Dans l’Irak de l’après-guerre, la coalition a la responsabilité de la sécurité et de la remise en ordre du pays. Personne n’ignore la difficulté de cette tâche : la France n’a cessé de rappeler que la guerre pouvait se gagner seule mais que la paix était l’affaire de tous. La violence qui continue de frapper en Irak confirme cette analyse : pour sortir de l’engrenage actuel, il faut rendre aux Irakiens le plus rapidement possible leur souveraineté et permettre à la communauté internationale, en particulier à travers les Nations unies, de jouer tout son rôle dans le retour à la paix et à la stabilité de l’Irak.

Cette restauration de la souveraineté irakienne représente un objectif qui est désormais accepté par tous. L’accord du 15 novembre, en fixant l’échéance du 30 juin pour la fin de l’occupation, s’est situé dans cette logique. Depuis lors, la mission de M. Brahimi en Irak au nom des Nations unies est venue confirmer cette nécessité d’un retour au régime de souveraineté même s’il y a des difficultés. La France, en tout cas, a marqué sa disponibilité à soutenir les efforts des Nations unies pour définir un processus de transition politique à la fois réaliste et bénéficiant du consensus le plus large parmi la population. Il en va de la légitimité des futures autorités irakiennes.

La France est déjà engagée aux côtés des Irakiens dans la reconstruction de leur pays. En témoignent les actions conduites dans les domaines de l’action humanitaire et de la coopération, qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé ou de la formation. Notre pays contribue aussi à l’effort européen, qui totalise déjà plus de 300 millions d’euros. De même, la France a accepté le principe d’une réduction substantielle de la dette irakienne qui devrait intervenir au sein du Club de Paris en 2004.

Sur le plan politique, nous avons, dès l’année dernière, établi les contacts avec les responsables irakiens ; une délégation du Conseil de gouvernement irakien a été reçue en décembre dernier par le président de la République. Nous nous sommes également engagés à assurer la formation de la future gendarmerie irakienne.

La France veut bien entendu faire encore davantage. Les entreprises françaises, en particulier, sont prêtes à contribuer au développement de l’Irak. Mais il faut pour cela que les conditions de cet engagement accru soient réunies : un environnement sécuritaire apaisé, une gestion transparente et équitable de l’aide internationale et, sur le plan politique, la présence d’un gouvernement irakien pleinement dépositaire de la souveraineté nationale. Nous avons l’espoir que ces conditions seront progressivement remplies.

La coopération franco-japonaise en Irak est sans doute une "première", mais nos deux pays ont déjà l’expérience d’une collaboration réussie dans d’autres régions du monde, au Cambodge par exemple, où nous avons œuvré en commun à la protection du patrimoine, et également en Afrique au service du développement.

Il faut s’en féliciter. L’ampleur des tâches auxquelles nous sommes confrontés en Irak nécessite en effet l’union de tous les efforts de la communauté internationale. La France comme le Japon disposent, dans de nombreux domaines, des moyens et de l’expérience requise pour proposer une contribution utile. Avec le concours de nos amis allemands, nous sommes prêts à apporter notre assistance pour participer à la formation de personnels médicaux, à la modernisation de structures hospitalières et à l’action des ONG présentes en Irak. Nous sommes disponibles également pour contribuer à la rénovation du musée de Bagdad et à la préparation des athlètes irakiens aux Jeux Olympiques d’Athènes. Une concertation approfondie est en cours entre le Japon, la France et l’Allemagne ; je suis convaincu qu’elle donnera très rapidement des résultats concrets.

Afin de rendre le processus de restauration de la souveraineté irakienne le plus efficace et légitime possible, nous avons soumis à la réflexion de tous nos partenaires l’idée d’une conférence internationale sur l’Irak sous l’égide des Nations unies. Elle permettrait de marquer le soutien de la communauté internationale au processus de transition et de consacrer la pleine réintégration de l’Irak dans son environnement régional et international. Cette conférence, qui devrait notamment impliquer les Etats voisins de l’Irak, pourrait permettre, le moment venu, de consacrer de manière solennelle la restauration de la souveraineté irakienne, et l’ouverture d’une nouvelle étape que marquera la fin de l’occupation. Au-delà de la stabilité de l’Irak, c’est bien à la recherche de la paix et de la prospérité pour toute la région du Moyen-Orient que la France souhaite apporter sa contribution. Dans le cadre de cette entreprise ambitieuse, le Japon a tout naturellement sa place compte tenu de son expérience en matière de coopération et d’aide internationale.

Source : ministère français des Affaires étrangères