Q - Pourquoi êtes-vous venu au Tchad et au Soudan ?

R - D’abord, c’est une région avec laquelle nous avons des relations très anciennes. Le Soudan, vous le savez, c’est le plus grand pays d’Afrique et c’est un pays qui après 20 ans de crise entrevoit enfin l’espoir de la réconciliation entre le Nord et le Sud. Mais il y a aussi à la frontière du Tchad une province, celle du Darfour, où la situation se détériore. Il était important pour moi de m’en entretenir avec le président Déby qui a marqué très clairement son engagement en faveur de l’unité du Tchad, en faveur du soutien à la politique menée par le président El-Béchir, une politique qui vise à essayer de réunir l’ensemble des forces, l’ensemble des parties concernées pour trouver une solution par le dialogue. J’ai pu rencontrer aussi longuement aujourd’hui le président El-Béchir pour justement faire le point à la fois sur la situation dans l’intérieur du pays mais aussi dans le cadre du développement de notre coopération. Vous savez que c’est un pays qui dispose d’importantes ressources humaines, d’importances ressources économiques, c’est un pays où il faut aussi reconstruire après tant d’année de crise. La France s’est mobilisée à la fois dans le domaine économique mais aussi dans le domaine politique pour accompagner les besoins du Tchad vis-à-vis de la communauté internationale.

Q - Justement, concrètement, qu’est-il ressorti de cette rencontre avec le président El-Béchir ?

R - D’abord la volonté commune qui s’exprime de part et d’autre, tant du côté du Tchad que du côté du Soudan, d’aller de l’avant pour, par le dialogue, essayer de résoudre la situation difficile du Darfour, pour prendre en compte aussi - et c’est très important - la situation humanitaire inquiétante de cette région. J’ai pu me rendre à Forchana dans l’un des six camps de réfugiés qui existent actuellement au Tchad, pour prendre la mesure de la situation, constater qu’il faut se préparer à des mois prochains difficiles compte tenu de la sécheresse qui règne dans cette région, et puis la perspective des pluies qui rendra cette région très difficile d’accès. Il faut donc se préparer pour les prochains mois. Il faut se préparer aussi à pouvoir tout faire pour permettre à ces populations de retourner chez elles. Les choses sont bien posées pour faire avancer le dialogue entre les uns et les autres et c’est important de se mobiliser rapidement.

Q - Vous nous avez parlé de pourparlers. Y a-t-il des échéances en ce qui concerne le Darfour ?

R - L’espoir, c’est que les négociations entre le Nord et le Sud du Soudan puissent aboutir à la mi-mars et c’est dans le même esprit que, actuellement, chacun travaille, pour ce qui est du Darfour, pour faire en sorte que les pourparlers entre les uns et les autres puissent aboutir à cette même période à la mi-mars. Vous voyez, c’est un calendrier serré qui exige la mobilisation de chacun et la France bien sûr est prête à apporter son concours, sa solidarité dans la mesure des besoins.