Beaucoup à gauche ont des sentiments mitigés vis-à-vis d’Ariel Sharon, super faucon et architecte des colonies israéliennes qui est en train de mener la politique prônée par la gauche depuis des années : la séparation avec les Palestiniens. C’est la gauche qui, en Israël, a toujours prôné la solution des deux États, mais les rejets palestiniens et la colonisation ne le permettaient pas.
Le processus d’Oslo a été la première occasion offerte à la gauche israélienne de prouver sa capacité à mettre en place son programme de paix, mais l’expérience échoua car les Palestiniens n’abandonnèrent pas le terrorisme et un extrémiste de droite israélien assassina Rabin. La seconde tentative fut menée par Ehud Barak qui fit une proposition telle que jamais un gouvernement israélien n’en avait fait, mais Yasser Arafat la refusa en espérant obtenir encore davantage. Suite à cet échec, les Israéliens, frustrés par l’Intifada décidèrent de rejeter la gauche dans l’opposition et, malgré la crise économique et les accusations de corruption, continuent de soutenir Sharon, qui reste populaire.
En effet, ils estiment qu’il s’agit du bon homme à la bonne place. Lors d’un sondage de septembre 2003, 75 % des Israéliens soutenaient les « assassinats ciblés » et 59 % le désengagement unilatéral de Gaza. En mars 2004, 84 % des Israéliens soutenaient la construction de la barrière de sécurité et deux tiers estimaient qu’elle devait être construite en fonction des exigences de sécurité et pas en suivant la ligne verte. Sharon fait donc exactement ce que les Israéliens veulent, mais il faudrait aussi qu’il fasse ce dont ils ont besoin, c’est-à-dire un retrait d’une grande part de la Cisjordanie et la constitution d’un État palestinien souverain et économiquement viable. Peut-être que Sharon sera l’homme de la situation et sera le De Gaulle israélien.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« In Israel, only the right can carry out the left’s policies », par Uri Dromi, The Guardian, 23 avril 2004.