L’ancien président argentin, Eduardo Duhalde, plaide dans Clarin pour un changement d’alliance des États du Mercosur. Pour lui, l’Amérique latine est culturellement plus proche de l’Europe que de l’Amérique du Nord. Elle aspire à une unité politique, comparable à l’Union européenne, et non à s’intégrer dans une zone de libre-échange continentale dominée par les États-Unis. Le Mercosur en général et l’Argentine en particulier devraient donc se rapprocher de l’Union européenne plutôt que de négocier la signature de la ZLEA.

Dans un discours aux accents de déjà vu, dont le Wall Street Journal reproduit de larges extraits, le vice-président Dick Cheney dresse le bilan glorieux de George W. Bush luttant vaillamment contre le terrorisme comme Ronald Reagan le fit contre le communisme. Il regrette bien sûr le refus de son concurrent, John Kerry, de livrer cette guerre. Et salue le courage de son candidat qui combat l’Axe du Mal avec les mêmes qualités que Reagan contre l’Empire du Mal.
Autre métaphore martiale : le député atlantiste français Alain Madelin brocarde dans Le Figaro la lâcheté des Espagnols qui n’ont pas résisté à la pression des attentats et veulent se retirer d’Irak. Il affirme que les démocraties sont en guerre depuis le 11 septembre et exhorte à ne pas céder au syndrome de Munich. On ne saurait s’étonner de ce point de vue, dans sa jeunesse, M. Madelin pensait que combattre le totalitarisme stalinien obligeait à soutenir les crimes états-uniens au Vietnam et en Amérique latine. Aujourd’hui, il reconstruit un monde imaginaire manichéen dans lequel le camp de la démocratie se rassemble derrière George W. Bush. Mais l’esprit munichois se situe-t-il, comme il l’écrit, du côté de ceux qui demandent le retrait d’Irak ou du côté de ceux qui refusent de combattre un Empire belliqueux ?
Après l’invective, la dérision. Max Boot se moque, dans le Los Angeles Times, à la fois des critiques de fond contre George W. Bush et de ceux qui les formulent. Mais il ne répond à aucune question, se contentant de considérer que cette accumulation d’accusations est d’une telle gravité qu’elle est forcément fausse. Paradoxalement, il risque un effet inverse : le lecteur peut prendre conscience d’un paysage don il n’avait qu’une vision parcellaire.

Le sénateur centriste Pierre Fauchon se prononce dans Le Figaro pour la création d’une police et d’une justice européennes pour lutter contre le terrorisme. Encore faudrait-il que ce nouveau système ne serve pas à généraliser des abus de pouvoir comme peut le faire craindre l’actuelle procédure contre les réfugiés politiques italiens en France.
À ce sujet, Enrico Porsia, rédacteur en chef du magazine Amnistia, rappelle dans Le Monde que les Brigades rouges, dont il a été un des responsables, n’étaient pas des délinquants, mais des militants politiques. L’Italie de ces années-là vivait une guerre civile de basse intensité que les combattants d’extrême gauche ont perdue militairement. Ils ne peuvent être jugés si leurs adversaires néo-fascistes ne le sont pas non plus.

Le député travailliste Clive Soley vient à la rescousse de Tony Blair dans l’International Herald Tribune. Il reconnaît que la guerre d’Irak n’avait pas de fondement juridique suffisant et que la question des armes de destruction massive a été exagérée. Mais c’est pour mieux souligner que le droit ne prend pas en compte le devoir d’ingérence face aux dictatures. Le problème, en réalité, est que le devoir d’ingérence ne donne pas le droit de coloniser.
Le prochain bombardement « humanitaire » sera-t-il en Syrie ? Beaucoup militent en ce sens à Washington. Comme pour préparer les esprits, Nir Boms et Erick Stakelbeck de la Fondation pour la défense des démocraties annoncent dans le Jerusalem Post la prochaine chute de Bashar El-Assad. Selon eux, la Syrie est une dictature au bord de l’effondrement. Cependant, pour décrire la cruauté du régime ils évoquent comme seul exemple la répression par le père de l’actuel président du complot des officiers, soutenu par les Frères musulmans et le Front islamique, il y a vingt-deux ans.