Dans un discours prononcé dans sa circonscription électorale que reproduit le Wall Street Journal, Tony Blair défend sa décision d’attaquer l’Irak. Selon lui, on peut discuter de la qualité de l’évaluation de la menace des armes de destruction massive, mais pas du fait qu’au vu des renseignements de l’époque il fallait agir. Ce raisonnement se heurte cependant à de nombreuses objections : la surestimation de la menace n’est pas une erreur technique, mais un choix politique ; la pseudo-menace irakienne n’était qu’un alibi pour une opération décidée à l’avance et de toute manière il existait des moyens diplomatiques pour résoudre le problème. Tony Blair s’essaie aussi à trouver des justifications a posteriori : le monde d’après-guerre serait meilleur. Mais les exemples qu’il donne (désarmement de la Libye, négociations avec l’Iran et la Corée du Nord) n’ont aucun lien de causalité avec la guerre, il font seulement suite à l’évolution de l’attitude de Washington. Enfin, le Premier ministre britannique reconnaît implicitement avoir violé le droit international parce que celui-ci serait devenu inadapté et préconise donc de le réformer. Il se contente de proposer un retour en arrière : la Charte de San Francisco se proposait de mettre fin aux guerres en instituant un droit international au sein de l’ONU. Il s’agit, aujourd’hui qu’ils n’ont plus de rivaux, pour les Anglo-Saxons de retrouver la latitude d’envahir les faibles.
Le suivisme de Londres et de Canberra vis-à-vis de Washington n’en finit pas de surprendre leurs citoyens qui s’y opposent majoritairement. The Age publie pour les lecteurs australiens une tribune de l’éditorialiste britannique Martin Woollacott. Il note que les Etats-Unis sont une terre de vengeance et que ce sentiment obscur conduit leur politique étrangère contre le prétendu « Axe du Mal ». Il relève aussi que les allusions à la Guerre du Vietnam dans la campagne présidentielle ne sont pas innocentes. Elle symbolise pour les uns un échec imputable au pacifisme et pour les autres une défaite due au jusqu’au-boutisme.

Le professeur Vali Nasr affirme dans le New York Times que les attentats en Irak sont les prémisses d’une guerre de religion entre chiites et sunnites. À moins qu’il ne présente ce que les Irakiens sont priés d’en comprendre et que tous les Empires ont résumé par le vieil adage « diviser pour régner ».
D’autre part, le chroniqueur militaire du Los Angeles Times, William Arkin, s’interroge sur la pertinence de l’expérimentation des armes à son en Irak. Elles sont certes non-létales, mais aussi d’un emploi trop général. Elles ne manqueront pas de dresser un peu plus la population contre les forces d’occupation.

Mansoor Ijaz et le général Thomas McInerney alertent les lecteurs du Washington Times sur le péril nucléaire iranien. Téhéran serait soutenu en sous-main par le Pakistan, la Russie et le Chine pour se doter de la bombe. Les deux auteurs préconisent d’endiguer l’Iran en positionnant des bombardiers au Qatar qui n’en a pas demandé autant.

L’analyste français Paul-Marie de La Gorce récuse dans Gulf News les critiques véhémentes contre Vladimir V. Poutine. Il observe que le président de la fédération de Russie a relevé son pays aussi bien d’une décennie de catastrophe économique que de la déchéance de son rang international. Et il note que rien ne permet de créditer l’accusation de retour à l’autoritarisme tsariste ou stalinien.
Le ministre russe de la défense, Sergueï Ivanov, souligne quant à lui dans Le Figaro que son pays est déjà partie prenante, de fait, de l’Union européenne : elle partage avec elle 50% de ses échanges commerciaux. Le nouveau Premier ministre, Mikhaïl Fradkov, a d’ailleurs été choisi parce qu’il était depuis des années le représentant de la Russie auprès de l’Union. Les relations avec l’OTAN sont plus fraîches, d’autant que Washington menace d’installer des bases dans les pays baltes, ce qui représenterait une menace directe contre la sécurité de la nation russe. Au passage, M. Ivanov ne résiste pas au fait de rappeler aux Français que la Russie ne poursuit plus d’impérialisme lointain, à la différence de Paris en Haïti.

Enfin, l’ancien conseiller de Bill Clinton, Stanley B. Greenberg, conseille dans le New York Times John Kerry de prendre de la hauteur. Pour triompher, le candidat démocrate ne doit pas se laisser enfermer dans les problématiques de sociétés, il doit traiter des questions économiques.