Sam Nunn et Michele Flournoy assurent que le principal défi du sommet du G8 à Sea Island est de résoudre la question de la menace nucléaire. Depuis trois ans, Washington tente de faire accroire à un danger réel de dissémination des armes de destruction massive de l’ex-URSS et exige leur destruction. Moscou, qui est prêt à en réduire le nombre, feint d’avaliser cette analyse pour obtenir un financement de son cimetière de sous-marins nucléaires et de la rénovation de certaines de ses centrales. Cette tribune se situe dans le cadre d’une vaste opération de propagande du Pentagone, via un réseau d’une vingtaine d’instituts de défense atlantistes coordonnés par une association, la Nuclear Threat Initiative (NTI). Ce programme est financé par les dons de Ted Turner (CNN) et Warren Buffet (Coca-Cola). M. Buffet est également actionnaire de référence du Washington Post qui publie cette tribune.

L’ancien patron de la CIA, Robert M. Gates, dénonce les projets de réforme du renseignement US dans une tribune publiée dans le New York Times puis reprise simultanément par Gulf News et par l’International Herald Tribune. Il note que la campagne électorale présidentielle pousse à des réformes hâtives que l’on ne manquera pas de regretter ultérieurement. Plutôt que d’affaiblir le directeur de la CIA en créant un super-patron du renseignement, il faut renforcer son pouvoir en lui reconnaissant un contrôle effectif des nominations.
Ludmilla Alexeyeva alerte les lecteurs du Washington Post à propos des menaces que Vladimir V. Poutine ferait peser sur les associations de son pays. Selon la présidente du Moscow Helsinki Group, le président russe tente de discréditer les associations de défense des Droits de l’homme en prétendant qu’elles sont financées par l’étranger. Mme Alexeyeva serait plus convaincante si elle n’incarnait précisément pas l’instrumentalisation d’une noble cause par Washington pour déstabiliser ses adversaires. Son association a en effet accepté l’année dernière 100 000 $ de la NED/CIA pour publier un bulletin et assurer la défense légale de prévenus poursuivis pour espionnage.

Jack Wheeler, aventurier anti-communiste et collaborateur de Ronald Reagan, prononce une hagiographie de plus du président défunt dans le Washington Times. Il en profite pour stigmatiser ceux qui le dénigrèrent et qui s’en prennent aujourd’hui, pour les mêmes raisons, à George W. Bush.
Sur le même registre et dans le même quotidien, le coordinateur des faucons Frank J. Gaffney Jr trace un parallèle entre Reagan terrassant le communisme et Bush luttant contre l’islamofascisme, une nouvelle idéologie communiste, mais avec un Dieu.

Élisabeth Guigou et Libor Roucek prononcent dans Libération un nouvel éloge de la « réunification » de l’Europe à vingt-cinq. La terminologie utilisée souligne que leur conception de l’Union européenne vise avant tout à réparer la coupure de la Guerre froide. Or, la nouvelle Union est loin de mettre en pratique le principe de libre circulation des personnes : au Rideau de fer se substituent les limites de l’espace Schengen. C’est donc en toute logique que les deux dirigeants socialistes proposent la création d’une police européenne des frontières, c’est-à-dire de repousser vers l’Est la limite de Schengen.
Shlomo Avineri plaide, quant à lui, dans le Jerusalem Post pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. En ouvrant ce club fermé à un État non-chrétien, on rendrait possible l’adhésion future de l’État juif. Cependant l’analyse d’Avineri comprend deux erreurs : d’une part, il considère toujours la Turquie comme un jouet de l’OTAN, alors que le Parlement s’est opposé à toute participation à l’attaque de l’Irak, d’autre part, il croit à tort que Jacques Chirac est opposé à cette adhésion.

Susan E. Rice et Gayle Smith, qui furent toutes deux responsables de la politique africaine de Bill Clinton, appellent dans The Age au déploiement d’une force de sécurité internationale au Darfour. Elles préviennent qu’un massacre est imminent et qu’il n’y a aucun autre moyen de l’empêcher.