L’une des règles tacites de la politique américaine des 40 dernières années est qu’un candidat ne devrait pas être attaqué sur le terrain religieux car il s’agit d’une question personnelle. Toutefois quand cette foi oriente les politiques publiques, il devrait être normal de s’emparer de la question. Quand John F. Kennedy, en 1960, fut le second catholique à se présenter à la présidence, il dût rappeler son attachement à la séparation de l’Église et de l’État et son autonomie vis-à-vis de l’Église catholique.
La candidature de George W. Bush devrait faire l’objet de la même attention, non pas en raison de ce qu’il pourrait faire, mais en raison de ce qu’il a déjà fait. En effet, il a régulièrement tenté de transformer en lois ses préceptes religieux et aucun président n’a montré une telle détermination à afficher sa foi religieuse dans sa façon de gouverner dans toute l’histoire des États-Unis. Notre constitution ne fait pas référence à Dieu, mais l’administration Bush ne cesse de favoriser les éléments religieux les plus conservateurs dans la société américaine.
Les lois de l’administration Bush contre l’avortement sont responsables du retard enregistré par les États-Unis dans le domaine des recherches sur l’embryon. L’administration a également autorisé les groupes religieux à vocation sociale à bénéficier d’aides publiques, y compris ceux qui refusent d’aider les personnes ne partageant pas leur foi. Bush nomme également des personnes qui resteront en place après la fin de son mandat pour continuer à exercer une influence religieuse sur les institutions. C’est le cas de William Pryor, nommé à la onzième cour d’appel des États-Unis sans l’accord du Sénat alors qu’il a tenu par le passé des propos en contradiction avec la séparation de l’Église et de l’État. Bush s’attaque à cette séparation, fierté de notre nation depuis sa création.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« A New Meaning for ’Bully Pulpit’ », par Susan Jacoby, Los Angeles Times, 12 avril 2004.