La Commission d’enquête sur le 11 septembre ayant soigneusement évité d’enquêter sur les attentats s’est rabattue sur l’analyse de la passivité des services secrets. Milt Bearden plaide contre le projet de création d’un poste de super-directeur du renseignement, mieux vaut dépolitiser la fonction de directeur de la CIA. James Bamford démontre que le projet de réforme cache les vrais problèmes : l’incessant va-et-vient des espions du public au privé et vice-versa.
La Commission d’enquête « indépendante » sur le 11 septembre ayant soigneusement évité d’enquêter sur les attentats, s’est rabattue sur l’analyse de la passivité des services secrets. À défaut de faire la vérité sur les faits, elle multiplie les recommandations de réorganisation de la communauté du renseignement.
Ancien agent de la CIA, Milt Bearden plaide dans le Los Angeles Times contre le projet de création d’un poste de super-directeur du renseignement chapeautant les 15 agences compétentes aux États-Unis. Selon lui, ce super-directeur ne parviendra jamais à se faire obéir. Il voit par contre d’un bon œil la nomination, à titre temporaire, de John Mc Laughlin à la tête de la CIA, dans la mesure où il contribuera à dépolitiser cette fonction.
Le journaliste spécialisé James Bamford démontre aux lecteurs du New York Times que le projet de réforme est un arbre qui cache la forêt des vrais problèmes. En premier lieu, il faut s’interroger sur l’incessant passage des espions du public au privé et vice-versa. Quels que soient les organigrammes, il est impossible de former à long terme et de gérer les personnels dans de telles conditions. Sans parler des coûts financiers imprévisibles que cela génère.
Le représentant spécial du président Bush pour les négociations commerciales, Robert E. Zoellick, célèbre dans l’International Herald Tribune les nouveaux accords de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis. Ils augurent de la création d’une grande zone de libre-échange au Moyen-Orient à laquelle se préparent déjà la Jordanie et le Bahreïn. Malheureusement, poursuit-il, ce projet est contrecarré par des syndicats US qui craignent à tort un dumping social. Il n’en reste pas moins qu’il y a une certaine confusion intellectuelle à mettre sur le même plan une zone de libre-échange moyen-orientale, d’une part, et d’autre part le libre-échange entre les États-Unis et le Moyen-Orient.
Les grandes universités états-uniennes ont coutume de solliciter de hautes personnalités pour remettre leurs diplômes de fin d’années aux étudiants méritants ou fortunés, qui les ont gagné ou acheté, selon les cas. C’est l’occasion pour ces invités de prononcer des discours dans lesquels ils décrivent le monde des adultes. Le Los Angeles Times en a reproduit plusieurs.
George W. Bush, s’adressant aux étudiants de l’université luthérienne de la Concorde, évoque la compassion chrétienne qui guide la politique des Etats-Unis et devra pareillement inspirer leur vie future. Une compassion que les hommes ignoraient jusqu’à l’apparition des Écritures saintes et dont les Afghans et les Irakiens sont aujourd’hui les premiers bénéficiaires. Bigre !
Bill Clinton se place, quant à lui, sur un registre plus moral et lénifiant que religieux et missionnaire lorsqu’il s’adresse aux étudiants de la Cornell University. La mondialisation a des bons et des mauvais côtés, il faut privilégier les premiers sur les seconds. En rendant le monde meilleur, ces jeunes gens ne vaincront pas le terrorisme, mais ils défendront leur pays en privant les terroristes de soutiens.
Seul à tenir un discours politique, le financier George Soros explique aux lauréats de la Columbia University que la guerre au terrorisme, conduite sans discernement par l’administration Bush, a fait passer les États-Unis du statut de victime du 11 septembre à celui de bourreau de l’Afghanistan et de l’Irak. Il est temps de rompre avec cette mentalité d’assiégé et de revenir au multilatéralisme dans le cadre des institutions internationales. Les citoyens adultes doivent s’interroger sur la dérive du pays.
À propos de dérive, le professeur Alan M. Dershowitz appelle dans le Los Angeles Times à l’ouverture d’un débat sur la torture. Pour lui, cette pratique est indispensable à l’obtention de renseignements dans des situations d’urgence. Elle doit être autorisée et encadrée par une réglementation précise. Il conviendrait de prendre exemple sur Israël, seul État au monde à avoir légalisé la torture « modérée ». Si notre mémoire est bonne, M. Dershowitz était d’ailleurs à l’époque consultant juridique de l’État hébreu dont il érige la barbarie en modèle.
Enfin, le président chilien, Ricardo Lagos, salue dans Clarin l’unité des Européens au sommet de Guadalajara et souhaite que les latino-américains suivent cet exemple. Le groupe de Rio permet une coordination politique et le Mercosur permet d’envisager même une forme d’intégration. Simultanément, le président Lagos dénonce les insuffisances sociales du Consensus de Washington et préconise un plan de réduction de la pauvreté dans le cadre d’une coopération politique continentale. Cette proposition ne manquera pas de faire l’unanimité, cependant le lecteur se souviendra que c’est précisément le Chili qui a aidé les États-Unis à imposer le Consensus de Washington et la marche forcée vers la Zone de libre-échange des Amériques.
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