinon les "doubles normes" ? Nous les voyons, d’autre part, dans le refus d’extrader de la Grande-Bretagne en Russie un des chefs de file des bandits tchétchènes A.Zakaïev, accusé de toute une série de crimes graves.

Mais cela ne nous empêchera pas néanmoins d’obtenir le retour définitif en entier de la République à la vie normale, civilisée, à la vie sans peur ni terreur. Mais, je me répète, en réglant un problème aussi compliqué qui dépasse les cadres d’une république, nous sommes en droit d’espérer le soutien, ne serait-ce que moral, de la part de nos partenaires, leur compréhension de la justesse de ce que nous faisons. Nous ne l’avons pas toujours pleinement ressenti.

Quelle est la réaction de l’Occident ? Là, autour de la Tchétchénie, continuent de circuler plusieurs rumeurs malsaines, des mensonges flagrantes, sont formés et font toujours leurs tournées, y compris chez vous en Italie, des "équipes d’agitation" entières formées des émissaires tchétchènes et pro-tchétchènes, qui savent bien, quelles sont les erreurs de l’opinion occidentale que l’on pourrait se mettre à profit. Nous disons franchement que ce ne sont pas les problèmes qui manquent en Tchétchénie. Mais seules les autorités russes s’occupent réellement de leur règlement, y compris les autorités de la République elle-même.

Sûrement, nous acceptons avec reconnaissance l’aide et le soutien des structures politiques des pays concrets et des diverses organisations sociales, religieuses et humanitaires, qui sont vraiment préoccupées par le sort du peuple tchétchène, par les difficultés socioéconomiques et autres qui existent, et aident la Russie de manière ciblée. A ce propos, nous apprécions positivement les résultats de la récente visite en Arabie Saoudite d’A.Kadyrov, Président de la République Tchétchène, et, en particulier, l’aspiration de ses autorités et des hommes religieux à l’interaction avec notre pays dans le domaine du rétablissement de l’économie de la Tchétchénie, dans le règlement d’autres problèmes vitaux.

Question : Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York ont fait aboutir à la coopération constructive entre la Fédération de Russie et les Etats Unis d’Amérique dans la lutte contre le terrorisme international. Pourriez-vous parler de ses aspects ?

Réponse : Avant tout, je voudrais attirer votre attention à ce que la Russie et les USA ont commencé à coopérer étroitement dans la lutte contre le terrorisme bien avant les attaques terroristes de New York et de Washington. Le même Groupe de travail russo-américain de l’opposition à la menace terroriste et autres partant du territoire de l’Afghanistan, renommé par la suite, du fait de l’extension de son mandat, en Groupe de travail de la lutte contre le terrorisme, a été créé par décision des Présidents de la Russie et des USA en juin 2000 encore. Qui plus est, le dialogue antiterroriste russo-américain était mené bien auparavant. Bien que, certes, à un autre niveau, dans un autre format et, comme on peut affirmer aujourd’hui, avec moins de confiance.

Compte tenu de ce que je viens de dire, je conviens que les événements connus de septembre aux USA ont sensiblement stimulé la coopération russo-américaine dans la lutte contre le terrorisme international. Cependant, les possibilités de cette coopération restaient et restent toujours mal exploitées. Après les événements susdits, on a observé un progrès assez substantiel vers la croissance de la confiance et le renforcement du partenariat, transformés en actions conjointes concrètes, l’échange de l’information, qui donnent des résultats pratiques utiles pour les deux parties. La Russie et les USA ont commencé à coopérer avec succès dans les cadres les plus différents, y compris directement entre les départements militaires et les services spéciaux. Le Groupe de travail bilatéral cité est devenu le mécanisme organisationnel importantissime de la coordination des efforts conjoints. Ses tâches comprennent aussi l’analyse du problème de l’opposition au terrorisme sur une large échelle géographique. Les experts de la Russie et des USA échangent efficacement et franchement leurs évaluations sur les différentes composantes de la menace terroriste, y compris le danger du terrorisme utilisant les armes d’extermination massive.

A propos, l’importance du problème d’armes d’extermination massive en liaison avec le terrorisme international ne ferait que croître dans l’avenir.

Question : La crise irakienne a-t-elle eu des conséquences négatives pour l’efficacité de cette coopération, ou bien ces différends provisoires n’ont-ils pas touché les bases de l’aspiration aux efforts communs dans la lutte contre le terrorisme international ?

