Le ministère russe des Ressources naturelles préconise d’abaisser de plusieurs fois le seuil au-delà duquel les gisements doivent être considérés comme stratégiques, selon le quotidien Vedomosti.

Ce qui réjouit tout particulièrement les dirigeants de Gazprom : pour les gisements de gaz le seuil en question serait abaissé de dix fois. Désormais un investisseur étranger ne pourra mettre en valeur tout secteur important du sous-sol qu’en qualité d’actionnaire minoritaire de la société russe.

Le gouvernement a décidé de limiter l’accès des non-résidents aux gisements de gaz de plus de 1.000 milliards de mètres cubes, aux gisements de pétrole de plus de 150 millions de tonnes, aux gisement d’or de plus de 700 tonnes et aux gisements de cuivre de plus de 10 millions de tonnes. L’application de ces critères placerait trois ou quatre gisements de pétrole et de gaz dans la catégorie des gisements stratégiques, estime Valeri Nesterov, analyste de la société de placement "Troïka dialog".

Le projet de loi "Sur le sous-sol" est en souffrance dans l’administration du président sous prétexte qu’il ne protège pas suffisamment les intérêts nationaux : lundi le vice-ministre des Ressources naturelles, Youri Temkine, a annoncé que pour le gaz la barre serait ramenée à 75 milliards de mètres cubes. En ce qui concerne le pétrole rien n’a encore été décidé, mais elle devrait être inférieure à 150 millions de tonnes. "Maintenant les critères (pour le brut) sont fixés en fonction des réserves non pas géologiques, mais extractibles", indique Youri Temkine.

Sur la liste des matières minérales stratégiques en cours d’élaboration il en reste sept qui au rythme actuel de leur extraction seront épuisées dans 35 ans. Outre le pétrole, le gaz, le cuivre et l’or, on y trouve le nickel, le groupe platinoide et les minerais bimétalliques.

Si les critères annoncés sont adoptés, une vingtaine de gisements de pétrole et de gaz figurant dans les fonds de sous-sol non distribués deviendront stratégiques, pense un responsable de Rosneft. Compte tenu des secteurs non prospectés de la Sibérie orientale, du plateau continental de Sakhaline et de l’Arctique, on pourrait parvenir jusqu’à plusieurs dizaines de ces gisements, mais sans aller au-delà de cent, ajoute-t-il.

La correction des critères traduit la volonté de l’Etat de renforcer le contrôle qu’il exerce sur les ressources naturelles, constate Steven Dachevski, analyste de la société de placement "Aton", en qualifiant cette approche de "défense saine des intérêts économiques". Le besoin d’investissements va contraindre les sociétés russes à créer des consortiums avec des non-résidents, estime-t-il en prenant pour référence le développement des projets sakhaliniens et des gisements Chtokman et Ioujno-Rousski.

Source
RIA Novosti (Fédération de Russie)