Avec l’insurrection violente continue en Irak, les approximations autour du transfert de souveraineté du 30 juin et la dynamique de la campagne électorale américaine, la pression s’intensifie pour que les États-Unis quittent le pays le plus tôt possible. Mais quelles sont les options si l’Irak ne peut être stabilisé avant ?
Il est possible que nous nous orientions vers la partition, mais que deviendraient alors les 800 000 Kurdes et les deux millions de chiites vivant à Bagdad ? Comment réagiraient les pays voisins, en commençant par notre allié turc ? Une autre possibilité est l’émergence d’un homme fort de bonne volonté et modernisateur, c’est ce que réclame Abdallah de Jordanie. Mais que se passera-t-il s’il n’est pas de bonne volonté ou qu’il s’agit de Moqtada Sadr ? Une autre option est l’internationalisation, mais quel pays pourrait envoyer des troupes au moment où tous ceux qui sont engagés veulent partir ? Enfin, on peut décider que nous partons quoi qu’il en soit en abandonnant le pays, après tout, les Irakiens s’opposent à notre présence.
J’ai mené un groupe de travail avec des Irakiens venant de tous les groupes ethniques, religieux et politiques. J’ai pu voir que les sondages démontrant l’opposition des Irakiens à notre présence ne montrent pas la complexité de leurs sentiments. Parmi ceux avec lesquels j’ai travaillé, tous ne sont pas enthousiastes de la présence de nos troupes et certains pensent que les violences quotidiennes sont un complot des Américains pour renforcer leur emprise sur le pays, mais ils veulent tous un meilleur avenir dans un pays sûr, démocratique et prospère et en cela ils veulent que l’intervention soit un succès.
Si nous partons, le pays sombrera dans le chaos. Les erreurs des États-Unis ne doivent pas nous conduire à en commettre d’autres.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Why We Can’t Leave », par Daniel Serwer, Washington Post, 9 juin 2004.