Réponse : La crise irakienne, je suis prêt à le reconnaître, a quelque peu cassé les rythmes de la coopération antiterroriste qui allait croissant, y compris, je le crois, entre nous et nos partenaires américains. Il n’a pas pu en être autrement, les différends de principe étant trop grands. Car il s’agissait, ne le sous-estimons pas, de bien plus que du sort de l’Irak. La communauté internationale a affronté au fond le problème de l’avenir du nouvel ordre mondial en général : va-t-il se baser sur le droit "du poing" ou le droit international ? On a vu la réelle menace du retour à l’opposition et à l’isolement, du retour à la confrontation, de l’abandon des principes fondamentaux, sur lesquels doit se construire le nouvel ordre mondial - le règlement des problèmes internationaux clé sur la base de la coopération multipartite, la primauté du droit international et le renforcement du rôle central de l’ONU.

On a su éviter l’extension de la crise internationale qui menaçait de scinder la large coalition antiterroriste. Je veux souligner, essentiellement grâce à la politique étrangère équilibrée, non confrontationniste de la Russie, son aspiration ferme et consécutive à la défense non seulement de ses intérêts, mais de ces mêmes principes fondamentaux que je viens de citer et que prônent la majorité absolue des états démocratiques. Avec la participation décisive de la Russie, ont été élaborées et adoptées les résolutions 1483 et 1511 du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui ont ouvert la voie à la possibilité du rétablissement de l’unité ébranlée de la communauté internationale, y compris dans l’opposition au terrorisme international.

Notre évaluation de principe des événements irakiens est connue et n’a pas changé. Nous l’avons toujours déclaré franchement et logiquement à nos partenaires américains. Et nous sommes en train de continuer, par exemple, de persuader la partie américaine du besoin du rapide rétablissement de la souveraineté de l’Irak avec un rôle de poids de l’ONU au processus de l’aménagement post-conflictuel du pays.

Cependant, nous sommes persuadés qu’il ne faut pas admettre que les différends autour de la crise irakienne nuisent vraiment à l’efficacité de l’opposition internationale, y compris russo-américaine, à la menace aussi aiguë et étendue qu’est aujourd’hui le terrorisme pour toute la communauté internationale. Sur la base de cette approche, nous continuons de travailler avec nos partenaires américains, et cela, nous le croyons, porte des fruits.

Dans le même temps, je comprends en partie certains argument de nos partenaires américains sur l’Irak. Je crois que dans le fait de l’apparition de la crise irakienne, un certain rôle négatif a été joué par les facteurs de la faiblesse, ou de la faible efficacité du contrôle international, en particulier des armes chimiques, l’absence des mesures efficaces et opportunes et des mécanismes de l’arrêt ou de la neutralisation des violations évidentes de la part du régime concret des transgresseurs. Cependant, je ne peux pas accepter les mesures américaines de l’opposition à ces défauts. Les lois, surtout celles qui sont prises au niveau international, sont ou respectées, ou changées et perfectionnées. C’est l’un ou l’autre.

Question : Que croyez-vous que l’on puisse et doive faire dans l’arène internationale, pour que l’opposition au terrorisme international devienne plus efficace ?

Réponse : Beaucoup de pistes et de mécanismes de l’opposition sont déjà mis au point et utilisés par la communauté internationale. Ce sont le perfectionnement de la législation, y compris des normes du droit international, et l’amélioration de la coopération des organes de maintien de l’ordre et, surtout, des services spéciaux, et la coopération internationale bilatérale régionale et globale concertée. C’est pourquoi, sans divaguer sur tout le champ des actions antiterroristes, je n’aborderai que certains aspects plus ou moins liés à la lutte contre ce fléau.

Primo. Les problèmes de la base financière du terrorisme. Là est la cause de tous les maux et, en même temps, le potentiel d’éventuels résultats positifs. Les finances, les ressources matérielles sont, dans le monde technologique actuel, le facteur décisif.

Et de deux. Les ressources humaines, et donc, l’idéologie du terrorisme. Jusqu’à présent, ce domaine jouissait d’extrêmement peu d’attention.

