Nous ne devrions pas être étonnés par le traitement réservé aux prisonniers en Irak. La guerre engendre ces comportements car la peur et la colère y sont associées à la puissance incontestée. Seul un effort soutenu de discipline et d’apprentissage des règles de la guerre aux soldats empêche les mauvais traitements. Cela nécessite un engagement des dirigeants politiques et militaires mais malheureusement, ils ne semblent pas trop concernés par cette question.
Je crois que les chefs militaires croient aux règles du droit de la guerre car ils sont conscients du principe de réciprocité que cela implique, mais le gouvernement de Washington semble agir sans conscience morale et sans idée de ce que signifie la réciprocité. Le Pentagone de Donald Rumsfeld a placé les prisonniers irakiens dans les mains de réservistes qui ignorent tout des règles à respecter et de prestataires expérimentés dans les mauvais traitements. Certains réservistes ont cru que c’était leur devoir d’agir ainsi pour affaiblir la résistance des prisonniers.
Ces évènements sont honteux, mais ils ne cadrent que trop bien avec les attitudes et politiques de l’administration Bush. Ces pratiques illustrent la privatisation des armées, une tendance qui masque partiellement le coût de la guerre et mine les structures de responsabilités fiscales des armées. Par ailleurs les prestataires civils bénéficient d’une immunité presque totale. Ces actes montrent également à quel point l’administration Bush méprise le droit dès qu’il entre en contradiction avec ses objectifs. C’est ce qui a entraîné la création du statut de « combattant ennemi illégal », qui prive de droits les détenus. Les prisonniers d’Irak ne sont pas mieux traités bien qu’ils bénéficient théoriquement d’un meilleur statut.
Le gouvernement américain va punir les jeunes soldats responsables de ces actes et peut-être même leurs supérieurs directs, mais nous devons apporter pour notre part un autre type de réponse et de sanction en contraignant les responsables politiques à la démission ou au moins en votant contre eux.
« Pour une sanction par les urnes », par Michael Walzer, Le Monde, 18 mai 2004.
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