Dans sa conférence de presse de la semaine dernière, le président George W. Bush a présenté une vision et un échéancier pour l’avenir de l’Irak qui reprennent les grandes lignes du programme développé par Lakhdar Brahimi. La souveraineté sera transférée le 30 juin à un gouvernement irakien par intérim, le Conseil de gouvernement irakien sera dissout au profit d’un groupe de technocrates de l’ONU et des élections seront organisées avant janvier 2005. Une nouvelle constitution sera adoptée par l’assemblée élue à cette occasion.
Il faut se réjouir que la Maison-Blanche ait enfin clarifié son plan pour l’Irak et que le président ait dissipé les craintes de ceux qui imaginaient avoir un nouveau Vietnam. En outre, un échec aurait des conséquences désastreuses. Il faut toutefois rester réaliste et attendre trop de l’Irak ce qui pourrait avoir des conséquences nuisible. On entend cependant dans les médias des débats sans objet comme un report de la date du 30 juin (qui ne changerait rien en question de sécurité et qui provoquerait une crise), la légitimité du futur gouvernement irakien intérimaire (alors qu’il suffit qu’il soit accepté pour organiser les élections), ou l’internationalisation de la présence en Irak souhaitée par John Kerry (alors que nous avons déjà du mal à conserver la Coalition telle qu’elle est).
Outre ces questions inutiles, nous faisons face à quatre vrais problèmes :
 La sécurité, même si on peut penser qu’une part des violences récentes peut être réglée par l’isolement croissant de Sadr.
 Les milices irakiennes qu’il faudra désarmer et démobiliser au profit des forces de sécurité irakiennes, mais qui résisteront sans doute à toute diminution de leurs prérogatives dans un climat de violence.
 Les relations entre Kurdes et chiites.
 L’intégration des sunnites.
Tout le monde est focalisé sur le 30 juin, mais en réalité, le vrai test sera celui des élections qui suivront et qui seules pourront donner une légitimité au futur gouvernement. Toutefois, il restera faible et nous ne pourrons pas, quoi qu’il en soit, nous désengager tout de suite.

Source
Wall Street Journal (États-Unis)

« The Next Chapter », par Francis Fukuyama, Wall Street Journal, 24 avril 2004.