Aujourd’hui, la question capitale est de savoir, comment former la jeune génération pour qu’elle soit non réceptive au bacille du terrorisme, où trouver le vaccin pour cette inoculation ? Dans l’économie, la culture, la religion, à travers la formation morale, l’éducation en famille, à l’école ou au medrese ? Qui se chargera de ce rôle héroïque ? Que la société peut-elle opposer à la littérature de la terreur et aux prêches de la haine ?

Encore un moment. Les racines du terrorisme et ses sources, sa raison première, toutes les formes de l’injustice du monde contemporain, les conflits régionaux enracinés, les états "non accomplis" et "tombants", les frais de la mondialisation, les défis écologiques croissants et les problèmes de l’approvisionnement en nourriture des régions entières - tout cela n’exige pas une réaction réflexe de la communauté internationale, des pays, des civilisations concrets, mais des réponses et mesures réfléchies, ciblées et opportunes, qui changeraient réellement la situation.

Concernant les mesures concrètes, déployées par notre pays, je ne voudrais pas y répéter les initiatives connues et plusieurs fois déclarées, y compris au sommet, à ce propos. Je ne ferai que souligner que notre concept de la mise au point de la Stratégie globale de l’opposition aux nouveaux défis et menaces, où le terrorisme, sûrement, "occupe" la première place, jouit d’un large soutien dans le monde. C’est notre vision du monde, dans lequel il en serait fini du danger du terrorisme, où les gens seraient dûment protégés contre cette menace. La mise en pratique de notre idée passe toujours plus dans le plan pratique. En témoigne le résultat de la séance de la 58e session de l’Assemblée Générale de l’ONU, au cours de laquelle bien plus de pays qu’avant sont devenus coauteurs de la résolution "Droits de l’homme et terrorisme", connue de tous et adoptée par consensus, qui définit de fait les pas concrets de la mise en pratique de l’initiative russe. Dans le même sens travaille aussi le Groupe de haut niveau, le soi-disant "Groupe des sages", créé par décision de K.Annan.

Question : Quels aspects de l’opposition au terrorisme sont les plus difficiles à comprendre par l’opinion publique de la Fédération de Russie ? Quels aspects sont les plus difficiles à comprendre par l’opinion publique à l’étranger, en particulier dans les pays de l’Union Européenne ?

Réponse : Je ne vais pas y parler de la Tchétchénie, bien que ce soit cet "aspect" et les différents points de vue là-dessus de l’opinion en Russie et à l’Occident qui viennent tout de suite à l’esprit. J’en ai déjà assez parlé. Sur le plan général, abstrait de la spécificité des opérations antiterroristes dans tel ou tel état ou conditions, je me risquerai à supposer que dans les manifestations antiterroristes que l’on mène maintenant dans plusieurs parties du monde, l’opinion des sociétés russe et européenne est quelque peu réoccupée du besoin de construire le juste bilan de l’antiterreur et de l’observation appropriée des droits et libertés de l’homme.

Malgré les idées répandues, ce sujet n’est point un privilège des milieux publics et des défenseurs du droit des pays ouest-européens. En Russie, ces problèmes sont aussi posés de manière assez aiguë par l’opinion, ceci dit, en ce qui concerne la Tchétchénie, et en ce qui concerne, par exemple, les conditions des opérations antiterroristes dans les autres pays. Comme dans tout état démocratique, en Russie le Gouvernement ne peut ne pas réagir à l’opinion, il en tient compte lors de la construction de sa politique, en l’occurrence intérieure et étrangère.

La vision russe de l’équilibre réel "antiterreur - droit de l’homme", je le crois, a été formulée par nous plus que nettement et concrètement. La Russie est intervenue, il y a un an, avec une initiative concrète de la mise au point, sous l’égide de l’ONU, du Code de la défense des droits de l’homme contre le terrorisme, et en a publié les clauses principales. Il a été noté avec satisfaction que notre idée a trouvé un large soutien international. J’ai déjà dit que la session actuelle de l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté la résolution "Droits de l’homme et terrorisme", qui a accumulé tous les éléments du Code russe, en particulier, la clause novatrice du droit de chacun à la protection contre le terrorisme et les attentats, indépendamment de son appartenance nationale, de sa race, sexe et religion. Convenez que sans la garantie des droits essentiels de chaque homme - le droit à la vie - perdent beaucoup de leur sens les dissertations sur la défense de tous les autres droits et libertés humains.