Certains croient que les opposants aux invasions de l’Afghanistan et de l’Irak n’ont pas à craindre d’attaque d’Al Qaïda et que si les États l’occupant actuellement retiraient leurs troupes d’Afghanistan et d’Irak, cela mettrait fin au principal casus belli avec cette organisation.
Aujourd’hui, nous sommes moins en sécurité qu’avant car nos troupes sont plus exposées et parce que nous avons déclenché la colère de nombreux musulmans, mais ce n’est pas la question qu’il faut se poser. La vraie question n’est pas de savoir si nous sommes aujourd’hui plus en sécurité qu’avant, mais si nous aurions été plus en sécurité si nous n’avions rien fait. Or, si nous n’avions rien fait, de nombreux attentats que nous avons déjoué en faisant des prisonniers et en saisissant des documents auraient été commis. En Irak, si nous n’avions pas agi, Saddam Hussein serait encore en train de chercher à acquérir des armes de destruction massive et ne parlons pas du sort des Irakiens.
Si on écoute les textes d’Al Qaïda, on découvre que si l’organisation s’oppose à l’invasion de l’Irak ce n’est pas par respect pour la souveraineté du pays ou pour le droit international, mais parce que nous la gênons. Il faut se souvenir que les attaques contre le Kenya et la Tanzanie ont eu lieu avant les guerres contre l’Irak et l’Afghanistan. Depuis, des États qui n’avaient rien à voir avec ces évènements ont connu des attentats. En fait, Ben Laden a affirmé que c’est le retrait des troupes états-uniennes du Liban qui l’a convaincu de la façon de procéder. Aussi, les Espagnols qui espèrent qu’un retrait de leurs troupes d’Irak leur permettra d’être épargnés se trompent. Al Qaïda utilise les bombes pour acquérir une influence géopolitique et teste notre vulnérabilité.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Getting down on our knees would not have kept us safe », par Philip Bobbitt, The Guardian, 20 mars 2004.