Pendant 5000 ans, les États ont affirmé avec une constance surprenante que leurs buts étaient de protéger leur population contre les menaces, de répondre à leurs besoins, de rendre la justice et, de façon moins évidente, de protéger la vérité (d’abord la cosmogonie, puis la vérité fondée sur les faits et les connaissances). Ces affirmations permettant de légitimer l’État furent plus cosmétiques que réelles jusqu’à une époque assez récente à cause des inévitables différences d’intérêt entre les États et leurs citoyens.
La démocratie a peu à peu contraint les gouvernement à respecter leurs devoirs. Le développement des médias et de l’accès à l’information a rendu cette obligation plus impérative encore. Pour que cette tendance se poursuive, il faut s’assurer que les médias, devenus plus riches et plus puissants que ceux qui nous gouvernement aient une éthique forte, or, celle-ci fait défaut à quelques exceptions près. Cela provoque un fossé toujours plus grand entre ce que le public croit et les faits. Cela se remarque notamment sur l’Europe et l’immigration.
Le conseil d’Harold Evans aux journalistes était de toujours se demander en écoutant un homme politique : « Pourquoi ce connard me ment-il ? ». Mais sans éthique, cette attitude mène au cynisme et sape la vérité. Le manque d’éthique au cœur de la société d’information s’ajoute au développement de la communication commerciale qui laisse penser qu’il n’y a pas de vérité, seulement des stratégies et des affirmations. Ce n’est pas à l’État à apporter une solution à ces questions, mais il faut une mobilisation de la société civile.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« The media’s lies poison our system », par Geoff Mulgan, The Guardian, 7 mai 2004.